INSOLITE. Un robot cueilleur de mirabelles, testé cet été dans des vergers de Lorraine

Les mirabelles de Lorraine seront au rendez-vous cet été et avec elle un petit nouveau dans les vergers de la coopérative Végafruits. Syracus, version prototype, un robot d’aide à la récolte entre en action, pour être tester. Il est le fruit d’une coopération entre la coopérative et Alerion une jeune société de Nancy.

Avec Syracus, un robot d'aide à la récolte de mirabelles, c’est une petite révolution qui se prépare dans les vergers de la coopérative Vegafruits en Meurthe-et-Moselle. La jeune société Alerion, basée à Nancy, développe en partenariat avec la coopérative : Syracuse, un petit bijou de technologie. Le premier prototype sera testé cet été dans les vergers pour la récolte de 2024 qui devrait débuter dans quelques jours dans les vergers de Lorraine.

"L’idée de départ était celle de Bruno Colin, le directeur précédent de la coopérative", nous explique Anne-Sophie Didelot, présidente et cofondatrice d’Alerion. "Il s’agissait d’anticiper les défis à la fois du changement climatique et du manque de main-d’œuvre dans les années à venir."

Ce que confirme Arnaud Colin, le nouveau directeur. "On essaie d’anticiper les besoins qu’aura la filière arboricole dans 5 ou 6 ans. La cueillette est de plus technique. On a besoin d’avoir une qualité du fruit dès le verger. Si on veut s’adapter au changement climatique et à ses conséquences, il faut trouver des solutions pour accompagner le travail humain. Le robot peut permettre de récolter les fruits, les mirabelles en l’occurrence en les triant de façon très précise.

Le robot peut nous aider à conserver la qualité de la cueillette. Nous sommes sur un prototype pour le moment. Mais, on est heureux de pouvoir le tester en conditions réelles."

Des données précieuses 

Végafruits est une coopérative, qui a toujours été intéressée par l’innovation. Plusieurs dispositifs déjà utilisés en témoignent comme la trieuse optique. Arnaud Colin va plus loin, il veut explorer pour l’utiliser le domaine des données. "On pense, à tort, que les données sont réservées à l’industrie. Sur nos lignes aujourd’hui, on a de plus en plus de caméras qui permettent de caractériser le fruit. Cela nous permet de savoir précisément ce que chaque verger est capable de produire en matière de qualité, de problématique de conditionnement. Plus vite, on a l’information, mieux, on peut réagir pour garantir de la qualité pour le client.

Le robot va nous aider sur ce point. On aura des informations sur quel verger est plus ou moins sensible à tel insecte ou tel défaut. Quels sont les vergers les plus touchés par les conditions météo. On pourra ajuster très tôt au niveau du verger et éviter des dépenses inutiles.

Il est très difficile à l’œil nu de détecter les problèmes de fruit "non triable", par exemple en raison de la grêle. Le robot lui devrait pouvoir le faire plus facilement avec sa caméra. On pourra destiner ces fruits à l’industrie pour préparer de la compote. Plus vite, on le sait, plus vite, on s’adapte et mieux économiquement, on s’y retrouve". 

Il sait reconnaître une mirabelle et plus important encore, il sait reconnaître une mirabelle mûre.

Anne-Sophie Didelot

Un robot Chenillard aux sens aiguisés grâce à l'IA

Syracus, qui pour l’instant est un prototype, est un robot chenillard "pour pouvoir se déplacer seul dans les vergers même en pente. Il doit pouvoir s’adapter à des arbres en gobelet. Il doit cueillir sans casser sans écraser. C’est bien la robotique qui doit s’adapter au verger." Il est équipé d’un bras robotique et de caméras. "Il sait reconnaître une mirabelle et plus important encore, il sait reconnaître une mirabelle mûre. Si une seule mirabelle dans une grappe est touchée par un parasite. Il renoncera à la totalité de la grappe. Pour Végafruits, une seule mirabelle contaminée dans la cagette, c’est toute la cagette qui part à la poubelle. Nous l’avons entraîné en lui montrant des images." C’est ce qu’on appelle le machine learning, ou encore l’intelligence artificielle. "On a travaillé sur le parasite le plus commun. Mais, il y en a d’autres. Il faut donc continuer à lui apprendre à les reconnaître."

Aujourd’hui, la cueillette dans les vergers de mirabelles se fait selon deux méthodes. La récolte mécanique est plutôt destinée à l’industrie alors que la récolte manuelle est destinée aux fruits de bouche pour être vendue aux consommateurs en grande surface, par exemple. Qu’en sera-t-il pour les hommes et les femmes qui travaillent dans ces vergers. Pour Arnaud Colin, "on aura toujours besoin d’eux pour la cueillette et pour les autres étapes de la production". Anne-Sophie Didelot, elle, évoque les perspectives de saisons décalées à l’avenir avec le changement climatique. "Si le producteur se retrouve à déclencher une cueillette du jour pour le lendemain, le robot pourra être la solution pour ne pas perdre ses produits". 

10 à 20 robots dans cinq ans 

La recherche et le développement de Syracus devraient encore prendre deux ans. Ce projet, a bénéficié du financement de l'Union européenne via le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural, géré par la Région Grand Est pour les deux premières années en plus de celui de la coopérative. 

Végafruits espère déployer entre 10 et 20 robots dans cinq ou six ans auprès de ses plus de 200 producteurs. Syracus pourrait cueillir des mirabelles et plus largement tous les petits fruits avec un noyau comme les cerises ou encore les quetsches.  

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