Pour la majorité de gauche au Département 54, il est important de stimuler la solidarité. "C'est dans notre philosophie d'appeler les citoyens à s'engager", explique la vice-présidente déléguée à l’autonomie des personnes, Annie Silvestri. "Aujourd'hui, il faut faire face à une situation compliquée et inédite."

Les missions de bénévolat sont consultables sur la plateforme numérique Place de l'engagement.
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© Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle.
Organiser l'engagement
L'initiative pourrait étonner : pourquoi préférer des bénévoles, et ne pas embaucher et payer des personnes pour des missions qui se sont révélées essentielles au printemps 2020 ? Car il ne s'agit pas de jouer aux cartes avec les pensionnaires, mais bien de désinfecter des surfaces, faire du repassage, de la cuisine ou apporter une aide logistique.
Les missions proposées au bénévolat sont diverses.
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© Capture. Site engagement.meurthe-et-moselle.fr. CD54.
La solidarité s'était déjà ainsi exprimée lors du premier confinement. "Aujourd'hui, il s'agit d'être mieux organisés", précise Annie Silvestri. "Ça ne prend la place de personne, les professionnels n'y voient pas de problème", certifie la secrétaire générale départementale CFDT Santé Sociaux, Patricia Lecot. L'aide ponctuelle des bénévoles permet aux soignants de se concentrer sur d'autres tâches.Ça ne prend la place de personne.
Les futurs bénévoles doivent recevoir une formation brève, de quelques heures, au CHRU de Nancy.
Dans quel cadre le recours au bénévolat est-il autorisé ?
La loi n'empêche pas à une entreprise à avoir recours à des bénévoles. "Il n'y a aucune exception, le bénévolat n'est pas exclu, même pour une tâche qui ressemble à un travail salarié", explique Patrice Adam, professeur en droit privé à l'Université de Lorraine. Seule limite : le bénévole ne doit pas tirer de bénéfice de cette activité, même le plus faible. "Seuls les remboursements de frais sont possibles, sur justificatifs", précise Patrice Adam.Recrutements difficiles
La crise sanitaire générée par l'épidémie de Covid-19 a exacerbé les difficultés du monde de la santé : manque de personnel, faible attractivité et, à proximité des frontières, la concurrence avec le Luxembourg."Si on en est à faire appel à des bénévoles, c'est qu'il y a un problème. Les personnels en Ehpad souffrent d'un manque de reconnaissance, et ne sont pas assez payés", indique Patricia Lecot. Les personnels se plaignent de ne pas être assez nombreux. "Les appels à candidature restent sans réponse", assure Annie Silvestri.Les appels à candidature restent sans réponse.
Un espoir avec la loi Grand âge ?
La situation ne date pas d'hier. Un rapport parlementaire de 2017 pointait déjà les sous-effectifs dans les Ehpad, et des conditions de travail "particulièrement difficiles", notamment pour les aides-soignantes. "Le taux d'absentéisme est en moyenne de 10%. Les accidents du travail en Ehpad seraient aujourd'hui deux fois supérieurs à la moyenne nationale, et supérieurs à ceux du secteur du BTP".Le secteur manque cruellement de moyens. "Le financement de la perte d'autonomie doit être pris en charge par la solidarité nationale", prône Annie Silvestri.
Mardi 22 septembre 2020, le président de la République a promis un projet de loi sur le grand âge et l'autonomie dès le début de l'année 2021. Il aura fallu une crise sanitaire inédite pour qu'Emmanuel Macron tienne son engagement de 2018. La première mesure est la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale dédiée, mais son financement est encore inconnu.
Un dispositif similaire a été mis en place en Haute-Marne.