Ils sont Américains, Allemands, Roumains et même australiens. En ce mois d’avril 2023, 150 personnes venues du monde entier ont convergé vers la Lorraine sur la trace de leurs ancêtres. Ils sont les descendants des 15.000 Lorrains qui, à la fin du XVIIIe siècle, ont émigré vers le "Banat", une région de l'actuelle Roumanie. On leur promettait l'Eldorado. Mais ils y ont trouvé l'enfer…
Cela ressemble à une fable ou à une épopée hollywoodienne et pourtant "Le Banat", ce lieu vers lequel des milliers de familles lorraines ont émigré au XVIIIe, pour fuir la misère a bien existé. À l’époque, c’est un territoire aux confins de la Hongrie, de la Roumanie et de la Serbie. "Il était en Autriche", raconte Daniel Hilaire, le Président de l'association "Les Lorrains du Banat". "À l’époque, ces familles modestes ne sont pas malheureuses. Certains villages comme Arracourt sont même surpeuplés. C’est la période à laquelle des émissaires de Marie-Thérèse d’Autriche proposent judicieusement de rejoindre le Banat. Elle promet aux familles des terres, une maison, du matériel agricole de base et une exemption fiscale d’au moins trois ans."
Après une route difficile à pied et en carriole, finalement, ce n’est pas un petit coin de paradis que trouvent les premiers migrants lorrains, mais des marécages. L’humidité est difficile à supporter et les épidémies emporteront beaucoup d’entre eux. Il faudra trois générations pour que ces familles se fondent dans la population. Vers 1890, une partie des descendants de ces Lorrains du Banat émigre à son tour. Cette fois direction les Etats-Unis.
Avril 2023, retour à Lunéville
250 ans plus tard les descendants de ces familles, qui aujourd’hui sont Américains, Allemands, Autrichiens, Australiens ou encore Roumains font le voyage en sens inverse.150 personnes environ dont une douzaine d’Américains sont arrivées au château de Lunéville en ce jeudi 13 avril 2023 pour une rencontre avec les descendants des familles lorraines. Le château accueille également une exposition qui présente des archives historiques sur cet exil. De quoi ravir les amateurs d’histoire.
L’une de nos équipes avait réalisé un reportage en deux épisodes sur ces archives :
Episode 2 :
Les Américains adorent chercher leurs ancêtres sur les sites de généalogie. Nous faisons les recherches dans l’autre sens. À un moment, on finit par se croiser."
Daniel Hilaire, ¨Président de l'association "Les Lorrains du Banat"
"L'objectif est d'établir des liens culturels avec cette région, autrefois "le Banat", aujourd’hui "Voïvodine ", et pourquoi pas un jumelage avec la ville de Timișoara en Roumanie" indique Michel Remillon, le vice-président de l'association.
Vendredi 14 avril 2023, un car emmène tout ce petit monde en promenade dans les rues des villages de leurs ancêtres, en particulier le secteur d’Arracourt. "Au XVIIIe siècle, 16 familles, soit 80 personnes sur les 800 que comptait le village, sont parties. On imagine l’impact d’un tel départ aussi massif dans un petit village." Pour retrouver les descendants de ces familles, rien de tel que la généalogie. "Les Américains adorent chercher leurs ancêtres sur les sites de généalogie. Nous faisons les recherches dans l’autre sens. À un moment, on finit par se croiser." 250 ans plus tard, la boucle est bouclée.
Pour en savoir plus sur les "Lorrains du Banat", vous pouvez lire l'ouvrage qui a été consacré à cet épisode méconnu de l'histoire lorraine publié aux éditions Gérard Louis.