Livraisons à vélo : le maire veut des zones blanches pour empêcher les regroupements des livreurs

Le maire de Nancy annonce mardi 27 août 2024 avoir informé le procureur de la République "des troubles récurrents à l’ordre public" dus aux regroupements des livreurs à vélo. Il demande aux plateformes d'instaurer des zones blanches dans certaines rues de la ville.

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Le maire de Nancy (Meurthe-et-Moselle) Mathieu Klein, annonce mardi 27 août 2024 avoir informé le procureur de la République pour les faits suivants : "des troubles récurrents à l’ordre public ont été signalés dans plusieurs rues du centre-ville de Nancy". Il souhaite que les infractions soient sanctionnées.  

Boosté par les confinements pendant la pandémie de Covid 19, le secteur de la livraison de repas à domicile s'est beaucoup développé en ville, et Nancy n'échappe pas à la règle. Ce développement exponentiel entraîne, selon la municipalité, des troubles à l'ordre public dans certaines rues. Elle demande aussi aux plateformes qui opèrent dans la métropole, de prendre des mesures techniques pour limiter les regroupements de livreurs. 

Stationnement et propos sexistes

Le maire de Nancy précise, dans un communiqué, avoir contacté les plateformes, dont les deux plus importantes : Uber Eats et Deliveroo, à propos des problèmes engendrés par les regroupements de livreurs sur la voie publique. Morand Perrin, conseiller municipal, délégué aux mobilités actives, explique : "des problèmes nous ont été signalés par des commerçants du quartier Saint-Nicolas à la fin du mois de juin, à savoir, des regroupements dans le quartier, accompagnés parfois d'injures sexistes à l'encontre des passantes. Cela nous a décidé à solliciter auprès des plateformes la mise en place de zones blanches de façon à décourager le stationnement dans ces espaces".

Zones blanches interdites aux livreurs

Contactée par nos soins, la plateforme Uber Eats, numéro 1 de la livraison à domicile à Nancy confirme via un porte-parole avoir reçu le 26 juillet une demande de la mairie pour la mise en place de zones blanches :"Uber Eats permet à plus de 300 restaurants et commerçants et 350 livreurs indépendants de bénéficier de nouvelles opportunités et notre impact sur l'économie locale à Nancy est positif. L’activité peut cependant dans de rares cas générer des nuisances dans certains secteurs. Nous sommes pleinement mobilisés et mettons en place des actions concrètes pour la tranquillité de tous.”

Incompréhension chez les livreurs 

Hamid [le prénom a été changé] livreur depuis 2021, est au courant de l'instauration de zones blanches : "les riverains n'aiment pas que l'on reste en attendant nos commandes. Ce n'est pas une bonne mesure, on veut rester libres".

Bruno stationne avec son vélo en haut de la rue Stanislas. Il n'est pas au courant de la présence de zones blanches. Il n'en comprend pas l'utilité : "moi, je n'ai jamais vu de problèmes, les gens sont respectueux. Après, il peut y avoir des brebis galeuses comme partout. J'ai une certaine expérience et je n'ai jamais vu de problème entre des livreurs, des commerçants ou la population".

La plateforme Uber Eats a délimité des zones Blanches pour ses livreurs dans les secteurs suivants : Rue Saint-Nicolas dans sa partie allant de la rue du Docteur Schmitt à la rue du Général Drouot et du n°8 au n°1 rue des Tiercelins. Rue Saint-Dizier, devant le Marché Central. Rue Stanislas piétonne à l'angle avec la rue Saint-Dizier. Rue de l'île de Corse (du n°1 au n°9). Ce sont des zones où les livreurs ne peuvent pas travailler, car coupées du réseau de notifications de commandes des restaurateurs. Si les livreurs veulent recevoir des commandes à traiter, ils doivent obligatoirement sortir de la zone blanche et donc, attendre ailleurs.

Pour la CGT, on soigne le symptôme, mais pas la maladie

Pour Ludovic Rioux, de la Fédération CGT en charge de l'animation du secteur de la livraison à vélo pour les plateformes, on se trompe de cible lorsque l'on vise les livreurs. Il estime que les zones blanches vont encore renforcer le contrôle des plateformes sur des travailleurs précaires qui ne bénéficient déjà d'aucun droit. On soigne le symptôme mais pas la maladie : "pourquoi est-ce qu'il y a des problématiques avec des livreurs qui attendent en ville ? Parce que ce sont des travailleurs qui sont payés à la tâche, ils sont payés à la commande. Ils sont obligés d'attendre en centre-ville pour recevoir des commandes. Il n’y a pas d'autres possibilités. Donc, on vient reprocher quelque chose à ces travailleurs, alors que c'est l'organisation du travail qui impose ses règles".

Pour Ludovic Rioux, s'il y a des infractions, il faut bien entendu les sanctionner, mais cela ne doit pas masquer les vrais problèmes, ceux liés aux conditions de travail imposées par les plateformes. Le syndicat se bat pour la rémunération des temps d'attente et une vraie protection sociale pour les livreurs.

D'autres métropoles usent de la même procédure

Uber Eats n'est pas la seule société sollicitée par la Ville de Nancy. Les autres plateformes, actives sur le territoire, ont aussi été contactées. Elle rappelle la nécessité "de permettre à chacun de profiter de la ville dans le respect de nos règles communes. La nécessité absolue de respecter le Code de la route pour garantir la sécurité de tous dans l’espace public, en parallèle des contrôles opérés par les forces de police".

Brest, Toulouse, Lyon, d'autres métropoles sont bien décidées à forcer les plateformes à prendre des mesures, afin de faire cesser les problèmes dus aux regroupements des livreurs contraints d'attendre dans les centres-villes des commandes qu'il faut enchaîner pour espérer gagner de quoi vivre.

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