Moselle. Il invente Géocoeur pour repérer les défibrillateurs publics : "ces appareils peuvent sauver des vies"

Frédéric Leybold, 34 ans est infirmier en réanimation et pompier au Luxembourg. Mais aussi président de l’association française des premiers répondants basée à Thionville (Moselle). Il vient d'être primé par le mois de l'économie solidaire et sociale pour son invention. Rencontre.

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France 3 Grand Est, partenaire du mois de l’économie sociale et solidaire avec la CRESS Grand Est, vous propose de découvrir Frédéric Leybold, primé dans la catégorie "utilité sociale". Passionné par son métier d'infirmier, concerné et engagé par le secours à la personne, il cherche avec son association à innover pour sauver plus de vies. A l’occasion du mois de l’économie sociale et solidaire qui a eu lieu du 1er au 30 novembre, dans tout le Grand Est, il a présenté Géocoeur un tout nouveau système qui permet de repérer l’emplacement d’un défibrillateur public. Une belle innovation parmi toutes les initiatives du mois de l'economie sociale et solidaire (fichier PDF) : elle a d’ailleurs remporté le prix régional de l'économie sociale et solidaire Grand Est, catégorie "utilité sociale", qui sera remis le 21 décembre 2021.

Frédéric Leybold s'intéresse à la santé publique depuis plusieurs années. En 2016, il fonde l'association française des premiers répondants (AFPR) dont il est le président. Une association principalement composée de premiers répondants et de bénévoles qui est très fière de Géocoeur pour laquelle elle a déposé un brevet. Une action peu commune pour une association. Elle a également signé un partenariat avec le régime local Alsace-Moselle qui va financer l'expérimentation de ce système panneau connecté. Dans les prochaines semaines, 100 panneaux connectés vont être déployés en Moselle. Frédéric Leybold espère que ce produit se développera ensuite partout en France et sauvera des vies.

L'objectif de Frédéric Leybold était de créer une application mobile qui alerte les premières personnes capables d’intervenir lorsqu’un arrêt cardiaque se produit. En effet, passées les dix premières minutes, les chances de s’en sortir pour une victime sont faibles, et la réanimation cardio-respiratoire permet d’allonger ce délai en attendant l’intervention des secours. Et actuellement, un défibrillateur n'a qu' 1% de chance d'être utilisé.

Le 1er octobre 2018, l’application mobile AFPR  qui permet de mettre en relation les victimes d’arrêt cardiaque et des secouristes de proximité était lancée officiellement en Moselle. Elle a été déployée dans la Marne en octobre 2021 et le sera prochainement dans les Vosges. Rencontre avec un citoyen engagé, qui sait transformer ses idées en actions concrètes.

En septembre 2015, vous avez eu un déclic, pourquoi ?
J’étais chez moi et une de mes voisines a fait un arrêt cardiaque. Je l’ai découvert quand l’ambulance est passée devant la porte. Je me suis dit que j’aurais pu intervenir, je suis infirmier en réanimation, sapeur-pompier. J’ai réalisé à cette occasion que dans chaque ville, dans chaque quartier, des gens sont formés et pourraient intervenir avant même l’arrivée des secours. A partir de cette réflexion, avec des amis infirmiers, pompiers, nous nous sommes dit que les technologies qui nous permettent de trouver la pizza ou l’âme sœur la plus proche de chez nous, pourraient servir aussi pour trouver la personne la plus proche qui peut sauver une vie.

Qui sont les premiers répondants de votre association AFPR ?
Ce sont des sauveteurs secouristes du travail, des médecins par exemple, en tout cas des personnes déjà formées et qui le sont encore régulièrement.


Si l’on n’est pas formé et que l'on souhaite devenir premier répondant, comment faire ?
L’association française des premiers répondants travaille avec des communautés de communes qui se chargent de faire former les personnes intéressées par la Croix Rouge ou la Protection civile, et financent ces formations. Les candidats passent leur certificat de prévention et secours civiques de 1er niveau (PSC1) en une journée. Ensuite, une demi-journée par an de formation complémentaire leur permet de se sentir capable d’intervenir.

Qu’est-ce qui vous différencie des autres applications mobiles telles que Permis de sauver, SAUV life ou encore StayAlive ?
La première spécificité de notre application réside dans le fait que nous vérifions bien que toutes les personnes qui souhaitent devenir premier répondant sont correctement formées aux premiers secours. Nous sommes également présents dans les départements où le besoin n'est pas couvert par d'autres applications. La seconde spécificité, c’est ce projet qui associe 13 communautés de communes et nous permet de toucher les communes, les villages. On forme ainsi  3 ou 4 personnes qui pourront intervenir en attendant l’arrivée des pompiers qui mettent peut-être plus de temps à intervenir qu’en ville. Le temps c’est la clé. Plus on intervient vite, plus on a de chance de sauver la victime. Par exemple avec la Communauté de communes de Thionville Portes de France, nous avons pour objectif de former un premier répondant pour 500 habitants.

Comment vous est venue l’idée de Géocoeur ?
J’étais dans les locaux de France Bleu Lorraine pour une interview au sujet de l’application AFPR. En voyant leur défibrillateur, je me suis dit que ces appareils pourraient être utiles au-delà des personnes les plus à proximité. En cas d’arrêt cardiaque dans une zone définie, ces appareils peuvent sauver des vies, mais on sait qu’ils servent encore trop peu. Initialement, j’avais pensé à un gyrophare qui pourrait se mettre en route dans notre application quand un arrêt cardiaque se produit à proximité. Finalement, c’est un panneau connecté placé au-dessus des défibrillateurs et connecté à notre système qui a été lancé le 25 novembre, au Conseil Départemental de Moselle. Cette nouvelle innovation s’appelle Géocoeur.


Qu’est-ce que Géocoeur ?
Un boîtier connecté destiné à sauver les victimes en arrêt cardiaque. Disposé au-dessus des défibrillateurs, il est reconnaissable par son signal lumineux et sonore qui se déclenche lorsqu'un arrêt cardiaque survient à proximité. Les passants dans la rue alertés, peuvent alors apporter le défibrillateur à l'endroit où se trouve la victime.
 


Concrètement, comment ça marche Géocoeur ?
Demain, vous êtes témoin d’un arrêt cardiaque : vous allez appeler les secours, le 15 ou le 18. L’opérateur que vous allez avoir au téléphone va vous poser des questions permettant d’identifier s’il s’agit d’un arrêt cardiaque. Il enverra le cas échéant les secours sur place, et en parallèle, immédiatement, une alerte sur notre système : celle-ci identifiera grâce à notre appli nos fameux premiers répondants, géolocalisés à proximité de la victime. Cela déclenchera en même temps les panneaux connectés qui seront installés au-dessus des défibrillateurs à proximité. Concrètement, un signal lumineux et sonore retentira, avec un message indiquant "arrêt cardiaque à proximité, on a besoin du défibrillateur". Il suffira alors de flasher le QR code avec son smartphone pour recevoir l’indication de la distance en temps, à pieds ou en voiture, pour rejoindre la personne victime. Si le premier répondant accepte alors l’intervention, il pourra prendre le défibrillateur et se rendre à l’endroit indiqué.

Un dernier conseil pratique à nous donner ?
Le conseil que je peux donner, c'est véritablement d’identifier des formations proches de chez soi, se former, apprendre les gestes. Que représentent sept heures de formation face à la possibilité de sauver une vie ?

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