L’affaire avait fait grand bruit il y a quelques mois. Dix policiers de la brigade anticriminalité de nuit nancéienne sont poursuivis pour harcèlement moral et injures racistes sur plusieurs de leurs collègues. Le procès, initialement prévu en septembre dernier, se déroule les jeudi 10 et vendredi 11 mars 2022 à Nancy.
Neuf policiers de la BAC de nuit nancéienne, suspectés d’avoir commis des faits de “harcèlement moral” et proféré des “injures non publiques à caractère raciste” dans le cadre de leurs fonctions, sont jugés les 10 et 11 mars 2022 par le tribunal judicaire de Nancy. Ils risquent des peines allant jusqu’à cinq ans de réclusion. De leur côté, quatre victimes, des collègues des suspects, se sont constituées parties civiles et dénoncent des faits qui s’étendent sur plusieurs années.
“Ni gonzesse, ni bougnoule”
Leur slogan informel, “ni gonzesse, ni bougnoule”. L’enquête menée par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), décrit un clan de “bacqueux” qui aurait fait vivre un véritable enfer à leurs collègues. Leur signe distinctif, une tête de loup, tatouée sur l’avant bras de certains, en référence à l’imagerie néonazie.
Entre insultes racistes, xénophobes, misogynes et humiliations, cette “meute” fixe ses propres règles et désobéit aux ordres. Ceux qui s’y opposent sont isolés, on ne leur serre plus la main, on ne leur adresse plus la parole. Une véritable entreprise de démolition, selon les plaignants, qui a laissé de nombreuses traces.
Ce qui est dangereux avec ce type d'individus et de comportements, c’est que les conséquences peuvent être très lourdes. Les policiers de la BAC de nuit font déjà un travail déjà très anxiogène. Si, en plus, ils sont sujets au harcèlement, imaginez les répercussions que cela peut entraîner
Maître Berna, l’avocat des quatre parties civiles
Maître Berna, l’avocat des quatre parties civiles, espère que la sanction sera à la hauteur de ces comportements qu’il juge indignes d’une institution républicaine comme la police : “Cela enverrait un signal fort et montrerait que la police se débarrasse de ses brebis galeuses (...) Ce qui est dangereux avec ce type d'individus et de comportements, c’est que les conséquences peuvent être très lourdes. Les policiers de la BAC de nuit font déjà un travail déjà très anxiogène. Si, en plus, ils sont sujets au harcèlement, imaginez les répercussions que cela peut entraîner”.
Deux jours d’audience
Le procès, initialement programmé en septembre 2021 sur une demi-journée d’audience seulement, a finalement été reporté et prolongé sur deux jours, les 10 et 11 mars 2022.
“Ce n’était pas suffisant pour analyser tous les éléments et entendre tout le monde”, explique Maître Berna, l’avocat des parties civiles. “Durant cette audience de deux jours, on entendra de nombreux témoignages de l’inspection générale de la police nationale, des victimes et des anciens supérieurs hiérarchiques, entre autres. L’objectif est de révéler comment ce groupuscule s’est octroyé les pouvoirs de la hiérarchie en se défaisant de toutes limites”, indique l’avocat des parties civiles.
“On veut démontrer que la justice est au dessus de tout ça. J’espère que ce dossier sera exemplaire et permettra de tordre le cou aux idées reçues selon lesquelles la police peut faire ce qu’elle veut et qu’elle est au-dessus des lois. Il faut que ce procès soit une source de fierté pour la police”, ajoute Maître Berna.
Mes clients attendent aussi ce procès pour pouvoir être entendus. Le dossier ne se limite pas uniquement à ce qui est ressorti pour l’instant dans la presse, c'est-à-dire uniquement la position des plaignants
Maître Blandin, l’une des trois avocates des principaux mis en cause
De son côté, Maître Blandin, l’une des trois avocates des principaux mis en cause, attend elle aussi beaucoup ce procès : “Mes clients attendent aussi ce procès pour pouvoir être entendus. Le dossier ne se limite pas uniquement à ce qui est ressorti pour l’instant dans la presse, c'est-à-dire uniquement la position des plaignants. C’est maintenant à la justice de faire son travail, je préfère attendre l’issue du procès pour m’exprimer plus amplement”.
Aujourd’hui, les dix policiers suspectés sont toujours en fonction, même si une partie d'entre eux est en arrêt maladie. Le conseil de discipline, saisi suite à l’enquête administrative réalisée par l’IGPN, préconise notamment quatre radiations. C’est le Ministère de l’Intérieur qui prendra la décision finale.