RÉTROSPECTIVE. Il y a 20 ans, un incendie ravageait une partie du château de Lunéville

Le 2 janvier 2003, un terrible incendie se déclarait dans la chapelle du château de Lunéville, détruisant l'aile sud du bâtiment qui abritait ses précieuses collections. Vingt ans plus tard, les importants travaux de rénovation entrepris ont permis au "Versailles lorrain" de retrouver une partie de son éclat.

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La date du 2 janvier 2003 restera à jamais marquée dans l'esprit des Lorrains. Ce jour-là, vers 18h, un incendie se déclare dans la chapelle du château de Lunéville, en Meurthe-et-Moselle. Les flammes se propagent rapidement à l'ensemble des toitures de l'aile sud-est, l'aile la plus noble. Elle abrite notamment les anciens appartement ducaux, la bibliothèque militaire, l'apothicairerie et le musée des faïences. 

Des pertes inestimables 

En tout, 150 pompiers - 164 au plus fort de l'action - venus de cinq casernes de Meurthe-et-Moselle et des Vosges, tentent de sauver le château. Mais la lutte acharnée des soldats du feu est compliquée par de fortes bourrasques de vent qui attisent les flammes. Les rafales atteignent les 104 km/h, déviant les jets des lances.

Le feu ravage les combles. Les parties supérieures s'effondrent les unes sur les autres. À 23h, les pompiers parviennent à maîtriser l'incendie. Ils ont réussi à sauvegarder la galerie centrale et l’aile nord mais l'aile sud-est n'est plus que décombres. Les pertes sont très importantes. La chapelle est détruite dans sa totalité, tout comme le corps du logis sud composé du musée, de l'escalier d'honneur et des salons de réceptions. Les appartements ducaux sont également partis en fumée.

L'incendie a également détruit les diverses collections du château : les 600 objets exposés dans le musée (les 5 000 oeuvres entreposées dans la réserve ont été sauvées), une grande partie de la collection des faïences de Lunéville et de Saint-Clément, la totalité de la bibliothèque militaire, l'apothicairerie, des tableaux, des lustres, des tâpisseries et tentures, des cheminées, etc.

C'est une catastrophe comme on n'en a pas eu depuis longtemps.

Michel Closse, le maire de Lunéville, le 2 janvier 2003

Le soir-même, Michel Closse, à l'époque maire de Lunéville, se rend sur place. "C'est une catastrophe comme on n'en a pas eu depuis longtemps. Le château de Lunéville est le symbole du renouveau de Lunéville. Et aujourd'hui, quand on voit se désastre, c'est effrayant…", déclare l'élu qui, ne pouvant retenir son émotion, fond en larmes. 

Plus de 100 millions d'euros de travaux 

Ce château, que le duc Léopold Ier de Lorraine (1679-1729) a fait construire en 1701, connaît alors son 13e incendie en trois cents ans d'existence (de quoi faire croire à certains en une malédiction). Devenu un symbole de la cité lorraine, le "Versailles lorrain" a été classé monument historique en 1901 pour sa chapelle et en 1998 dans sa totalité. La perte d'une partie de leur histoire est donc un véritable choc pour les habitants.

Dès le lendemain de l'incendie, Jean-Jacques Aillagon, le ministre de la Culture de l'époque, se rend à Lunéville. La reconstruction devient alors une cause nationale. Et le 7 février, l'association "Lunéville, château des lumières" est créée pour aider à cette longue entreprise.

L'enquête sur l'origine de l'incendie conclut à un très probable court-circuit dans la chapelle du château. Rapidement après le sinistre, les premières étapes se mettent en place avec la sécurisation des lieux et les fouilles dans les gravats du 15 mars au 15 août 2003. L’eau déversée en abondance, la neige et le gel menacent les parties déjà dévastées par les flammes. Une structure métallique de type "parapluie" est donc installée pour protéger des intempéries les secteurs éventrés.

Le coût total des travaux est alors estimé à plus de 100 millions d'euros afin de reconstruire et de restaurer ce qui a péri. Les coûts sont répartis entre l'État (60%) - puisque le ministère de la Défense est propriétaire des anciens appartements ducaux jusqu'en 2017 - et le département (40%), qui est propriétaire de l'ensemble du château depuis 2000.

Les étapes de la reconstruction 

Le plus gros chantier patrimonial d'Europe débute le 2 avril 2005, après deux années d'études. Le maître d'œuvre, Pierre-Yves Caillault, élabore un programme de reconstruction. La première partie des travaux coûte 50 millions d'euros.  Plus de 400 hommes et femmes travaillent à la restauration de ce joyau du patrimoine régional : charpentiers, maçons, couvreurs, tailleurs de pierre, menuisiers, plâtriers, serruriers, peintres, doreurs, ou encore spécialistes du vitrail.

Le 16 septembre 2010, la chapelle, mais aussi les salles des Gardes et de la Livrée, la crypte et l'escalier d'honneur sud peuvent accueillir du public. En 2015, le musée du château a rouvert ses portes dans les communs nord

Un nouveau programme, engagé depuis 2018 et prévu pour durer jusqu'en 2026, s'attèle à restaurer l'escalier nord, le corps central, la salle des trophées, la cour d'honneur et celle des communs. Il est financé par des subventions de l'Etat et de la région Grand-Est et par le mécénat de l'association "Lunéville, château des Lumières".

Au fil des années, le château a fait l'acquisition de plus de 3 500 œuvres (tableaux, faïences, livres, meubles, cabinet scientifique…) grâce aux dons, aux investissements divers, aux mécénats et aux primes d'assurances. Parmi ces pièces, notons l'acquisition récente de deux pièces de faïences de Lunéville lors d'une vente aux enchères à Marseille fin 2020.  

Afin d'éviter un nouvel incendie, tout a été mis en œuvre pour sécuriser au maximum le château : personnel formé au départ de feu, plan de sauvegarde des œuvres, alarmes anti-incendie, télésurveillance, agents du département présents en permanence sur les lieux, agents de sécurité la nuit... Rien n'est laissé au hasard pour protéger le "Versailles lorrain". 

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