"La flûte enchantée" de Mozart : une occasion facile de regarder enfin un opéra

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Extrait de "la flûte enchantée" ©France Télévisions

Enregistré en septembre 2021 à Nancy, "La flûte Enchantée" de Mozart, version Anna Bernreitner, par l'Opéra national de Lorraine, a de quoi vous ravir. Que vous soyez amateur d'opéra ou non. Voici trois bonnes raisons d'entrer dans l'univers lyrique par le biais cette œuvre aux multiples niveaux de lecture.

Il était une fois La flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Composé et présenté dans les derniers mois de la vie du génial musicien, cet opéra fait partie de votre culture personnelle. Et si vous pensez que : "Non, non, non, l'opéra moi, connais pas !", permettez-moi de vous dire que "Si, si, si, celui-là, vous le connaissez", tout au moins l'air de la Reine de la Nuit que vous trouvez ci-dessus.  

Alors ? J'avais raison ou pas ?

Ceci étant clarifié, vous êtes peut-être désormais curieux de connaître l'écrin qui contient ce bijou vocal. Savez-vous au moins ce que cet opéra raconte ?

La version mise en scène par Anna Bernreitner, avec l'Ochestre et le Chœur de l'Opéra national de Lorraine, sous la direction musicale de Bas Wiegers est une occasion en or pour découvrir ce classique du genre.

Voici trois bonnes raisons de se laisser tenter par La flûte enchantée de Mozart. À retrouver en intégralité ici

 1/ Parce que vous aimez la pop culture

Et que la metteuse en scène et son équipe lumière, décor, costumes et animations s'en sont donné à cœur joie. Ou bien c'est un peu par hasard, mais du genre qui fait bien les choses. Tour à tour, au détour d'un costume ou d'un élément de décor, vous croirez reconnaître nombre de personnages de la pop culture contemporaine. C'est dire à quel point l'œuvre demeure intemporelle.

Belle et charmante jeune fille, plus blanche que la neige

Emanuel Schikaneder

"La flûte enchantée"

Je vous invite à trouver vos propres références au cours des deux actes de l'opéra. À vous de trouver des allusions réelles ou imaginaires, à des œuvres animées de Disney et sa Blanche-Neige par exemple, ou de Pixar. L'héroïne est qualifiée de "Belle et charmante jeune fille, plus blanche que la neige", Pamina est en effet une version bavaroise, pâlichonne et délavée de son illustre cousine.

Des références à des contes de Perrault (version Demy) ou de Grimm ou même un effet Stars Wars et une tentative de "Kamehmeha", voire un zeste de Miyazaki. Un soupçon de Bisounours et une goutte bleue-schtroumpf. Sans oublier un héros, Tamino, aux vagues airs d'un Petit Prince (de Saint-Exupéry) qui aurait grandi, quelque part sur sa planète, avec son mouton sur sa tête. Le tout mâtiné d'une sous-couche d'Alice au pays des Merveilles. Mélangez bien et profitez.

Un régal par petites touches visuelles, distillées dans des teintes pastel, qui contrastent avec la noirceur des décors fantomatiques, où règne la Reine de la Nuit et son diadème lunaire qui lui fait des cornes démoniaques. Haha.

2/ Parce que vous aimez les spectacles pour la famille

Vous êtes au bon endroit. Car La flûte enchantée, comme tout spectacle familial qui se respecte, possède plusieurs niveaux de lecture.

Si de prime abord, on n'y entend qu'un conte pour enfants sur l'amour impossible entre un jeune prince et une belle princesse, sur les épreuves que les jeunes doivent surmonter pour être réunis ; on peut y voir aussi des approches plus complexes. Est-ce un conte philosophique sur l'influence des parents, une satire sociétale sur le risque de la désinformation et des fake news ? "Si on fermait la bouche de tous les menteurs par un (tel) cadenas, la haine et la calomnie feraient place à l'amour et à la fraternité."

Fais sonner tes clochettes !

Les trois enfants

La flûte enchantée

Est-ce enfin une légende, truffée de métaphores pour les adeptes de la franc-maçonnerie ? Avec un temple, des épreuves et des initiés pour guides, sait-on jamais ? Et quelques dieux égyptiens qui se battent en duel ; les symboles, toujours les symboles.

Enfin, mon petit doigt me dit que le coquin Mozart, et son acolyte Emanuel Schikaneder, qui a rédigé le livret de l'opéra, ont peut-être voulu glisser, ici et là, quelques subtiles et néanmoins grivoises allusions. "Fais sonner tes clochettes, elles feront venir ta petite femme."

3/ Parce que vous êtes féministe, tendance wokiste

Alors, vous serez d'abord gêné aux entournures par les formules à l'emporte-pièce, prononcées par les personnages : tandis que le prince Tamino, vaguement niais, découvre l'amour "Mon cœur connait une émotion nouvelle... Comme un feu, elle me dévore", la princesse Pamina, tresse en avant, du haut de sa tour, attend patiemment d'être "délivrée" (... libérée). Non mais sérieux, là ? Et quand Sarastro, énigmatique personnage, lance à la princesse : "Un homme doit guider votre cœur. Sans l'homme, la femme s'écarte trop du domaine qui est le sien", on croit bien qu'on va s'étrangler avec notre salive. Enfin, dernier conseil reçu par le charmant prince "Sois un homme et tu vaincras". On frise la crise d'apoplexie. Sans oublier les gentils d'un côté et les méchants de l'autre…

Sauf que… Il faut se méfier des apparences et plus l'intrigue avance, plus on se détend côtés idées reçues. L'indice, c'est déjà la gaité des costumes, où tous et chacun rivalisent de froufrous, de collerettes, de nœuds papillon et de perruques à étages. Tendance 18ᵉ revisité Andy Warhol. La princesse, audace suprême, porte même des pantalons sous les pans de sa robe. 

