Depuis mars 2019, les clubs sportifs amateurs ont eux aussi dû faire face aux conséquences de la pandémie de coronavirus. Les confinements, les saisons tronquées, voire une année blanche. Malgré toutes ces épreuves, les conséquences ne sont pas toujours catastrophiques.

Un an après, en ce printemps 2021, les clubs sportifs amateurs ont survécu au coronavirus et à ses conséquences. Trois confinements depuis le début de la pandémie. La saison 2020 stoppée, trois mois avant le clap de fin. Et une saison blanche cette année. Mais ils sont toujours là. Et les effets de cette crise ne semblent pas si désastreux selon les représentants de ces clubs que nous avons joints.

Des pertes, forcément

Après tant d’épreuves, les clubs sportifs amateurs devaient eux-aussi subir les effets de la vague Covid. Elle a marqué cette saison de son sceau blanc, l'interrompant dès le mois d’octobre, pour finalement annuler toutes les compétitions.
Les clubs ont alors dû en affronter les conséquences. Sonnantes et trébuchantes.
"On va faire des efforts financiers pour la reprise des licences. On a été aidé sur l’année précédente par la Fédération, mais cette année, c’est silence radio. On a consenti à un rabais significatif sur les licences comme la fin de saison dernière a été tronquée. Mais cette année, toute la saison est tronquée", explique Rémi Villaggi, président du club de rugby du SA Verdun. 

Sans les compétitions, et tout ce qui va avec, la tâche est devenue beaucoup plus difficile. Les buvettes, les tournois et autres événements font aussi vivre les structures sportives amateurs tout au long d’une saison.
Jérôme Heilmann, président du club de volley-ball de Yutz-Thionville, évoque deux gros tournois organisés par son club : "Ils ramenaient beaucoup de monde, plus de 200 joueurs. Là-dessus, c’est près de 10.000 euros de pertes de revenus sur la buvette, les repas". Pour Rémi Villaggi, le club-house du SA Verdun tient aussi un rôle important dans la vie du club : "Sur une année normale de fonctionnement, on doit être aux alentours de 20 % de notre budget". 

Mais lorsque l’on retire aussi des événements qui font vivre un club, à l’image de la foire de Verdun en septembre où le SA Verdun a l’habitude de tenir un espace de restauration, la tâche se complique pour survivre.
"La plus grosse entrée d’argent, générée par nos propres moyens, c’est la foire. Quand on fait une bonne année, on est proche là-aussi de 20 % de notre budget. C’est un apport essentiel pour le club. Cette année, on a dû tout décliner. On a eu zéro rentrée d’argent".

Effets limités de la crise sanitaire

"Après, on ne va pas se le cacher, on a beaucoup moins de dépenses par rapport aux compétitions, aux stages…".
Ces mots sont ceux d’Eric Cirk du club de lutte de Sarreguemines. Si les clubs ont subi cette crise, ces propos font écho chez beaucoup de ses confrères qui perçoivent des effets limités à cette crise.
Si Rémi Villaggi parle de pertes, son confrère Jérôme Heilmann constate aussi des économies : "On n'a pas eu de frais de déplacement cette année. Ils sont énormes pour un club comme le nôtre avec vingt équipes engagées. On a deux camionnettes. On n'a fait que deux pleins d'essence en une saison, au lieu de 40 par minibus normalement. Pas de frais d’hôtel non plus".

Alors forcément, quand on commence à compter, des économies apparaissent aussi.
Tous les frais de compétition, comme ceux des déplacements, n’ont pas été comptabilisés avec cette saison blanche : "Juste pour la Nationale 2, les frais d'arbitrage et les frais de transport, cela revient à une économie de 15.000 euros. Sur les licences, il va y avoir des réductions. On va pouvoir rembourser une partie de la cotisation aux licenciés. Les seniors seront quasiment remboursés à 100 % et pour les jeunes, on verra selon le nombre d’opérations qu’on a mis en place".

