Les deux militants de la cause animale qui ont comparu devant le tribunal correctionnel de Nancy sauront le 15 janvier prochain s'ils doivent trouver un autre "sanctuaire" pour leurs activités.

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La décision du tribunal correctionnel de Nancy a été placée en délibéré au 15 janvier 2021. La justice reproche à Tiphaine Lagarde et Ceylan Cirik, les deux fondateurs de l’association "269 Libération Animale" d'avoir installé deux tunnels agricoles et un mobile-home avec des panneaux solaires et une terrasse sur un terrain non constructible. En violation du plan local d’urbanisme (PLU) qui interdit précisément ce type d’installation sur un terrain classé en zone naturelle.

L'arrivée en Lorraine du couple militant s’était voulue discrète à l’été 2019. Ils avaient dû quitter précipitamment le précédent site qu’ils occupaient dans la Loire.

Ils louent depuis un an et demi à Manoncourt un terrain agricole, non constructible. Les militants anti-spécistes l'ont aménagé afin que la quarantaine d’animaux "libérés" puissent y vivre. La jeune femme est originaire du Pays-Haut.

Zone naturelle

La justice s’est emparée du dossier dès septembre 2019, et leur reproche également le vol d’une partie de la clôture anti-sangliers à la frontière belge, mais c’est pour le premier volet que le couple a dû comparaitre vendredi 20 novembre 2020 devant le tribunal de Nancy.

A l’audience, Tiphaine Lagarde a reconnu les faits, et motivé les conditions de leur installation par l’urgence de la situation, et la nécessité de trouver un refuge pour leurs animaux. Elle a expliqué au tribunal qu’elle estime avoir été trompée par leur bailleur, et par la notaire qui leur aurait garanti un usage agricole, alors qu'ils ont signé en fait un bail rural. Traduction : ils ne sont pas sur un terrain agricole, donc ne peuvent prétendre y installer aucune habitation.

Tiphaine Lagarde, juriste de formation n’a pas convaincu le Procureur de la République qui a demandé le démontage des tunnels et la remise en état du site dans sa configuration originelle, dans un délai de quatre mois maximum, avec une astreinte journalière comprise entre 50 et 60 euros. L’avocat de l’association, Maître Thomas Hellenbrandt, a tenté, selon nos confrères du Républicain Lorrain, de porter l’enjeu de l’audience sur le terrain de l’engagement politique de ses clients, "avec la volonté manifeste de mettre un terme aux actions d’une association qui fait peur". Il a plaidé la relaxe.

Peur ?

Mais peur à qui ? Peut-être au précédent Préfet de Meurthe-et-Moselle, Eric Freysselinard, qui, selon nos informations, avait mobilisé les services de l’Etat pour décourager leur installation durable en Lorraine. Ainsi, la Direction Départementale de la Protection des Populations avait pointé début 2020 l’absence de moyen d’identification d’une des bêtes sur place, Rambo.

Les militants craignaient que le bovin ne soit euthanasié, ce qui les a amenés à organiser deux rassemblements, à l’affluence modeste, devant les locaux de la DDPP. Les anti-spécistes, qui revendiquent leur radicalité, affirment aussi être "constamment épiés et surveillés". Ils dénoncent également des rapports de voisinage désormais houleux, "alors qu'on a toujours cherché le contact et la discussion avec les habitants et le maire".

 

Perte d'influence

 

❌ RAMBO, CONDAMNÉ À MORT PAR L’ÉTAT : APPEL URGENT À VOTRE SOLIDARITÉ POUR LE SAUVER ! Nous avons accueilli petit...

Publiée par 269 Libération Animale sur Mercredi 12 février 2020

La question de leur influence réelle dans le milieu des anti-spécistes est sensible. D’après un bon connaisseur du dossier, "ils sont en perte de vitesse, ils ont moins de soutien, des difficultés à se financer et dans ce milieu une association en chasse une autre sur le terrain". Déjà condamnés en France pour plusieurs actions de blocage d’abattoirs et de "libérations" d’animaux, Tiphaine Lagarde et Ceylan Cirik ont écopé de peines avec sursis : impossible de mener des actions en France désormais sans risque de voir le sursis se transformer en peine de prison ferme. Ils ne cachent pas leurs difficultés financières, "aggravées par la situation sanitaire qui nous empêchent d'organiser des actions de soutien".

"Même les actions à l’étranger ne peuvent plus être à leur seule initiative, mais plutôt en collaboration avec d’autres groupes" ajoute ce même connaisseur. Les militants confirment qu'ils distinguent désormais leurs activités : le "sanctuaire" est sous statut associatif tandis que les actions radicales, qu'ils revendiquent également, "se font en collectif, donc de manière informelle".

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