C'est l'un des grands défis de l'habitat : moins consommer d'énergie, pour moins dépenser, et pour contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique. De ma prime Rénov', aux subventions régionales, les solutions existent pour aider à transformer une passoire énergétique en domicile respectueux de l'environnement. C'est l'un des thèmes abordés dans notre magazine Enquêtes de Région, consacré au dérèglement climatique.
Mieux dépenser pour moins dépenser. Ce pourrait être le slogan des adeptes de la rénovation énergétique de l'habitat. Car si engager des travaux peut effrayer les propriétaires, de nombreuses aides existent, différentes selon les régions, pour contribuer à absorber les coûts. Et, sur le long terme, les économies réalisées sur le chauffage ou la climatisation ne sont pas négligeables.
Enquêtes de région a suivi Christian, heureux propriétaire à Laxou, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle) d'une maison très coûteuse en énergie, dans son projet de rénovation. Voici trois raisons de le regarder.
1. Pour avoir une idée du coût d'un projet de rénovation énergétique
Christian est très organisé, il ouvre un épais dossier constitué de ses devis et factures soigneusement classés. Plutôt que de lancer un petit chantier sur sa chaudière, puis un autre pour isoler ses murs, etc, il a tout lancé simultanément. Le remplacement de sa vieille chaudière par une chaudière à condensation, le changement de ses portes et fenêtres par des menuiseries en double vitrage, l'installation d'une VMC et la couverture externe de ses façades par un isolant externe de 16 cm d'épaisseur. Tout, sauf la toiture, a été rénové. Appelez-le Hercule !
Ses choix l'ont porté vers des fabricants poseurs et des matériaux de qualité. Il a privilégié les artisans locaux pour un budget total de rénovation énergétique de sa maison de 82.000 euros. Le prix à payer pour que sa maison passe de la classe F du diagnostic de performance énergétique (DPE), correspondant à ce qu'il est coutume d'appeler une passoire énergétique, à la classe C. Une belle remontée sur l'échelle qui redonne une valeur à sa maison et lui assure des économies d'énergie sur le long terme.
Avant de se lancer dans un chantier d'un tel montant, il a su frapper aux bonnes portes pour réduire significativement sa facture : une économie pour lui de 29.000 euros d'aides cumulées sur l'ensemble des travaux effectués. Un reste à charge pour lui de 59.000 euros. Non négligeable.
2. Pour savoir se faire aider dans la constitution des dossiers
Pour monter ses dossiers de demandes de subventions, Christian a fait appel à l'agence locale de l'énergie et du climat (Alec) de Nancy. Sur leur conseil, Christian a systématiquement fait faire trois devis pour chaque poste de travaux, auprès d'entreprises reconnues garantes de l'environnement (RGE). Une manière simple pour éviter les arnaques.
Nos services sont gratuits, il ne faut pas hésiter à les utiliser.
Thibault Diehl, responsable conseil Alec Nancy
Thibaud Diehl, responsable Espace-conseil France Renov' à l'Alec Nancy lui a également conseillé de faire un audit de sa maison avant les travaux. D'ailleurs, le propriétaire le reconnaît aisément "Seul, même en réfléchissant bien, j'aurais eu du mal à m'en sortir". Le conseiller explique : "on incite les gens à nous solliciter pour qu'on les accompagne et pour sécuriser leur parcours d'aides : les erreurs vont très vite, les refus de dossiers aussi, donc il faut être très exigeant dès la rédaction du devis, tant sur le timing de la démarche à la mobilisation sur facture, c'est un parcours compliqué. Nos services sont gratuits, il ne faut pas hésiter à les utiliser".
S'y retrouver parmi les différents dispositifs d'aides peut tourner au parcours du combattant. Hugo Denise, thermicien, confirme que la multiplicité des aides possibles rend leur recours complexe : "entre ma prime Renov' classique, les certificats d'économie d'énergie, ma prime Rénov' sérénité, il y a tellement de dispositifs existants que pour un propriétaire, s'il n'est pas suivi, c'est presque impossible d'aboutir à une subvention". D'autant qu'il ne faut faire aucune erreur dans la constitution des dossiers, sous peine de les voir retoqués.
En avril 2023, afin d'aider les particuliers dans la constitution des dossiers, la première ministre Elisabeth Borne a fait deux annonces. D'une part, la multiplication des guichets physiques France Rénov' sur tout le territoire et la création du dispositif "Mon accompagnateur Rénov"'. Deux structures publiques qui n'ont d'autre objectif que d'aider sans avoir aucun intérêt particulier, garantissant ainsi la fiabilité du système.
3. Parce que les villes aussi doivent faire des économies d'énergie
Comme à Metz (Moselle), où la municipalité affirme que les travaux de rénovations énergétiques ont été multipliés par deux. Au cloître des Récollets, par exemple, un vaste chantier est en cours. Le bâtiment du XIVe siècle a fait l'objet de solutions spécifiques aux bâtiments historiques, avec l'utilisation de techniques anciennes, comme la chaux, matériau isolant et respirant, ou encore des fenêtres hors normes, et des tuiles en écailles de poissons. Coût total : cinq millions d'euros pour la totalité des travaux qui s'achèveront en 2025.
Dans la préfecture mosellane, 183 audits thermiques ont été réalisés sur les immeubles de la ville. Et ce sont notamment tous les bâtiments de plus de 1.000 m.² qui font l'objet de rénovations thermiques, car l'objectif annoncé est de faire jusqu'à 60 % d'économies d'énergie d'ici à 2050. Au total à Metz, sur les 45 millions de budget consacré à l'investissement en 2023, 3,5 millions vont être dévolus à la rénovation énergétique.
Ou encore comme à Rosières-aux-Salines, commune de Meurthe-et-Moselle de moins de 3.000 habitants, où l'école maternelle doit être rénovée. Le chantier a révélé ses surprises qui ont fait exploser le budget total de près de 35 %. Initialement budgétisé à 1,3 million d'euros, il est passé à 2 millions. Les économies réalisées sur d'autres paniers de dépenses ont permis de supporter cette hausse. Mais la priorité de ce type de projet de rénovation laisse un petit goût amer au maire qui a dû renoncer à certains projets de son programme de campagne électorale.