Les jeunes agriculteurs tiennent salon à Nancy, "aujourd’hui s’installer c’est comme un coup de poker"

Pendant trois jours, le syndicat agricole des jeunes agriculteurs de Meurthe-et-Moselle investit le cours Léopold qu’ils transforment en "Ferme de Stan". Les jeunes agriculteurs entendent communiquer directement sur leurs métiers avec les consommateurs urbains, et témoigner de la réalité de leur métier à l’heure des dérèglements climatiques.

Même avec un peu d’imagination, le cours Léopold peine encore à ressembler à une ferme. Pourtant, les jeunes agriculteurs de Meurthe-et-Moselle ne ménagent pas leur sueur pour s’installer au cœur de Nancy, avec leurs engins et leurs animaux. Les tentes sont montées, les enclos délimités et recouverts de paille, on attend les bêtes à l’ombre des marronniers.

S’installer comme jeune agriculteur, c’est comme un coup de poker, parce qu’on ne sait pas à quoi on devra faire face dans dix ans.

Rémi Mercier, jeune agriculteur installé à Saint Germain (Meurthe-et-Moselle)

Rémi Mercier le reconnaît, il est fatigué. Avec son père il achève la construction d'un nouveau bâtiment pour ses vaches. Ils mettent la main à la pâte pour économiser sur la main-d’œuvre. Lorsqu’il s’est installé à Saint-Germain en 2020, le jeune agriculteur avait déjà en tête qu’il allait devoir composer toute sa vie avec le dérèglement climatique. "Je suis en poly cultures élevage, je vends le lait de mes vaches, et passé 25 degrés, je sais qu’elles souffrent" explique le grand brun. Il a donc décidé de leur construire un nouveau bâtiment, mieux adapté aux nouvelles conditions météo : "on ne peut pas se contenter de mettre des brumisateurs, il fallait une solution plus conséquente. Ce nouveau bâtiment sera complètement isolé, avec un système de ventilation adapté. Les bêtes y seront mieux, l’été comme l’hiver".

Coût de l’investissement : 800.000 euros. Du lourd pour le jeune paysan : "mais on n’a pas le choix, on doit s’adapter. Les contraintes climatiques on les a en tête en permanence. Investir et s’installer comme jeune agriculteur, c’est comme un coup de poker, parce qu’on ne sait pas à quoi on devra faire face dans dix ans". Rémi Mercier a également entrepris de recouvrir toutes les toitures de panneaux solaires : "on aura une installation de 500 kilowatts, on pourra vendre notre électricité, mais aussi couvrir entièrement notre consommation" . Cette installation permettra également de faire tourner à l’électricité le robot d’alimentation des bêtes qu’il a acheté : "7000 euros de fuel économisé sur un an".

Prise de conscience

Ce revenu supplémentaire des panneaux, le jeune homme de 25 ans ne crache pas dessus : "on en a besoin pour vivre aujourd’hui. Ce qu’on gagne avec le lait ne suffit pas". Reste l’eau, une ressource qui se raréfie : "on puise dans la nappe de la Moselle, donc on est mieux loti que les autres qui comptent sur des ruisseaux… Mais on est conscient que la ressource est précieuse. Une vache en été consomme 150 litres d’eau par jour" explique l’agriculteur. Il est, avec son père qui est installé à côté, le plus gros consommateur d’eau de sa commune. Il le sait et l’assume : "c’est le prochain gros chantier qu’on va mener".

Cette prise de conscience des enjeux climatiques actuels, tout le monde ne la partage pas, et Rémi Mercier le reconnaît. "Le métier est difficile mais passionnant" conclue Solène Duperis, coordinatrice de la "Ferme de Stan".

En Meurthe-et-Moselle, ils sont une trentaine à s’installer tous les ans, "le chiffre est stable" selon Louise Lanno du point accueil installation, "et on constate même que de plus en plus de gens se renseignent sur l’installation. Avec l’effet Covid, on a par exemple beaucoup de demande pour du maraîchage, cette année cinq agriculteurs se sont installés dans cette activité, et très peu venaient du milieu agricole".

La "Ferme de Stan" se tient cours Leopold à Nancy du vendredi 16 au dimanche 18 juin de 10h à 19h. Le programme complet des stands et des animations se trouve ici.

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