Malgré la météo capricieuse de ce début de printemps 2024, le moment est venu pour les fougères de se déployer. Selon les espèces, elles sont encore visibles alors qu'elles sont recroquevillées en petites crosses. Magique.
Pourquoi évoquer la fougère ? Pour certains jardiniers, elle a peu d'intérêt, car elle n'a pas de fleur. Mais c'est bien manquer d'imagination ! La fougère dévoile ses atouts à celui ou celle qui sait bien y regarder.
Au jardin botanique Jean-Marie-Pelt de Villers-lès-Nancy, elles sont à découvrir aussi bien dans le jardin extérieur que dans les serres tropicales. En cette période, elles sont encore sous forme de crosses et cela leur donne un petit côté royal ou sacré. Peut-être un clin d'œil de la nature aux accessoires de notre bon Saint-Nicolas !
Elles portent aussi parfois le nom de têtes de violon, nom qui a le mérite d'être très visuel.
Comestible, oui, mais attention
Mais savez-vous que ces crosses sont comestibles sous certaines conditions ? Christophe de Hody, connu sur les réseaux sociaux pour son site le chemin de la nature, nous l'explique lors de ses balades en ligne. Attention, elles ne sont mangeables qu'après avoir pris des précautions pour en retirer la toxicité. Il donne tous ses conseils pour la consommer dans une vidéo.
Une idée du goût ? Certains évoquent un petit goût de réglisse, d'autre l'amertume de la roquette. J'ai envie de vous dire, faites-vous votre propre opinion en prenant soin de suivre les conseils de détoxification au préalable. Des recettes se trouvent en ligne, pour ceux d'entre vous qui ont envie de tester.
Des bribes de science
Leur nom scientifique signifie plante qui a des ailes, les ptéridophytes. (Ptères : ailes, comme dans hélicoptère; phyte : plante). Elles sont apparues dans le monde végétal, juste après les mousses. Et ont été contemporaines des dinosaures.
Ce qui est drôle, c'est que ce nom, d'origine grecque (logique pour un nom scientifique) lui donne une petite connotation, une sorte de similitude avec les dinosaures. Imaginez un paysage foisonnant, avec des ptéridophytes ondoyants par milliers, survolés par quelques placides ptérodactyles. Bucolique tableau de l'ère secondaire, un chouia fantasmée !
Le groupe de Filicinées ou Filicophytes compte 13.000 espèces dans le monde, surtout en zone tropicale. Elles se plaisent davantage dans l'ombre et l'humidité, c'est pourquoi on les retrouve souvent dans nos sous-bois, mais certaines apprécient le soleil et d'autres même des sols secs.
Côté forme, elles sont d'une grande diversité, géantes, arborescentes, arbustives ou herbacées et même des aquatiques. Il y en a pour tous les goûts de jardiniers. Elles ne manquent pas de grâce quand le vent les fait frissonner à son rythme. Dans le milieu de la mode, on parlerait un classique incontournable. Un basique du jardin ornemental en quelque sorte. Total look vert, dans toutes ses nuances. Et un petit côté "so British", très tendance dans le milieu horticole.
Sinon pour la petite histoire, ajoutons qu'elle a besoin absolu d'eau pour sa reproduction. Reproduction qui est plus compliquée qu'il n'y parait avec ses spores et plein d'autres particularités complexes. Laissons les explications scientifiques aux botanistes passionnés.
L'instant chauvin
Pour le côté lorrain, il est intéressant de noter que le charbon de nos contrées est essentiellement composé de reste de fougères fossilisées datant de la période carbonifère. La Lorraine à l'ère Jurassique ? La classe !