La jeune cheffe d’orchestre de 32 ans d’origine polonaise, Marta Gardolińska, a été nommée fin janvier 2021 à la direction musicale de l’Opéra national de Lorraine à Nancy. C'est la deuxième femme seulement à occuper la direction musicale d’un grand orchestre français.
Elle était en compétition avec deux hommes. Elle n’a pas été choisie pour son sexe, mais les femmes cheffes d’orchestres sont assez rares dans le monde de la musique pour que sa nomination par Matthieu Dussouillez, le directeur de L’Opéra national de Lorraine, soit un évènement. Marta Gardolińska, 32 ans, nouvelle directrice musicale, ne veut pas pour autant être un emblème.
"C’est un sujet important je ne peux pas l’éviter mais je ne veux pas me focaliser là-dessus. Je fais mon job. Le monde est en train de changer et il faut que l’on marche tous ensemble."
L’orchestre fonctionnait sans directeur musical avec des chefs invités depuis le départ de l’israélien Rani Calderon il y a presque trois ans.
Marta Gardolińska fera des allers-retours entre Vienne, où elle habite et Nancy, dix à douze semaines par an, pour diriger les concerts symphoniques et une ou deux productions lyriques par saison. Sa nomination permettra de tisser des liens plus serrés entre le chef et les musiciens.
"Un orchestre qui a bien répété peut jouer sans chef mais la question c’est, qu’est-ce que je peux leur apporter dans l’énergie, la concentration, l’échange ? Parfois il se passe quelque chose de magique dans la communication non verbale avec l’orchestre. Ça n’arrive pas tout le temps mais c’est toujours le but recherché."
La musique, un sport collectif
Même si elle a débuté le piano à l’âge de six ans, Marta Gardolińska a longtemps hésité avec un carrière de sportive de haut niveau, un monde "encore plus dur" que celui de la musique selon elle. Elle ne décide que sur le tard d’être cheffe d’orchestre, le métier où elle a pu "vraiment s’exprimer".
Et quand on l’écoute, on se dit que diriger un orchestre, c’est un peut-être un peu comme entrainer une équipe. Le vrai travail, pour elle, est dans la rigueur des coulisses, pendant les heures de préparation et de répétitions. "Si on n’est pas dans les répétitions, on ne peut pas savoir ce qu’est ce métier. Le concert c’est juste un cadeau".
Elle insiste aussi sur l’importance de garder un corps en forme pour avoir une carrière de musicien qui dure.
De La Pologne à Los Angeles
Elle avait déjà fait sensation à Nancy en octobre dernier en dirigeant Görge le rêveur de Zemlinski. Selon les critiques, sa direction "souple et précise" faisait presque "oublier la crise sanitaire".
Marta Gardolińska s’est formée à l’université Frédéric Chopin de Varsovie puis a dirigé des orchestres à Vienne, en Angleterre ou à Los Angeles.
"Nancy j’en entendais parler petite, pendant mes leçons d’Histoire, à l’école primaire. On étudiait l’histoire jusqu’au départ de Stanislas Leszczynski".
Avec le directeur de l’Opéra, elle compte recréer des liens entre la Lorraine et la Pologne. Ensemble, ils promettent au public "un voyage à travers l’Europe musicale au temps de l’Art nouveau et la mise en valeur du lien intime et historique liant Nancy a la Pologne par le développement du répertoire polonais".
"Pour beaucoup de gens qui sont seuls ou perdus, la musique peut être une force très importante "
Elle répète en ce moment salle Poirel pour le programme "Rêve ou destin". Un concert qui fera l’objet d’une captation par Radio France et sera diffusé le 18 février 2021 à 20h sur France Musique.