Lorraine : les anti-spécistes de 269 Libération Animale installent leur "sanctuaire"

Les activistes de la cause animale, qui ont multiplié les actions depuis 2015 pour "libérer" des animaux des abattoirs, ont quitté leur précédent refuge qui se trouvait dans la Loire. Depuis l’été 2019, ils ont élu domicile quelque part en Lorraine.

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"Voici l’ennemi public numéro 1" plaisante Ceylan Cirik, l’un des deux co-présidents de l’association "269 Libération Animale", en donnant une botte de foin à Rambo, un bovin de 500 kilos. L’animal est actuellement dans le collimateur de la direction de la protection des personnes (DDPP) du département dans lequel il vit depuis l’été dernier. Selon les deux activistes que nous avons rencontrés, la DDPP pointe du doigt l’impossibilité d’identifier l’animal, et "menace de l’euthanasier". Devant cette perspective, le visage de Ceylan s’assombrit : "depuis que nous sommes ici, nous subissons de multiples pressions de la part de l’Etat… Nous ne sommes pas les bienvenus, c’est clair".
 


Tiphaine Lagarde, co-présidente et compagne de Ceylan Cirik, pointe du doigt la surveillance dont ils sont l’objet depuis leur installation dans la campagne lorraine: "les gendarmes sont souvent au bout du chemin, ils contrôlent les identités des militants qui viennent nous aider le week-end, et on ne compte plus les rencontres inopinées sur notre terrain avec des policiers des renseignements territoriaux".

Surveillés

L’objet de cette surveillance : l’activisme revendiqué du collectif qu’ils représentent. Depuis 2015 ils affirment avoir "libéré" 250 animaux des abattoirs qu’ils occupent régulièrement en France, et à l’étranger. "Mais il n’y en a pas ici, tous les animaux présents, une quarantaine, sont en règle, avec des papiers et des soins vétérinaires" précise Ceylan Cirik, "ce sont des animaux que nous avons recueillis, et qui peuvent vivre ici tranquillement". Tous sauf Rambo, reconnaissent les militants, "mais nous avions avec la DDPP de la Loire un accord qui clarifiait la situation de Rambo, on ne comprend pas pourquoi ce qui était possible là-bas n'est pas possible ici, d'autant que nous n'avons jamais été reçus par la DDPP malgré nos demandes".

La douceur de la voix contraste avec la détermination: les deux activistes ont en effet été condamnés plusieurs fois à de la prison avec sursis pour leurs actions, spectaculaires et menées à visage découvert : "d’où les condamnations" confirme Tiphaine Lagarde.
  

Poursuites

Le parquet de Nancy confirme que depuis leur installation dans la campagne lorraine, deux procédures sont en cours concernant l’association. L’une pour vol d’une partie de la clôture anti-sangliers à la frontière belge, l’autre pour l’installation illégale de bâtiments agricoles, des tunnels, sur le terrain que l’association loue. "Nous ne sommes pas dupes, cet acharnement administratif vise à nous décourager, et à nous faire déguerpir" explique la jeune femme, originaire de Jarny.

"On les surveille de loin" apprend-on de source policière, mais "pour l’instant on ne peut pas leur reprocher grand-chose". Le collectif a une existence légale, via une association dont les statuts sont déposés en Préfecture. Il loue ses terres. La co-présidente a fréquenté les plateaux télés il fut un temps.

Joint par téléphone, leur avocat messin, Maître Thomas Hellenbrand, n’a pas voulu commenter leur installation. Il défend régulièrement les militants de l’association en France, notamment lors des opérations de blocages d’abattoirs, mais refuse d’en dire plus sur ses clients "au nom du secret professionnel". Il nous a seulement confié que le groupe installé en Lorraine n’est pas "un groupe militant". Ce dont on peut douter, au vu du CV des intéressés: "nous sommes plus radicaux que les autres collectifs, on ne se contente pas d’appeler à manifester" affirme clairement Tiphaine Lagarde.
 
Ils revendiquent, via leur page Facebook, leur sanctuaire comme une "base arrière", et ne cachent pas accueillir régulièrement des militants de la cause anti-spéciste, adeptes eux aussi de "l’action directe". 

Le maire de la commune de 300 habitants où ils se sont installés a refusé de nous rencontrer: "moins on parle d'eux, mieux ça sera" estime le premier magistrat du village.
Les deux militants, qui habitent sur place, ne l'entendent évidemment pas de cette oreille : "nous ne sommes pas installés ici pour mener des actions en France, ça serait absurde, on se retrouverait en prison à cause du sursis que nous avons. Nous ne sommes pas des zadistes, mais si on vient tenter de nous prendre les animaux, ça sera une ZAD ici, on y est prêt".
 
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