Législatives 2022 : pourquoi la Macronie s'impose dans le Grand Nancy

Les circonscriptions de Nancy 1 et Nancy 2 reviennent à des candidats macronistes. Au final, Carole Grandjean rempile et Emmanuel Lacresse s'impose. Les candidats de gauche y croyaient pourtant dur comme fer mais rien ne s'est passé comme prévu. Explications.

A Nancy 2, jusqu’aux derniers bulletins de vote dépouillés, le suspens a été intense. Et au final, c’est Emmanuel Lacresse qui l’emporte avec seulement 165 voix d’avance face à son adversaire, une figure locale, le maire socialiste de Vandoeuvre, Stéphane Hablot investi par la Nupes.

Certes, la circonscription était jusqu’alors dans le giron du centre droit avec Laurent Garcia (Modem) qui avait laissé la place en janvier 2022 à Pascale Cesar après avoir été réélu à la mairie de Laxou, mais comment expliquer la victoire d’un quasi inconnu ?

C’est un parachutage réussi car le candidat avait le profil qui correspondait à l’électorat de centre droit de la circonscription

François Laval, directeur de Sciences-Po Nancy

Emmanuel Lacresse est certes un enfant du pays. Il est né à Laxou et il a fait une partie de ses études à Vandœuvre-lès-Nancy. Sa famille et ses amis sont ici comme il aime à le rappeler, mais c’est aussi un pur produit de l’ENA et l’ancien chef de cabinet adjoint d’un certain Emmanuel Macron à Bercy. Le quinquagénaire a d’ailleurs toujours joué la carte de la proximité présidentielle, avec une affiche de campagne où il apparait clairement aux côtés du chef de l’état. Un affichage critiqué par certains mais qui, au final, s'est révélé être un pari gagnant.

Pour François Laval, directeur de Sciences-Po Nancy, plusieurs facteurs expliquent cette victoire : "c’est un parachutage réussi car le candidat avait le profil qui correspondait à l’électorat de centre droit de la circonscription en particulier à l’ouest. Il était certes quasi inconnu mais il a donné l’image d’un homme neuf. Ça a joué en sa faveur et puis il n’y pas eu de mobilisation pour Stéphane Hablot à Vandœuvre-lès-Nancy dans l’entre-deux-tours. Certains ont peut-être compris que son élection l’obligerait à quitter son poste de maire, ce dont ils ne voulaient pas".

A Nancy Ouest, les électeurs ont majoritairement voté Emmanuel Lacresse. A Heillecourt, Houdemont et Ludres, l'énarque était déjà en tête au premier tour. Une dynamique en faveur de la majorité déjà observée lors des élections présidentielles. Les électeurs de Nancy 2 avait en effet placé Emmanuel Macron largement en tête avec 71,77% des voix.

Le dialogue avec les autres formations politiques, en particulier avec Vincent Manfredi pour l'UDI, qui avait remporté 8,33% des suffrages au premier tour, a sans doute également compté dans cette élection. Son adversaire avait peu de réserves de voix à l'issue du premier tour, seuls les abstentionnistes pouvaient contribuer à le faire élire.

L'influence des maires

On l’a découvert très humain, très à l’écoute, loin de l’image de l’énarque que certains voulaient véhiculer

Christophe Choserot, maire de Maxéville, membre du bureau national LREM

Christophe Choserot, maire de Maxéville et membre du bureau national LREM, a été le premier à rencontrer Emmanuel Lacresse il y a trois mois. "C’est Richard Ferrand (le président de l'Assemblée nationale battu hier soir) qui me l’a confié" raconte-t-il, "depuis, je l’ai au téléphone tous les jours et je l’ai beaucoup accompagné pendant cette campagne. J’ai tout de suite vu qu’il avait une connaissance parfaite des institutions et du fonctionnement de l’Assemblée nationale mais également une connaissance des dossiers régionaux et métropolitains. Il est parti de loin mais il a fait une vraie campagne de terrain, il a usé sa vie".

Emmanuel Lacresse a pu s’appuyer sur un réseau de maires acquis à sa cause, il l’a dit dès le soir de sa victoire, ce que confirme Christophe Choserot : "les maires l’ont beaucoup soutenu, la maire de Laxou Laurent Garcia (ancien député de cette circonscription ndrl) dès le départ. On l’a découvert très humain, très à l’écoute, loin de l’image de l’énarque que certains voulaient véhiculer. Il est apparu comme un candidat sérieux et il a bien choisi sa suppléante, Sonia Sadoune, une femme très bien implantée, urgentiste au CHRU. Ca a fonctionné de justesse mais ça a fonctionné".

A Nancy 1, prime à la sortante

A Nancy 1, le contexte est un peu différent mais le résultat est le même. C’est aussi la candidate macroniste qui l’emporte avec 53,43% des voix, mais cette fois l’écart avec son rival Nupes-LFI Nordine Jouira est plus marqué.

Mon implication sur les territoires et à l'Assemblée Nationale a été reconnu

Carole Grandjean, réélue députée à Nancy 2

Pour François Laval, là encore c’est le contexte sociologique qui joue : "cette fois, c’est la prime à la sortante qui a fonctionné. Elle avait d’autant plus de chances de gagner qu’elle avait en face d’elle un candidat LFI. Nancy est une ville de centre-gauche désormais, pas une ville insoumise. Avec Valérie Beausert-Leick en face (l’ancienne présidente socialiste du CD 54 qui n’a pas été "choisie" par la Nupes), ça aurait été beaucoup plus compliqué pour Carole Grandjean. C’était un mauvais pari de LFI".

Selon Christophe Choserot, c'est l'ancrage de la députée qui lui a permis de surmonter une forme d'anti-macronisme. Carole Grandjean ne disait pas autre chose hier soir après l'annonce de sa victoire : "mon implication sur les territoires et à l'Assemblée Nationale a été reconnue. Demain, la méthode sera différente, nous aurons une majorité moins forte, nous devrons travailler avec les autres représentations politiques".

Pour les deux députés la tâche s'annonce rude dans une assemblée fragmentée et des groupes d'opposition puissants prêts à en découdre.

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