Journée internationale de l'épilepsie : "on diagnostique mieux la maladie car on a des moyens très pointus"

La Journée internationale de l'épilepsie a lieu lundi 14 février. Une maladie neurologique chronique méconnue. Laurent Koessler est un neuroscientifique spécialiste de l'épilepsie au CNRS à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il répond à nos questions.

Lundi 14 février 2022 c'est la Journée internationale de l'épilepsie. Un évènement qui a été lancé en 2015. Il s'agit de sensibiliser le grand public sur cette maladie neurologique chronique qui touche 50 millions de personnes dans le monde.

Laurent Koessler est chargé de recherche en neuroscience. Il travaille sur l'épilepsie depuis vingt ans. Il répond à nos questions sur les origines de la maladie, les méthodes pour la diagnostiquer et sur ses recherches menées au CNRS de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il a publié une thèse sur le développement de nouveau capteur de l'activité électrique du cerveau. 

L’épilepsie peut-elle nous frapper à n’importe quel âge ?

 - Si on peut considérer que le nombre de malades augmente c’est tout simplement par le biais du vieillissement de la population. En effet, on a constaté qu’il y avait un pic au moment de l’enfance et aussi un pic au moment de la vieillesse. Jusqu’à l’adolescence car c’est le moment de la maturation du cerveau, le moment où se font les connexions cérébrales. Et ce qui est vrai c’est que la survenue est beaucoup moins fréquente chez un adulte de 25/30 ans. L’autre période où la maladie apparait fréquemment c’est pendant la vieillesse. Une personne âgée à son cerveau qui commence à décliner. Comme pour la maladie d'Alzheimer.

"L'épilepsie : parlons-en !"

L'épilepsie reste une maladie neurologique chronique très fréquente. La deuxième pathologie, derrière la migraine. Ainsi, les retards de prise en charge peuvent entraîner de graves séquelles pour le patient. Dans près de 30% des cas, selon le magazine Sciences-et-Avenir, aucun traitement médicamenteux ne parvient  à équilibrer la maladie. 

Cette maladie est-elle difficile à diagnostiquer ? 

- Aujourd’hui on diagnostique mieux la maladie car on a des moyens très pointus. On a les mots pour donner des informations et ainsi on peut même effectuer une carte graphique précise du cerveau. On est capable de tracer le suivi d’une crise d’épilepsie dans le cerveau et avec l’I.R.M. d’un patient on peut localiser les aires exactes de la crise et comment elle va se loger. Ainsi, en fonction des zones cérébrales on peut mettre en place un suivi particulier. L’autre période où la maladie apparait fréquemment c’est pendant la vieillesse. Une personne âgée à son cerveau qui commence à décliner. C’est le vieillissement de la population.

On peut effectuer une carte graphique précise du cerveau. On est capable de tracer le suivi d’une crise d’épilepsie dans le cerveau et avec l’I.R.M. d’un patient on peut localiser les aires exactes de la crise et comment elle va se loger.

Laurent Koessler, neuroscientifique spécialiste de l'épilepsie.

 

L'épilepsie est une maladie neurologique chronique caractérisée un dérèglement soudain et transitoire de l’activité électrique du cerveau. Une crise peut-elle survenir de façon ponctuelle et isolée ?

- Oui. Mais les crises sont différentes d’un cerveau à l’autre. Il existe une grande variabilité d’une épilepsie à une autre. Car chaque cerveau dans la population est unique. On a même constaté que la meilleure technique n’est pas forcément l’I.R.M. mais plutôt l’électroencéphalogramme (EEG). Une technique de base qui existe depuis le 20ème siècle. Avec un EEG on est sûr de ne pas passer à côté de la maladie. Il faut bien préciser que ce n’est pas une maladie de l’anatomie mais une maladie du fonctionnement.

Dans cette vidéo (ci-dessous) on peut voir une localisation précise d'une crise d'épilepsie. En bas on voit l'activité électrique du cerveau et en haut le trajet de cette crise dans l'IRM. (Document fourni par Laurent Koessler).

Souvent considérée comme une maladie psychiatrique, les malades atteints d'épilepsie cache leur souffrance. Selon vous, il faut changer les regards ? 

- C'est vrai. L’épilepsie n’a pas une bonne image, alors que 80 % des symptômes sont parfaitement invisibles. Certains dissimulent même leur épilepsie. C’est pour ça qu’une journée de sensibilisation est indispensable.

L’épilepsie n’a pas une bonne image, alors que 80 % des symptômes sont parfaitement invisibles.

Laurent Koessler.

Peu médiatisée, l'épilepsie concerne pourtant près de 700.000 personnes en France,  c'est à dire 1% de la population. Pourtant, elle reste mal considérée et insuffisamment prise en charge. Dans une tribune au journal le Monde des patients et leurs familles ont exprimé leur colère dans un manifeste publié au mois de novembre. Selon eux "l’épilepsie reste le parent pauvre de la neurologie".

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