Certains sont peu ou pas accessibles au grand public, en temps normal. D'autres sont simplement peu fréquentés, à leur grand dam. Découverte de ces lieux qui, le temps de la manifestation, s'ouvrent au plus grand nombre et accueillent remises de prix, expositions et conférences.
Comme lors de chaque édition, les dizaines de milliers de personnes qui arpentent les allées couvertes, ombrées ou ensoleillées du Livre sur la Place de Nancy se répartissent souvent en groupes distincts.
Cette 41e édition ne déroge pas à la règle.
Le curieux comme l'observateur peuvent par exemple y distinguer ceux qui vont à la rencontre physique des auteurs, dans un tête à tête direct, avec comme seule séparation la table de l'éditeur sur laquelle reposent les ouvrages de l'impétrant. Ceux-là, on les retrouve sous le chapiteau.
A peine moins nombreux, sur la durée de la manifestation et selon la notoriété de l'écrivain, il y a ces autres qui font la queue, parfois jusqu'à une heure, exceptionnellement plus, pour écouter la sage (ou moins sage) parole du jongleur de mots mis en avant face à un aéropage tout en diversité.
Et puis il y a les autres, aux rangs plus clairsemés. Ceux qui veulent profiter de l'occasion de ce premier salon national de la rentrée littéraire pour pénétrer en des lieux normalement (presque quasi-) inaccessibles au commun des mortels.
Nous vous en avons choisi trois.
Le palais du Gouvernement
Emblème historique de la co-régence de la France sur le duché de Lorraine avec l'autorité du Duc Stanislas, le palais du Gouvernement a accueilli tout à tour un café (à la Révolution), le préfecture (en 1823) puis la résidence du général gouverneur militaire de la place de Nancy jusque dans les années 2000.Le temps de ce week-end, dans le péristyle pavé, les bustes de célèbres soldats côtoient des oeuvres modernes et regardent impassible passer curieux, enfants et amateurs. En empruntant l'escalier monumental en pierre, on découvre ces armes d'autrefois qui semblent vouloir transmettre la mémoire des combats passés.
Au premier étage, le seul accessible ces trois jours au public, l'éclairage est ensoleillé par la grâce de l'exposition plein sud. Le regard se porte sur le long chapiteau qui recouvre le centre de la place de la Carrière, avec là-bas au loin l'Arc Héré qui ouvre l'accès à la place Stanislas.
L'accès au grand salon se fait au son des craquements des lames du parquet boisé de type Versailles. Enfin, l'on est entré, la conférence va commencer.
Le tribunal administratif
Il est ouvert à tous, comme toute enceinte populaire où le droit est dit.Mais force est de constater qu'à part en la cour d'Assises -souvent d'ailleurs pour son côté "spectaculaire"-, à moins d'être justiciable, ils sont peu nombreux à se précipiter dans les bâtiments judiciaires. En en région, le tribunal administratif est sans nul doute le moins fréquenté de tous. Pourtant il s'agit là d'un lieu réellement historique: ici a vécu, travaillé, "rédigé son testament" et mourut (en 1635) le formidable graveur Jacques Callot, célèbre pour ses représentations crues de son époque troublée.
Sa maison détruite, le bâtiment qui la remplace depuis 1752 était à l'origine la bourse des marchands. En montant la volée de 45 marches de pierres, âgées de plus de 250 ans, on peut imaginer le poids de l'histoire tout autant que celui de la justice rendue ici. Au premier étage, la salle d’audience, austère, aux bancs de bois resserrés, impose le respect de la chose énoncée.
Les salons de la préfecture
Ce sont les fonctionnaires, élus et notables qui foulent le plus régulièrement les parquets lambrissés des salons de monsieur le préfet de Meurthe-et-Moselle.Le grand public lui doit attendre de grandes occasions comme les journées du patrimoine ou, précisément, le week-end du livre sur la Place pour pouvoir les découvrir. Et ils se pressent nombreux en ce week-end de fête du livre. Tout autant pour écouter les auteurs qui se succèdent toutes les heures, que pour découvrir le parquet en point de Hongrie -en chevrons- et les panneaux de bois décorés.
Ces derniers, aux thèmes et figures entrelacés, conduisent le visiteur vers le petit jardin, à l'arrière du bâtiment qu'occupe le représentant de l'Etat dans le département.Tous ces sites accessibles pendant le Livre sur la Place sont à découvrir également lors des Journées Européennes du patrimoine.