Après avoir suscité de vives polémiques, la statue du général Bigeard a été posée sur son socle ce jeudi 24 octobre 2024 au matin à Toul (Meurthe-et-Moselle), sa ville native. Un rassemblement est déjà prévu pour s'opposer à cette installation devant la mairie.
Cela faisait quelques jours que le socle en marbre, destiné à supporter la statue en bronze du général Bigeard, a été installé square du lieutenant colonel René Génin à Toul (Meurthe-et-Moselle). Signe manifeste et avant-coureur d'une installation prochaine qui s'est déroulée ce jeudi 24 octobre au matin. Depuis 9h, la statue du général Bigeard, haute de 2,50 mètres, financée par la fondation Général Bigeard, a été déposée par des militaires du 516ᵉ régiment du Train en présence de forces de l'ordre, du sculpteur et du délégué général de la fondation Bigeard.
"La torture coloniale a désormais une capitale : Toul, où une statue géante honore depuis ce matin la mémoire de celui qui inventa les vols de la mort ("crevettes Bigeard" jetées de l'hélico), enseigna la torture en Algérie et ne le regretta jamais" a commenté sur son compte Facebook, Fabrice Riceputi, enseignant et historien français, spécialiste des questions coloniales et postcoloniales en France, qui était venu en mai dernier à Nancy animer une conférence sur le militaire et homme politique français.
Pour moi, cette statue n'a pas sa place ici car Bigeard ne représente pas l'armée honorable
Hughes Ferreti, collectif "Histoire et mémoire dans le respect des droits humains"
"Pour moi, cette statue n'a pas sa place ici car Bigeard ne représente pas l'armée honorable" déclare à France 3 Lorraine de son côté un opposant local, Hughes Ferretti, membre du collectif "Histoire et mémoire dans le respect des droits humains" "on ne peut pas accepter que soit mis en exemple un personnage qui a été un technicien de la torture, dont les méthodes ont été exportées en Amérique latine. La jeunesse n'a pas besoin de ce genre d'exemple, les historiens ont démontré qu'il était dans une démarche coloniale et antidémocratique."
"Je ne me prononce plus là-dessus" a expliqué Alde Harmand, le maire de Toul, "cette installation, c'est la continuité de ce qui a été engagé et décidé par délibération par le conseil municipal. Toul est la ville qui a vu naître le général Bigeard."
Le collectif "Histoire et mémoire dans le respect des droits humains" appelle à manifester ce vendredi 25 octobre devant la Mairie de Toul à 17h. "La ville de Toul, qui défend des valeurs de tolérance, de solidarité et de mixité sociale pour sa population, ne peut courir le risque de devenir un lieu, de pèlerinage pour tous les nostalgiques de la colonisation, pour des groupes fondés sur des idéologies racistes qui fracture déjà notre société." argumente le collectif.
Associé à la Ligue des Droits de l'Homme 54, le collectif a mis en ligne une pétition pour dire Non à cette statue dans l'espace public. "On n'exclut pas une démarche avec une procédure administrative" poursuit Hughes Ferretti, "la seule personne qui peut remettre en cause cette installation, c'est le Préfet de Meurthe-et-Moselle, pour trouble à l'ordre public."