Ce jeudi 25 juin à 18h, les candidats à l'élection municipale de Nancy, Laurent Hénart (MRSL) et Mathieu Klein (DVG) étaient sur le plateau de France 3 Lorraine pour débattre pendant 40 minutes. Voici ce qu'il faut en retenir.
Dans la préfecture de Meurthe-et-Moselle, deux candidats sont encore en lice, pour un remake du second tour, comme en 2014. Jeudi 25 juin, Laurent Hénart et Mathieu Klein se sont retrouvés sur le plateau de France 3 Lorraine. Un débat autour de l’économie, de l’urbanisme, du Musée lorrain et animé par Arnauld Salvini.
L’Economie
Pour relancer l’économie nancéienne impactée par la crise du covid-19, Mathieu Klein s’est lancé un véritable défi : agir dès les cent premiers jours de son mandat de manière concrète et efficace. Le candidat de gauche souhaite ‘’proposer dès le mois de juillet des bons d’achats de 100 euros’’. Il précise que ‘’la mairie ajoutera 25% pour porter le pouvoir d’achat à 125 euros’’. Seule condition ? Que le bon soit utilisé dans un commerce de la ville. Mathieu Klein assure qu’avec cette mesure, deux millions d’euros seront injectés dès cet été à l’économie de Nancy.
Par ailleurs, Mathieu Klein désire mettre sur la table le plan de rénovation énergétique et thermique de 40 millions d’euros le plus rapidement possible. Destiné en priorité aux établissements scolaire et aux résidences autonomie, il a pour but de faire en sorte que tous puissent ‘’vivre ou travailler dans de bonnes conditions’’ en les protégeant notamment des ‘’pics de chaleurs’’ lié au réchauffement climatique. Selon lui, cette initiative permettra aussi de redémarrer les activités des acteurs du bâtiment public.
Quant à Laurent Hénart, il défend le bilan de son mandat. Il estime avoir mis en œuvre, dès la fin du confinement, diverses actions pour soutenir l’économie, comme la gratuité des terrasses, le samedi à deux euros pour les transports en commun, la soirée à un euro dès 16h30, l’offre de tickets de stationnements aux clients de différents commerces, la livraison à domicile ou le quick and collect. Autre annonce du maire sortant : un ‘’allègement de la taxe foncière pour les commerces de moins de 400 m2’’ ainsi qu’un plan d’investissement d’un milliard d’euros pour relancer la métropole et créer 12.000 emplois. Pour les deux candidats, mettre à l’honneur les commerces locaux est indispensable pour relancer l’économie de la cité ducale.
L’urbanisme à Nancy
La rénovation de certains bâtiments et l’aménagement de la ville font également partie des programmes des deux candidats. Mathieu Klein s’oppose farouchement aux actions de son rival Laurent Hénart : ‘’Il faut tourner le dos à Nancy grand cœur ou aux rives de Meurthe qui abîment le paysage’’. Mathieu Klein s’inspire de l’exemple messin pour vanter le volet écologique de son programme. Il souhaite faire de Nancy une ville verte. S’il est élu, il aimerait ‘’créer une société d’économie mixte sur les énergies renouvelable comme l’usine électricité de Metz qui apporte à la ville 12 millions d'euros recettes’’. Grâce à cela, ‘’le quartier autonome d’Alstom serait capable de se fournir avec de l’électricité locale’’, explique-t-il.
Pas question d’oublier les étudiants qui ont également un rôle à jouer dans l’attractivité économique de la ville. De fait, Mathieu Klein propose la création d’un ‘’quartier étudiant et d’une cité intergénérationnelle’’ à la place de l’actuel hôpital Saint Julien.
‘’J’aspire à ce que la biodiversité retombe sur la ville" insiste Mathieu Klein, "et pas une biodiversité de façade, du green-washing, qui consiste à tout repeindre en vert à la dernière minute !’’, lance-t-il en faisant référence au programme de Laurent Hénart concernant le cours Léopold. Pour lui, le cours Léopold doit être réaménagé pour ne plus être ‘’qu’un simple parking’’. Le candidat du centre et de la droite se défend immédiatement : ‘’Dès le début, j’ai expliqué qu’il fallait densifier les plantations et on l’a fait !’’, clame-t-il. ‘’La végétation, ce n’est pourtant pas ce qui frappe les nancéiens qui s’y promènent. Les réalisations de votre mandat peuvent avoir un grand intérêt patrimonial mais elles sont dénudées de tout sens en matière de transition énergétique’’, rétorque Mathieu Klein.
