Jusqu’au 26 mai 2023, les chercheurs de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) travaillent à Verdun sur le site d’une ancienne usine d’enrobé. Grâce à leurs fouilles, les scientifiques disposent désormais d’indications plus précises sur l’histoire médiévale de ce quartier.
Bientôt, le site accueillera le supermarché discount d’une grande marque allemande. En attendant, les archéologues de l’INRAP fouillent le sous-sol, et leurs découvertes permettent de mieux documenter l’histoire des lieux.
Ce qui a marqué le quartier, c'est la présence de l'abbaye et de moines. Mais jusque-là on ne savait pas précisément où elle se trouvait
Laurent Vermerard, archéologue de l'INRAP en charge du chantier
Le scientifique se réjouit du travail déjà accompli : "on en sait plus sur ce qui n’était qu’un terrain vague il y a quelques mois encore. Le quartier Saint-Paul est bien connu des habitants, mais la disposition exacte des lieux n’était pas précise. Désormais, on sait que c’est exactement ici que se trouvait l’abbaye".
Les traces les plus anciennes remontent au septième siècle : "on a déterminé qu’il y a bien ici une nécropole liée à la construction d’une église qui s’est poursuivie jusqu’au 10è siècle. Elle a été transformée en abbaye à ce moment-là. Le site a ensuite été aménagé progressivement, avec notamment la construction de canaux pour amener de l’eau et alimenter un moulin".
Le quartier et l’abbaye Saint Paul ont été totalement détruits en 1551 pour éviter que les armées de Charles Quint ne s’emparent de la ville, mais le travail récent des archéologues montre que le site a a connu des phases de destructions/reconstructions antérieures, avec notamment la mise au jour de nombreux murs qui se chevauchent.
Des incertitudes demeurent néanmoins sur l’organisation globale de l’abbaye. Des structures imposantes et de la maçonnerie en gros appareil ont été répertoriés, mais les scientifiques ignorent toujours à quoi servaient les fosses rubéfiées (rougies par le feu) qui ont été découvertes : four à chaux, à céramique pour orner l’abbaye ? Le mystère demeure, et restera sans doute intact pendant quelques temps encore, jusqu’au prochain chantier de fouille dans quelques siècles.