La prolifération des corbeaux et corneilles exaspère les agriculteurs en raison des dégâts causés aux récoltes. En Meurthe-et-Moselle, comme dans d'autres départements de la région, la préfecture autorise en ce moment des tirs d'abattage pour réguler ces populations.
En ville, on n'aime pas trop leurs croassements, les poubelles éventrées, les fientes sur les voitures. A la campagne, c'est carrément un enjeu économique : selon les agriculteurs, les corvidés (corbeaux et corneilles) feraient plus de dégâts que les sangliers dans les champs de la périphérie de Nancy. Dominique Bidon, qui exploite des parcelles sur Heillecourt, Ludres et Fléville, évalue les prélèvements à 600 euros de semences l'an dernier - sans compter le manque à gagner sur la récolte.
Corbeaux banlieusards...
... et pas par hasard : depuis quelques années, ces volatiles ont adopté un comportement pendulaire. Comme les humains, mais dans l'autre sens. La nuit en ville, où les grands arbres offrent un gîte totalement sûr à toute la famille (les petits naissent début mai)... Et le matin, on part au boulot dans les champs. Maïs, tournesol, pois, les corbeaux se servent derrière le semoir au printemps... et avant la moissonneuse l'été.En ville, pas possible d'utiliser l'arme à feu - le tir des nids est d'ailleurs interdit. La ville de Nancy piège les corbeaux à la Pépinière, et pour ne fâcher personne, les relâche... à la campagne.
Chasseurs experts
Dans les champs, depuis quelques années, les paysans font appel aux chasseurs. Certains comme Michel Moginot, ont acquis une expertise certaine dans le corbeau. Ils font ça gratuitement : pas question de se payer sur la bête, c'est immangeable. Et les tirs sont encadrés par une autorisation préfectorale. Ils ont lieu du 1er mars au 10 juin. Seules deux espèces de corvidés sont concernées, les plus courantes : le corbeau freux et la corneille noire. Et seulement sur certaines parcelles.
La chasse se pratique à l'affût. Des appelants en plastique (photo) sont placés devant la cache pour attirer
les -vrais- corbeaux. Ces oiseaux particulièrement intelligents sont beaucoup plus méfiants dans les champs que dans les parcs urbains, et prennent le large au moindre mouvement suspect.
Des appeaux imitant le croassement sont également utilisés (photo). L'exercice est apprécié des chasseurs aimant ruser avec l'animal. On est loin du ball-trap : en une matinée, une quinzaine de prises en moyenne. Le décompte sera rigoureusement transmis en préfecture.
Le reportage à Ludres et Fléville-devant-Nancy :
A l'occasion d'une séance de tir près de Fléville, un riverain militant de la LPO (Ligue de protection des oiseaux) s'était ému, il y a quelques semaines, de cette chasse hors période de chasse. Outre le fait que ces tirs sont autorisés, et très encadrés, il est utile de préciser que les deux espèces visées ne sont absolument pas menacées. En moyenne, un millier de corbeaux et corneilles sont tirés chaque année dans le département.