Le Musée Lorrain
L’extension du musée Lorrain est également au cœur du débat. Mathieu Klein se défend d’un abandon du projet en son état. Selon lui, le chantier a été très mal géré par Laurent Hénart : ‘’Je veux simplement faire en sorte que le projet aboutisse. Il va d’échecs en échecs depuis 2013. En 2018, on nous annonce sa future rénovation. Et à la fin du mandat, rien n’a été entamé ! Les marchés ne sont même pas notifiés… Ma proposition vise à simplifier un projet trop complexe et inutile : le bâtiment de verre et l’auditorium souterrain’’. ‘’Les toits et les murs ont été refaits, les fouilles et les démolitions faites ! Nous serons prêts à débuter en extérieur la suite du chantier dès le mois de novembre. Puisque les marchés sont concluants, la commission des appels d’offres pourra les examiner en juillet’’, se défend le maire actuel.
Soudain, il tire à boulets rouges sur Mathieu Klein. Pour lui, le candidat n’est pas fiable : ‘’Il s’était opposé au projet en 2014, puis s’est rallié au projet et à même engagé le département qu’il préside à le soutenir !’’ Il lui reproche d’avoir changé d’avis pour séduire un électorat plus large : ‘’Je pense que le maire de Nancy, ce n’est pas ça. Un maire d’une grande ville, ça garde le cap, la main ne tremble pas. Je n’ai pas de leçon à recevoir concernant les délais des chantiers.’’ Le maire sortant en profite pour remettre sur le tapis le ‘’fiasco’’ du chantier des Archives départementales toujours fermées et qui prouve, selon lui, son ‘’incapacité à réaliser des investissements’’. ‘’Il n’a jamais été question qu’il soit livré en 2015’’, lui répond Mathieu Klein.
Rappel du 1er tour
Le 15 mars 2020, Mathieu Klein est arrivé en tête, devant le maire sortant Laurent Hénart et Laurent Watrin (EELV).
Suivent Françoise Hervé (divers), Nordine Jouira (LFI), Grégoire Eury (RN) et Patricia Melet (DVD).
Le scrutin, en pleine crise sanitaire, avait peu mobilisé les Nancéiens. Un peu plus d'un électeur sur trois avait voté (37,1%).
Les forces en présence
Sur les trois listes en capacité de se maintenir pour le second tour, seules deux sont proposées aux électeurs nancéiens dimanche 28 juin 2020. La liste écologiste de Laurent Watrin, arrivée en troisième position, loin derrière le duo de tête, a fusionné avec la liste de Mathieu Klein. Avec cette union de la gauche, les deux hommes entendent enclencher une dynamique de victoire face à la liste du maire sortant Laurent Hénart.
Douze noms de l'équipe de Laurent Watrin ont rejoint la liste "Nancy en grand" de Mathieu Klein. La liste "Nancy Positive" de Laurent Hénart est identique à celle du premier tour.
Mathieu Klein est le président (PS) du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Il a été le porte-parole de Manuel Valls durant la primaire du parti socialiste en 2017. Il est aujourd'hui bien mieux connu des Nancéiens qu'en 2014.
Laurent Hénart est le maire sortant, qui a rassemblé le Mouvement Radical, Les Républicains, LREM, le Modem et l'UDI dans son équipe. Il est l'héritier d'André Rossinot, maire de 1983 à 2014.
Les enjeux du scrutin
La mairie de Nancy est tenue par le centre-droit depuis l'après-guerre, mais les résultats du premier tour peuvent faire rêver la gauche d'une victoire dimanche soir. L'union de Mathieu Klein et Laurent Watrin représente désormais 48,1% des voix du premier tour, une avance confortable sur les 34,7% de Laurent Hénart.
Logiquement, la liste de gauche mène la campagne sur le thème de la transition écologique. Les mobilités sont au coeur des propositions: réduire la place de la voiture, au profit de zones piétonnes au centre-ville, d'un réseau de pistes cyclables et, en ligne de mire, la gratuité des transports en commun.
Laurent Hénart défend le projet de nouveau tramway approuvé pendant sa mandature, et affirme que sa réalisation sera terminée dans les délais, sans augmentation des impôts. Il propose également de planter 7.000 arbres le long des axes majeurs de la ville et d'étendre les parcs existants ou d'en créer de nouveaux.
Côté sécurité, un thème abordé lors du débat du premier tour, les deux candidats sont sur la même longueur d'onde. Ils veulent augmenter les effectifs de la police municipale. De 70 agents, Laurent Hénart souhaite passer à 90, Mathieu Klein à 100.