Mais c'est son attitude, forte, déterminée qui scelle le destin de tous les personnages. Son amour pour le prince et son non-consentement affirmé, clairement exprimé, pour l'autre qu'on lui promet. Ainsi sa fermeté met-elle tout le monde d'accord lorsqu'elle s'exclame "les jeunes filles ne sont pas des marchandises à offrir en cadeau. Née pour être libre, je brave quiconque veut me forcer à quelque chose." Elle vient à bout des stéréotypes : "une femme qui ne craint ni la nuit, ni la mort est vraiment digne d'être initiée." Ouf ! l'honneur est sauf.

Toutes les infos : 

LA FLÛTE ENCHANTÉE Die Zauberflöte
Opéra en deux actes, Créé au Theater auf der Wieden à Vienne, le 30 septembre 1791 

Livret : Emmanuel Schikaneder 

Musique : Wolfgang Amadeus Mozart 

Nouvelle production de l’Opéra national de Lorraine - En coproduction avec l’Opéra Orchestre National Montpellier 

Direction musicale : Bas Wiegers 

Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Lorraine 

Mise en scène : Anna Bernreitner 

Avec :

Christina Gansch (Pamina) 

Christina Poulitsi (La Reine de la Nuit) 

Susanne Hurrell (Première Dame) 

Ramya Roy (Deuxième Dame) 

Gala E Hadidi (Troisième Dame) 

Anita Rosati (Papagena / la Vieille femme) 

Jack Swanson (Tamino) 

David Leigh (Sarastro) 

Michael Nagl (Papageno) 

Mark Omvlee (Monostatos) 

Christian Immler (L’Orateur)

Les Trois enfants (Benjamin Gegout, Pauline Greco, Nalia Girodon, Jeunes chanteurs du Conservatoire régional du Grand Nancy) 

Les Créatures (Benoît Andrieux, Virginie Benoist, Antonin Cloteau, Anna Moriot, Pauline Zaia) 

Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Lorraine 

Décors, costumes et animations : Hannah Oellinger - Manfred Rainer

Lumières : Olaf Freese 

Chef de chœur :Guillaume Fauchère

Assistanat à la mise en scène : Olga Poliakova

Assistanat à la direction musicale : Chloé Rooke

Assistanat aux animations vidéo : Stefan Wirnsperger

Réalisation des costumes : Ateliers de l’Opéra national de Lorraine

Réalisation des décors : TecnoScena (Tivoli)

Création des surtitres : Richard Neel

Editions des partitions : Neue Mozart-Ausgabe, Bärenreiter-Verlag Verlag Kassel, Basel, London, New York, Praha

Chefs de chant : Solange Fober, Thierry Garin, Vincent Royer

Chœur : Heera Bae, Valérie Barbier, Stéphane Bertolone, Bertrand Cardiet, Xiao Lun Chen, Benjamin Colin, Dania Di Nova, Maxime Duché, Patricia Garnier, Marco Gemini, Joanna Hinde,  Inna Jeskova, Yongwoo Jung, Wook Kang, Jinhyuck Kim, Yong Kim, Michael Kraft,  Ill Ju Lee, Aline Martin, Christophe Sagnier, Julie Stancer, Anja Stegmeier, Lucy Strevens, Julien Traniello, Barbara Wysokinska, Ju In Yoon, Soon Cheon Yu, Jue Zhang,

Musiciens : Marcel Artzer, Antoine Berquet, Christine Bianco, Florence Bouillot-Calcagno, Athena Bousquié, Thomas Bousquié‚ Andrea Calcagno, Laurent Causse, Solène Chevalier, Rémy Chopinez, Pierre Colombain, Nathalie Contet, Sylviane Crepey, Anne-Cécile Cuniot, Jérémie Da Conceicao, Catherine Delon-Pierre, Ludovic Derrière, Annabelle Dodane, Sylvain Durantel, Justin Frieh, Elena Frikha, Benoit Froissard, Morgan Gabin, Sonia Gasmi, Akiko Godefroy, Marine Grosjean, Frédérique Gruszecki, Florine Hardouin, Misa Hasegawa, Gaspar Hoyos, Marie Lambert, Noémie Lapierre, Sophie Laurens, Béatrice Lee, Marc Loviconi, Lionel Lutz, Hortense Maldant-Savary, Violaine Manfrin, Steve Marques, Jeanne Maurin, Bertrand Menut, Patricia Midoux, Philippe Moinet, Geneviève Monségur, Diane Mugot, Marie-Christine Muhlmeyer, François Oechslin, Benoît Ory, François-Xavier Parison, Laurane Petin, Aurélien Pouzet-Robert, Martin Rodriguez, Olivier Sauvage, Maria Skriabina, Loïc Sonrel, Aurélien Tanazacq, Eric Tardieu, Vassili Touliankine, Hélène Van Acker, Sylvie Villedary, Ziyu Zhang

Enregistré à Nancy - Opéra national de Lorraine

Article déjà publié le 24 juin 2022

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