La première pierre de la centrale à biomasse sera posée sur le site Novacarb à Laneuveville-devant-Nancy le 27 février 2020. L’usine, qui produit du carbonate et bicarbonate de sodium, a dû revoir son projet plusieurs fois afin de se plier aux exigences de l’Etat.
Elle est un peu passée inaperçue mais l’annonce a certainement été vécue comme un soulagement par les dirigeants du groupe Novacarb. La nouvelle est tombée le 13 décembre 2019 : la ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, Elisabeth Borne, a annoncé que le projet de centrale à biomasse de Laneuveville-devant-Nancy figurait dans la liste des quatorze qui seront autorisés par l’Etat, avec son soutien. Retoqué deux fois, il permettra à l’usine d’assurer sa pérennité et celle de ses 1300 emplois, mais aussi de se sortir plusieurs épines administratives du pied.
Démarré il y a cinq ans, le projet est porté à la fois par Novacarb et par Engie Solutions, qui créent ensemble une société baptisée Novawood, détenue à respectivement 49 et 51% par les deux entreprises. L’objectif : remplacer deux des six chaudières à charbon du site par une centrale à biomasse d’une puissance de 14,6 Megawatts, en utilisant des déchets issus de la filière bois, et notamment des anciennes traverses de chemin de fer. La combustion de ces déchets produit de la vapeur, qui est ensuite transformée en électricité. Cette dernière est renvoyée dans le réseau, et rachetée par EDF.
Initial
Le premier projet de Novawood, d’un coût initial de 65 millions d’euros, est déposé lors de l’appel d’offres de 2016, mais tout comme le suivant, il ne figure pas dans la liste des lauréats : le prix du megawatt est trop élevé. Selon nos informations, il se situait à 175 euros le Megawatt-heure (MWh), bien loin des projets retenus qui se situaient à 135 euros du MWh. Novawood doit donc revoir sa copie, afin de baisser le prix de rachat de l’électricité que la société compte produire.Selon les documents que nous avons pu consulter, l’effort porte à la fois sur une baisse du prix de rachat des traverses à la SNCF, sur une augmentation de la taille du projet de 15%, sur la valorisation de la chaleur des fumées ainsi que sur l’augmentation du prix de la vapeur.
Carbone
Au total, dans la version qui a été acceptée par le Ministère de la Transition Ecologique, le coût du projet dépasse les 80 millions d’euros. "Nous avons dû retravailler notre offre, c’est évident, mais c’est une grande satisfaction pour notre usine" explique Frédéric Louis, le directeur de Novacarb, en pointant les bénéfices pour l’environnement : "nous allons réduire notre consommation de charbon de 40%, et nos émissions de CO2 de 150 000 tonnes par an". Le gain environnemental est évident, d’autant "que l’entreprise fait venir son charbon d’Afrique du Sud. En terme d’empreinte carbone on ne peut que faire mieux". Objectif : réduire à 0 la consommation de charbon à horizon 2024, grâce à un second projet qui sera annoncé le 27 février 2020. Cette centrale tombe à point nommé : selon nos informations, la taxe carbone a coûté 4 millions d’euros en 2018 à Novacarb, grevant d’autant ses résultats.Soutien politique
Aides
Le financement du projet est assuré à 20% par Novawood elle-même, et à 80% par l’emprunt. Novacarb confirme qu’elle est en discussion actuellement avec les services de l’Etat afin d’être exonérée de la taxe intérieure sur la consommation de charbon (TICC) et de la taxe intérieure sur la consommation de gaz (TICGN).Autre signe fort de soutien de l’Etat : ce dernier renonce aux sanctions administratives possibles pour dépassement des valeurs limites d’émission des oxydes d’azote et de soufre de la part de l’usine, qui a été mise en demeure de mettre en conformité ses centrales à charbon le 10 juillet 2017. "Le Préfet a compris que notre projet allait résoudre le problème, et qu’il était absurde de faire des travaux de conformité sur des installations que nous allions arrêter" confirme le directeur du site.