L'avocat général a requis ce vendredi trente ans de réclusion criminelle contre Madjid et Abdelaziz Abbad et vingt ans contre Aurélien Noizet. Les trois accusés sont jugés en appel depuis jeudi à Reims pour le meurtre, en juin 2014, de Jaouel Rondeau à Charleville-Mézières.
Mise à jour 24/11/18 18h : Les deux frères Abbad ont été condamnés à 25 ans de réclusion criminelle. C'est 5 ans de plus qu'en première instance pour Madjid Abbad. Aurélien Noizet, lui, est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, 5 ans de moins qu'en première instance.
Il aura fallu attendre le sixième jour du procès en appel, ce jeudi 22 novembre, pour que le tireur présumé Aurélien Noizet parle enfin. Il est accusé d'avoir abattu Jaouel Rondeau de trente balles dans un salon de thé du quartier de la Ronde Couture, à Charleville-Mézières. Le gérant du salon de thé avait été grièvement blessé.
"J'ai peur de la famille Abbad et de la famille Rondeau", a-t-il déclaré, évoquant les deux parties opposées dans ce procès. "J'ai peur de dire ce que je sais sur l'affaire. Ce n'est pas moi qui ai tiré, je ne savais pas que ça se terminerait comme ça."
Condamné à 25 ans de prison en première instance, Aurélien Noizet a évoqué une tierce personne à laquelle il aurait remis un sac contenant l'arme. Il a surtout directement impliqué pour la première fois ses deux accusés, les frères Abbad.
"Il a dit la moitié de la vérité"
"Il a dit une partie de la vérité, a estimé, soulagée, Fatima Rondeau, soeur de la victime. Maintenant on attend le verdict."Suite à ces nouvelles déclarations, les avocats de la défense ont demandé un complément d'informations. Mais la cour d'assises d'appel a décidé ce vendredi matin de ne pas suivre cette requête. Le procès s'est donc poursuivi avec les plaidoiries des parties civiles.
"Un monde sans règles"
"Ce dossier, c'est un monde que nous ne connaissons pas, un monde sans règles, le monde des stupéfiants", a insisté Me David Meunier, l'avocat de Walid Moussaoui, le propriétaire du salon de thé et seconde victime de ce drame. L'avocat a souligné la place de la famille Abbad dans le quartier de la Ronde Couture : "Une marque, un label sur un territoire", rappelant la bagarre qui a précédé le drame entre la famille Abbad et la famille Rondeau.Aurélien Noizet est-il l'homme de main des frères Abbad ? C'est à cette question que ce procès devra répondre.
"Abdelaziz Abbad a été acquitté à tort"
Dans un réquisitoire long d'1h30, l'avocat général a parlé de ces "quartiers, des zones de non-droit où c’est le plus fort qui s’impose", en parlant des frères Abbad. A leur encontre, l'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle, concluant par une citation de Corneille : "Quand le bras a failli, c’est la tête qu’on punit".L'avocat général a requis 20 ans de réclusion criminelle contre Aurélien Noizet - "le bon soldat par excellence" - parce qu'"il est jeune et il a commencé à parler".
Le verdict devrait tomber samedi.
25 et 20 ans de prison en première instance
Après huit heures de délibérations, la cour d'assises des Ardennes avait condamné le 22 décembre 2017 Aurélien Noizet à 25 ans de réclusion criminelle, ainsi que Madjid Abbad à 20 ans de réclusion. Abdelaziz Abbad et Ludovic Rochette, les deux autres accusés, avaient été acquittés.Ils étaient jugés pour le meurtre de Jaouel Rondeau le 23 juin 2014. Le gérant du salon de thé, où la fusillade avait éclaté, avait été grièvement blessé.
Un mois après la décision du tribunal, le parquet a fait appel du verdict concernant la condamnation d'Aurélien Noizet et de Madjid Abbad, ainsi que de l'acquittement d'Abdelaziz Abbad. Cette décision avait provoqué une vive émotion au sein de l'audience.
De leur côté, les deux accusés avaient aussi fait appel de leur jugement, clamant toujours leur innocence.