Jolan, 13 ans, autiste, attend son auxiliaire de vie scolaire depuis plus d’un an. Une aide pourtant indispensable pour l’adolescent scolarisé en classe de 5ème au Collège de Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Impossible également de le placer dans un institut médico-éducatif, la faute à des établissements déjà saturés. Dans l'impasse, sa mère lance un appel à l’aide.
Jolan, 13 ans, autiste, est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. L’adolescent est scolarisé au Collège de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) en section ULIS, destinée aux élèves en situation de handicap. En classe de 5ème, il a le niveau scolaire d’un élève de fin de CP et nécessite un accompagnement permanent. Pourtant, c’est déjà sa deuxième rentrée scolaire sans auxiliaire de vie scolaire (AVS).
“Mon fils se sent abandonné sans AVS”
Jolan est un garçon très introverti et solitaire, passionné par les automobiles. Sur son temps libre, il adore jouer aux petites voitures toute la journée. Pendant des années, les pédo-psychiatres ont pensé que le jeune garçon souffrait d’un trouble déficitaire de l'attention. Pourtant, il y a deux ans, le douloureux verdict tombe, Jolan est autiste. “On ne connaît pas précisément son degré d’autisme car il refuse de communiquer en dehors du cercle familial et donc avec les médecins”, explique sa maman, Prudence Habert.
Jolan ne parle à personne, pourtant il a besoin de quelqu’un avec qui il va créer un lien, d’une personne référente pour lui.
Prudence Habert, maman de Jolan
Les troubles autistiques de Jolan nécessiteraient un accompagnement permanent. Depuis son arrivée au collège en septembre 2021, c’est pourtant sa deuxième rentrée scolaire sans auxiliaire de vie scolaire (AVS). Une situation intenable, aussi bien pour l'adolescent que pour les professeurs et les autres élèves. “Il a un rapport conflictuel avec les enseignants et ses camarades et il ne fait plus rien en cours. Mon fils se sent abandonné sans AVS, Jolan ne parle à personne, pourtant il a besoin de quelqu’un avec qui il va créer un lien, d’une personne référente pour lui”, se préoccupe Prudence.
Une demande d’AVS refusée
Si Jolan bénéficie de l'aide d'une accompagnante d'élèves en situation de handicap (AESH) durant les heures de cours, cette prise en charge reste insuffisante. En effet, l’accompagnante doit aussi s'occuper de tous les autres élèves de la classe, 12 enfants au total, impossible donc de se concentrer uniquement sur Jolan. “Ma demande d’auxiliaire de vie scolaire pour Jolan a été refusée car il y a déjà une accompagnante d'élèves en situation de handicap pour toute la classe”, explique sa maman.
Jolan ne s’alimente plus quand il est à la cantine, pourtant c’est un adolescent en pleine croissance.
Prudence Habert, maman de Jolan
Depuis plusieurs mois, Jolan va de plus en plus mal. “Il refuse de me parler de l’école et ne veut pas enlever son manteau en classe, c’est un peu sa carapace. Jolan ne s’alimente plus quand il est à la cantine, pourtant c’est un adolescent en pleine croissance”, s’inquiète Prudence. De retour à la maison, son fils se précipite sur la nourriture.
Il n’est pas capable de décrire ses sentiments, il pousse des cris, il se roule par terre et son comportement perturbe les autres élèves.
Prudence Habert, maman de Jolan
Les crises de Jolan se rapprochent et la situation devient urgente : “Il n’est pas capable de décrire ses sentiments, il pousse des cris, il se roule par terre et son comportement perturbe les autres élèves”, s’inquiète sa maman. Dans l'impasse, la direction de l'établissement scolaire lui a notifié que Jolan risquait l’exclusion. Une situation qui affole sa mère: “S’il est exclu du collège, j’ai peur qu’il développe une phobie scolaire et qu’il n’arrive plus jamais à s’intégrer”.
Des instituts médico-éducatifs saturés
La solution à court terme, selon l’équipe enseignante, serait d’obtenir une place pour Jolan dans un institut médico-éducatif (IME). Sa maman a donc déposé il y a plusieurs mois un dossier à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Pour l’heure, pas de place pour Jolan qui est en liste d’attente dans les établissements déjà saturés de Lunéville (Meurthe-et-Moselle) et Sarrebourg (Moselle).
On ne sait pas quoi faire, on ne sait plus qui contacter, ma grand-mère a même écrit au ministère de la Santé.
Prudence Habert, maman de Jolan
“L’idéal serait une place en institut médico-éducatif sur le court terme mais les listes d’attente peuvent durer deux ans. Je suis consciente que d’autres parents sont dans le même cas de figure. On ne sait pas quoi faire, on ne sait plus qui contacter, ma grand-mère a même écrit au ministère de la Santé”, désespère Prudence.
Dans l'académie de Nancy-Metz, près de 18.000 élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire ou en unités d’enseignement au sein d'établissements médico-sociaux. Par ailleurs, 4.000 accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) sont présents dans l’académie, selon les données du rectorat Nancy-Metz.