Une estimation à peu près équivalente pour Rémi Villaggi du SA Verdun : "Sur le plan financier, je pense qu’on arrivera à s’en sortir. Intuitivement, si on provisionne pour l’année prochaine, les rentrées d’argent vont être soit remboursées, soit reportées à 2022. En dehors des subventions, on n’aura presque pas de rentrée d’argent, mais on n’aura pas de sortie non plus". 

Une situation loin de la catastrophe. Bien au contraire pour le club de volley de Yutz-Thionville.
"Nous sommes est en train de simuler la fin de l'exercice 2021 pour voir à combien va s'élever le bénéfice. On était déjà en bénéfice l'année dernière. Ça va nous permettre d'investir dans de l'équipement neuf, de renouveler les véhicules. On est à but non-lucratif, on ne doit pas garder d'argent donc ça permet de faire des investissements, qu'on n'aurait pas pu faire habituellement".

Des aides essentielles

Si certains parviennent à dégager des bénéfices, d’autres sont heureux de rester à l’équilibre.
Des situations permises grâce aux aides essentielles de différents acteurs du sport et des soutiens. Pour les sports de combat, parmi les plus touchés par cette crise, la survie passe par ces aides. "On a les subventions de nos différents partenaires, la ville de Sarreguemines, le Conseil général du département et le Grand Est. Heureusement que l'État aide aussi par rapport aux employés avec le chômage partiel", nous confie Eric Cirk.

Chacun parvient à être aidé, à son échelle, par les villes ou municipalités.
"On est super épaulé par la municipalité de Verdun qui nous a assuré de son soutien quant au manque à gagner sur les licences. La ville a reconduit les aides en subvention de la saison précédente. Ce qui n'est, à mon avis, pas le cas de toutes les municipalités", explique le président meusien. Son homologue mosellan du club de volley le sait : "Nous sommes parmi les emplois encore les plus aidés par l’État, car on nous impose une cessation d'activité. Pour les salariés, c'est à hauteur de 90 % à l'heure actuelle. Il y a également des allègements, on est exonéré de l’URSAFF. Même par rapport à ce qu'on doit encore payer, on a des exonérations".

Le flou pour l’année prochaine

Mais ces aides ne pourront pas exister éternellement. Le "à n'importe quel prix" a forcément une date limite. Qui n'est pas encore précisée. Mais qui arrivera.
Et le fantôme d’une nouvelle saison tronquée par la Covid est loin de ressembler à une dystopie. D’autant que pour Jérôme Heilmann, les pertes ne sont pas que financières : "Il y a un gros point d'interrogation du point de vue des effectifs. On a eu une forte perte de licenciés entre les deux saisons. À la base, nous avons 200 licenciés. Nous en avons perdu une cinquantaine. Et beaucoup de cette année ne reviennent pas non plus".

Les sponsors aussi sont essentiels pour certains clubs, mais tout le monde ne pourra répondre à l’appel après une année comme celle qui vient de s’écouler.
"Je n’ai pas vraiment osé aller les voir, par respect, puisqu'ils se retrouvent aussi dans une situation délicate. Mais c’est certain qu’on va en perdre", révèle humblement l’entraîneur de lutte de Sarreguemines. Mais pour lui, l’essentiel est ailleurs : "Le plus important, ce sont les jeunes, les enfants qui participaient à la lutte, c'est ça qui me chagrine le plus, ça va leur faire plus d'un an sans avoir été sur le tapis, c'est dur. J'aimerais déjà qu'on puisse ouvrir pour les enfants à la mi-mai, pour finir la saison avec eux, pour les retrouver. Rien que pour les entraînements, ça serait déjà un bonheur", sourit avec beaucoup d’émotion Eric Cirk.

D’autant que ces jeunes, qui pensent arrêter le sport, passent peut-être, sans le savoir, à côté d’un rêve éveillé.
Eric Cirk le sait, si Saifedine Alekma, son poulain au club de Sarreguemines, avait arrêté la lutte plus jeune, il n'aurait jamais terminé deuxième des championnats d’Europe de Varsovie ce mardi 20 avril 2021.
Le sport en club peut offrir ce genre de rêves. Et espère pouvoir le faire encore longtemps.
 

L'actualité "Sport" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Grand Est
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité