Replay. Mardi 16 juin, les quatre candidats qualifiés pour le second tour des élections municipales à Longwy (Meurthe-et-Moselle) se sont réunis sur le plateau de France 3 Lorraine pour débattre pendant 40 minutes. Plusieurs thèmes ont été abordés. Voici ce qu’il faut en retenir.
A Longwy, qui pour succéder à Jean-Marc Fournel ? Peut-être lui-même. Le maire socialiste sortant est arrivé largement en tête du premier tour, suivi d’Edouard Jacque (DVC), Mathieu Servagi (LR) et Marco Agostini (DVG). Les quatre qualifiés pour le second tour de l’élection municipale ont débattu ce mardi 16 juin 2020 sur France 3 Lorraine pendant 40 minutes.
Le débat – particulièrement animé par les invectives de plusieurs candidats – s’est principalement orienté sur l’attractivité de la ville et la sécurité, sans oublier le bilan de l’équipe en place.
Retour sur six années de mandat
Mathieu Servagi (LR) tire à boulets rouges sur l’équipe de Jean-Marc Fournel, et Edouard Jacque, maire de 2008 à 2014 en prend aussi pour son grade. "A eux deux, ils ont cumulé près d’un siècle de mandats. Résultat, la ville est sale, peu sûre, avec une fiscalité importante. On ne peut pas se satisfaire de l’état de la ville."
Jean-Marc Fournel (DVG) a bien entendu défendu le bilan de son équipe, tout en reconnaissant qu’il y a des points à améliorer. "Nous avons redressé les budgets alors qu’il y avait 2,7 millions d'euros de déficit à notre arrivée en 2014 après la mandature de M. Jacque. Nous avons rénové 20 km de voirie, modernisé les écoles, refait à neuf de nombreuses infrastructures sportives."
Conseiller municipal de la majorité sortante, Marco Agostini (DVG) assume "en partie" le bilan, mais en regrette plusieurs aspects. "Vous avez laissé tomber la culture, M. Fournel ! Beaucoup de travaux ont été effectués juste avant les élections, et certains vont impacter le budget 2021."
Edouard Jacque (DVC) dénonce le niveau élevé des impôts à Longwy. "Si M. Fournel a si bien travaillé que cela, pourquoi n’y a-t-il pas eu de baisse d’impots ? Ça fait 31 ans qu’il est là et il voudrait s’exonérer de son bilan. Il oublie qu’il a déjà augmenté les impôts en 2003 et 2004."
Rendre Longwy attractive
Pour Edouard Jacque, Longwy reste une ville "pauvre, qui perd son attractivité économique, aspirée par le Luxembourg". Pour la tête de liste divers centre, le tourisme doit être la pierre angulaire du développement de la ville.
Mathieu Servagi veut un véritable Plan Marshall à Longwy. "Il y a fort à faire pour le commerce et l’artisanat. On ne va pas assez vite pas assez loin."
"L’aide aux commerçants, c’est bien, convient Marco Agostini. Mais beaucoup de gens vont souffrir de la situation économique à venir et il ne faut pas les oublier." La tête de liste divers gauche propose par exemple de créer un centre de santé pour lutter contre la désertification médicale.
Jean-Marc Fournel veut tordre le cou aux idées reçues. "Il fait bon vivre à Longwy, c’est avant tout un état d’esprit. Et comment avoir un état d’esprit positif quand, dans vos discours [ceux des autres candidats], nous n’entendons que de la critique ?"
Sécurité: "Longwy, c’est pas le Bronx!"
Mathieu Servagi a été le plus sévère quant à la question de la sécurité à Longwy. Le candidat souhaite augmenter les effectifs de la police municipale et le nombre de caméras de surveillance pour faire baisser une insécurité qui est, selon lui, en hausse. "Quand on se lève le matin et qu’on voit sa voiture cramée avant d’aller travailler, on est dans la difficulté. La sécurité est la première des libertés."
Le maire sortant balaie le constat de Mathieu Servagi. "Il ne faut pas exagérer, Longwy, c’est pas le Bronx", affirme Jean-Marc Fournel. "En revanche, nous avons la délinquance la plus difficile à enrayer, c’est la délinquance urbaine, celle qui emm**** (sic) les citoyens au quotidien, les poubelles qui brûlent, les voitures incendiées…" Pour autant, le maire entend, comme Mathieu Servagi, renforcer la police municipale et la vidéosurveillance.
En matière de sécurité, Marco Agostini prône la prévention. "Longwy n’est pas le Far West que nous décrit Mathieu Servagi ! Il faut des médiateurs dans les quartiers. On ne peut pas mettre un policier à chaque coin de rue, ça ferait peur à la population. Les caméras – quand elles fonctionnent – ne servent qu’à déplacer la délinquance."
Il est rejoint par Edouard Jacque, qui préfère lui aussi "s’attaquer aux causes plutôt qu’aux conséquences" de l’insécurité. "Il faut améliorer les logements, rendre la ville plus inclusive, aider les plus jeunes à accéder au numérique."
Retour sur les résultats du 1er tour
L'arbitre de se scrutin sera probablement la participation. Au premier tour, le 15 mars dernier, le taux d'abstention a atteint des sommets. Seulement 27% des électeurs se sont déplacés pour voter.
- Liste LONGWY AU COEUR (divers gauche) Jean-Marc Fournel : 34,38%
- Liste FAIRE ENSEMBLE (divers) Edouard Jacque : 19,45%
- Liste CHANGER C'EST POSSIBLE AVEC MATHIEU SERVAGI (Les Républicains) Mathieu Servagi : 16,02%
- Liste LONGWY, une Gauche solidaire, citoyenne et écologiste (divers gauche) Marco Agostini : 10,71%
- Liste UNE AUTRE VOIX, UN AUTRE CHOIX (divers centre) Sylvain Kubler : 7,6%
- Liste OSEZ LA DIFFERENCE (divers), Saïd Akmouche : 5,35%
- Liste UNE EQUIPE POUR UN AVENIR SEREIN (divers), Jean-Claude Conti : 3,52%
- Liste TOUS UNIS POUR LONGWY (divers), Malik Hadjadj : 2,93%
La liste de gauche du maire sortant arrive largement en tête, et ce, malgré la présence d'une autre liste plus à gauche, celle de Marco Agostini qui avait participé à la gestion de la ville, jusqu'à ce qu'il décide de ne pas voter le budget 2020. Derrière lui, Edouard Jacque, l'ancien maire et Mathieu Servagi, délégué Les Républicains de la circonscription sont au coude à coude et semblent vouloir se disputer le leadership local d'une droite qui n'a pas réussi à s'unir au premier tour. Les autres candidats sont loin derrière, Marco Agostini réussissant néanmoins à se qualifier de justesse pour le second tour.
Il est important de souligner que ces résultats sont à pondérer. En effet, à Longwy, l'abstention a été très forte lors de ce premier tour : plus de 72% des électeurs ne se sont pas déplacés aux urnes. Si le chiffre ne détonne pas tant que cela au regard de la situation générale, en pleine crise du coronavirus, il laisse place à de nombreuses inconnues. A qui profiterait en effet un regain de participation ?