La propagation du coronavirus provoque une ruée sur les gels hydro-alcooliques. Conséquences: pharmacies et autres distributeurs sont en rupture de stock. Quels peuvent-être les effets d'un usage excessif (à haute dose et de façon continue) de ce produit? Éléments de réponse.
En ce mois de mars 2020 où l'épidémie de coronavirus est devenue officiellement une pandémie, rappelons tout d'abord que la règle est de se laver les mains au savon et de la façon la plus appropriée. Voici une vidéo expliquant comment faire:
#Coronavirus #Covid19 | Comment pratiquer les bons gestes barrières ?
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) March 13, 2020
? Se laver efficacement les mains au savon doux et à l’eau
? Démonstration avec les professionnels de @GustaveRoussy sur https://t.co/5xJZHUVWNB pic.twitter.com/2D9X1I6wry
Et quand le lavage eau-savon (en extérieur par exemple) n'est pas possible, rappelons-le également, le gel hydro-alcoolique reste la meilleure solution pour garder des mains propres et non contaminantes.
Attention à l'usage intensif
Toutefois son usage est-il sans risque? Oui si cet usage est raisonnable. Mais l'utiliser pendant des jours entiers, sans alternative (eau+savon par exemple) et sur la durée, peut avoir des conséquences, selon le gel hydroalcoolique que l'on utilise.
C'est notamment le point de vue de Stéphane Auberger, docteur en chimie organique de l’Université de Nancy.
"Ils sont faits à base d’éthanol, un solvant. S’ils nettoient bien, par contre, ces gels vont supprimer la première barrière immunitaire naturelle. Plus on les utilise, plus on rend perméable et sensible notre épiderme à ce genre de virus. Il y a une hystérie autour du coronavirus, mais celle-ci provoque une précaution nécessaire. On risque toutefois de créer d’autres pathologies demain à cause d’un problème ponctuel", a déclaré le spécialiste dans les colonnes de nos confrères "L’Est Républicain" le 5 mars 2020. Le docteur appuie ses propos par une étude menée à l’université du Missouri aux Etats-Unis et publiée dans la revue "Plos One" en octobre 2014. Une étude toutefois controversée par des spécialistes.
Précisons que le docteur Auberger est le fondateur de l'entreprise Salveco spécialisée dans les produits 100% végétal. Située à Saint-Dié-des-Vosges, elle a récemment lancé une nouvelle gamme de produits d’hygiène et d’entretien, dont un gel moussant pour les mains 100% végétal, comme alternative aux gels hydro-alcooliques. Il défend donc, naturellement, son activité!
La question du bisphénol A
L’étude de l’université américaine a révélé que l’utilisation du gel hydro-alcoolique pour se laver les mains favoriserait l’absorption de bisphénol A par la peau. Or, celui-ci, selon "Le Point", qualifié de perturbateur endocrinien, "peut notamment provoquer une dégradation de la qualité, mais aussi de la quantité du sperme chez l’homme". Il serait aussi à l’origine de fausses couches, ou encore de certains cancers.Suite aux conclusions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, (ANSES), le Parlement français a adopté en décembre 2012 "une loi visant à la suspension de la fabrication, de l'importation, de l'exportation et de la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire contenant du BPA. Ainsi, depuis le 1er janvier 2015, il est interdit dans les biberons et autres contenants alimentaires." Mais cela ne concerne pas les gels hydroalcoolique qui peuvent en contenir.
Ce n’est pas la première étude à pointer du doigt les effets nocifs des solutions hydro-alcooliques sur la santé. Déjà en 2013, l’Association Santé Environnement France (ASEF) avait appelé à être "prudent" sur l’utilisation des gels hydro-alcooliques. L’association avait affirmé que l’usage régulier et prolongé de ces produits pourrait provoquer des dérèglements hormonaux.
Aussi, en juin 2017, 200 scientifiques de 29 pays différents ont signé et publié, dans la revue scientifique "Environnemental Health Perspectives", un manifeste dans lequel ils ont alerté les autorités sanitaires mondiales sur la dangerosité du triclosan et le triclocarban, deux composants aux propriétés bactéricides, présents dans la composition de plusieurs produits d’hygiènes, notamment les solutions hydro-alcooliques. Ces deux composants sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens et d’avoir des conséquences néfastes sur la santé en cas d’utilisation régulière et prolongée.