La fermeture des magasins de jouets et des boutiques spécialisées plonge les éditeurs de jeux de société lorrains dans une situation complexe à quelques semaines de Noël 2020. Iello et Blue Orange, deux poids lourds du secteur en France, tentent de s’adapter au reconfinement.

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Parce que leurs produits se vendent surtout en boutiques spécialisées, le grand public les connaît mal.
Pourtant, la Lorraine compte deux éditeurs très reconnus dans le monde des jeux de société, qui ont complètement dépoussiéré l’image de ces derniers. Mais comme la plupart des entreprises depuis le début de l’épidémie de coronavirus, Iello et Blue Orange limitent au maximum le nombre de personnes présentes sur leurs sites. Impossible donc d’aller taquiner la carte de jeux ou les dés, pour se contenter de faire le point par téléphone… Où les commerciaux sont pendus depuis des mois, faute de salons professionnels pour montrer leurs nouveautés, les présenter aux joueurs et convaincre leurs distributeurs de les acheter.

 "En ce moment-même devait se tenir le salon d’Essen en Allemagne, c’est le plus important du monde pour le grand public : d’habitude on a un stand de 300 mètres carrés et on déplace les trois quarts des effectifs mais il a été annulé et remplacé par une édition digitale" explique Romain Marbach, responsable communication de la société nancéienne Iello. Or le salon, c’est une étape cruciale dans la commercialisation d’un jeu : il s’agit de convaincre le public des joueurs, souvent des connaisseurs qui attendent avec impatience la sortie des jeux, programmée comme celles des blockbusters au cinéma.

Distribution

Il faut aussi séduire les distributeurs. Le salon de Nuremberg, deuxième salon du monde pour les professionnels, n’aura pas lieu en 2021. Celui de Cannes en début d’année est en sursis. Blue Orange exporte 80% de ses jeux, les salons sont donc un rendez-vous incontournable.

On est préoccupé par Noël même si ça ne ne représente que 30% environ de nos ventes annuelles, parce que l’international nous aide bien en ce moment. On sort des jeux toute l’année, les calendriers sont bousculés, nos rythmes de travail aussi, mais ça va pour l’instant

- Anne Mailhan, responsable de la communication de Blue Orange

La situation est paradoxale. Le confinement a remis le jeu de société au goût du jour… Quand on peut y jouer ! "Tout dépend de la réouverture ou pas des boutiques" selon Anne Mailhan car "pendant le premier confinement, aucun éditeur n’a sorti de jeu, du coup les boutiques se sont retrouvées submergées de référence à la sortie donc cette fois on a décidé d’agir différemment". Et notamment, de différer la mise sur le marché de certains jeux pour éviter que les boutiques ne soient trop sélectives et n'écartent certaines références face à la surabondance d'offres de la part des éditeurs. Chez Blue Orange, on reconnait aussi que "les distributeurs jouent parfois également la sécurité, en commandant surtout les best sellers, et en prenant moins de risques avec les nouveautés".
En moyenne, un jeu met deux ans à voir le jour, entre la bonne idée et sa mise en rayon, alors quelques semaines de plus ou de moins… Peuvent néanmoins être cruciales pour les boutiques, qui n’ont pas forcément les moyens de tenir longtemps selon Anne Mailhan : "on sait que malgré le click and collect et le drive, les boutiques bien organisées ne réalisent au maximum que 30 à 40% de leurs volumes actuels, donc ça va être compliqué pour elles si le 1er décembre elles ne peuvent pas rouvrir pour Noël". Logiquement le chiffre d'affaire de l'année devrait être impacté, "mais on ne sait pas encore dans quelles proportions. Ces derniers temps, on progressait de 10 à 15% chaque année, pas sûr que ça soit le cas en 2020" résume la porte-parole de l'entreprise mussipontaine.
Chez Iello, on reconnait faire 20% du chiffre d’affaires de l’année pendant la période de Noël. Logique, car la société basée à Heillecourt fait la moitié de ses résultats en France, où les fêtes de fin d’année donnent lieu à de nombreux achats de jeux. "On n'exclut rien à l’avenir, mais on doit préserver nos partenaires. Ils souffrent aujourd’hui, on doit les soutenir. Dans la tête on a l’idée de vendre directement nos jeux via une boutique en ligne, mais ce n’est pas à l’ordre du jour" conclut Romain Marbach.
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