Depuis trente ans, Muriel vit dans une maison qui n'est pas raccordée au réseau d'eau. Micro-douches, réutilisation de l'eau des pâtes, cette habitante de Pont-à-Mousson, entre Metz et Nancy, fait très attention à sa consommation. Les épisodes de sécheresse répétés ne sont pas pour arranger sa situation.
Dans un hameau situé sur les hauteurs de Pont-à-Mousson, en Meurthe-et-Moselle, une dizaine d'habitations n'a jamais été raccordée au réseau d'eau. Muriel Sirantoine vit depuis 30 ans sans eau courante. Elle puise son eau dans un puits situé à l'extérieur de sa maison et dans une fontaine. Mais la source qui alimente le hameau se tarie. France 3 Lorraine est allé à la rencontre de Muriel.
Coalition Eau, un regroupement d'ONG, estime qu'en 2021, en France métropolitaine, 400.000 personnes n'étaient pas raccordées à un réseau de distribution d’eau potable et d’assainissement. Une problématique qui concerne des foyers situés notamment en zone rurale.
"C'est un peu comme au camping", ironise Muriel Sirantoine qui utilise une petite quantité d'eau préalablement chauffée dans une bouilloire pour faire sa vaisselle. Pas question de gaspiller l'eau restante. Elle sera utilisée pour arroser les plantes. De même, elle réutilise l'eau des pâtes, prend des micro-douches, et fait ses lessives en dehors de chez elle.
Une vigilance de chaque instant
Muriel n'a pas attendu les épisodes de sécheresse et de restrictions pour faire attention à sa consommation : "comme on fonctionne seulement avec des puits qui viennent de sources, forcément, s'il ne pleut pas, les puits ne se remplissent pas. Donc, au quotidien, on calcule, on fait attention quand on ouvre le robinet. Et si on ne fait pas attention, si on arrive à des périodes de sécheresse comme en ce moment, quand on ouvre le robinet, plus rien ne coule."
Quand c'est le cas, la seule solution est alors d'aller s'approvisionner à une fontaine située à 700 mètres de sa maison. "On vient tous les jours pour remplir 15 ou 20 bidons. Mais c'est de l'eau non potable. Elle n'est pas traitée. La qualité n'est pas surveillée donc on s'en sert pour tirer des chasses d'eau", explique Eva, la fille de Muriel. Pour ne pas gaspiller, l'utilisation des toilettes est donc limitée.
Depuis cinq ans, les périodes de pénurie s'allongent dans le hameau, passant de quelques semaines à plusieurs mois. La sécheresse de l'été 2022 fait craindre le pire aux habitants pour cet automne.