Les fonctionnaires de la police judiciaire opposés au projet de réforme de la police judiciaire se sont rassemblés devant le tribunal de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Un mouvement avec le soutien des magistrats et des avocats. L'objectif est de convaincre le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin de renoncer à son projet.
Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées lundi 17 octobre 2022 devant le Tribunal de Nancy.
Les enquêteurs de police judiciaire (PJ) de Nancy (Meurthe-et-Moselle) manifestent pour tenter, avec le soutien de magistrats et d'avocats, de convaincre Gérald Darmanin de renoncer à son projet. "On n’est pas sur une simple réorganisation administrative du service. On est sur un changement avec des enjeux majeurs qui sont ceux de l’efficacité de la police judiciaire, du secret des enquêtes, du rôle de l’autorité judiciaire et de son rôle déterminant", explique Eric Bocciarelli du syndicat de la magistrature à Nancy, chargé des fonctions de juge des libertés et de la détention. Il ajoute : "Attention, ceux qui luttent au quotidien contre la délinquance organisée ont besoin de cette spécificité, ils ont besoin de moyens".
Il s'agit d'un mouvement de protestation contre le projet de réforme de la police judiciaire portée par le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin. Cette réforme, controversée, propose de placer tous les services de police à l’échelle d'un département. Avec les enquêteurs, des avocats et des magistrats sont venus exposer leurs craintes. "On ne veut pas de cette réforme parce que tout simplement, elle est départementalisée. On est une filière indépendante et on travaille avec les magistrats. Nous sommes les bras de la justice. Nous menons des enquêtes quotidiennement avec les magistrats et ce sont des dossiers très sensibles qui traitent de la criminalité organisée", explique Stephane M. de l'Association Nationale de Police Judiciaire.
Il s'agit d'une refonte totale des services de police en France. Elle s’appuie surtout sur la création de directions départementales de la police nationale, sous l'autorité du préfet.
Attention, ceux qui luttent au quotidien contre la délinquance organisée ont besoin de cette spécificité, ils ont besoin de moyens.
Eric Bocciarelli, Syndicat de la magistrature à Nancy
De son côté, François Pérain, procureur de la République de Nancy, explique que selon lui "les procureurs sont inquiets des effets de cette réforme qui vise à fondre des services d’enquête relevant de la seule autorité des magistrats du parquet et des juges d’instruction quant aux enquêtes qui leur étaient confiées, dans la sécurité publique placée à titre principal sous l’autorité administrative."