Alors que deux manifestations à la mémoire de Stéphanie Di Vincenzo se déroulaient mercredi 26 mai à Hayange et Algrange en fin de journée, la justice annonçait l’incarcération de Liridon Berisa, son conjoint et meurtrier présumé. Une mission d'inspection de fonctionnement a été lancée.
Plus de 400 personnes ont participé, mercredi 26 mai 2021, à un rassemblement devant la mairie d'Hayange, la commune au centre-ville de laquelle Stéphanie Di Vincenzo, 22 ans, a été poignardée à mort dans la nuit de dimanche à lundi.
Proposé par le maire RN d'Hayange, Fabien Engelmann, en accord avec la famille, le rassemblement s'est accompagné d'une marche blanche vers le lieu du drame, auquel a participé l'élu. Celui-ci a insisté sur le côté apolitique de cette démarche, en réponse à l'absence des associations féministes et à l'organisation d'une autre manifestation qui s'est déroulée, elle, dans la commune voisine d'Algrange : "Je ne veux pas faire de polémique. Je n'ai pas fait de politisation, j'ai même suspendu ma campagne cette semaine. Il y a eu un crime, il y a de la tristesse. Arrêtons de créer des polémiques stériles qui n'existent pas."
Dans le cortège, beaucoup d'émotion, de la colère également.
Les participants portaient des portraits de la jeune femme, des fleurs et des pancartes, indiquant par exemple "J'ai voulu porter plainte, on m'a dit Rentrez chez vous". "C'est une énième mort qui aurait pu être évitée", réagit l'un des manifestants, porteur d'une pancarte en hommage à la jeune femme. "Le procureur de Metz qui dit que la justice n'était pas au courant que son conjoint était violent, je trouve cela inadmissible." Plus loin, une femme, émue, "il faut que tout cela cesse, que l'on prenne enfin cela au sérieux et que l'on arrête de banaliser la chose et d'en faire un tabou. Il faut que l'on comprenne que des femmes battues, il y en a. Elles ne doivent pas avoir honte de parler et que la justice fasse son travail."
Incarcération du suspect
Dans le même temps la justice indiquait que le meurtrier présumé de la jeune femme, son compagnon et père de leur petite fille -qui a assisté à la mort de sa mère- avait été mis en examen pour homicide par conjoint. Liridon Berisa, réfugié politique serbe âgé de 23 ans, a ensuite été incarcéré. Une femme d'une quarantaine d'années, chez qui il s'était caché dans la journée de lundi a, elle, été mise en examen pour "soustraction d'un criminel à l'arrestation ou aux recherches" et placée sous contrôle judiciaire.
Une mission d'inspection de fonctionnement
Dans la journée, le gouvernement avait annoncé une mission d’inspection commune aux ministères de l'Intérieur et de la Justice, afin de comprendre comment le jeune homme avait pu effectuer la fin de sa peine pour délit routier, au domicile conjugal, avec un bracelet électronique, alors même que la jeune femme avait porté plainte contre lui avant son incarcération pour des violences conjugales.
L'Inspection générale de l'administration et l'Inspection générale de la justice ont été chargées de cette "mission d'inspection de fonctionnement pour faire toute la lumière suite au terrible féminicide d'Hayange".
Avec @E_DupondM et @MarleneSchiappa, nous avons décidé de saisir l'inspection générale de l'administration et l'inspection générale de la justice afin qu'une mission d'inspection de fonctionnement soit diligentée pour faire toute la lumière suite au terrible féminicide d'Hayange.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 26, 2021
Une enquête que Jan Rottner, président sortant de la Région Grand Est et candidat à sa succession, avait appelé de ses voeux et dont il a donné acte au gouvernement sur Twitter.
Mercredi matin, sur France Info, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, avait rappelé que "concernant les violences conjugales : ça doit être des plaintes et 100% des plaintes doivent être prises, qualifiées et transmises au parquet."
Lors de sa conférence de presse, mardi 25 mai, le procureur de la République de Metz, avait reconnu un défaut dans la transmission de la plainte pour violences conjugales, déposée par la victime en 2020. "Dans un monde idéal, les instructions ont été données, depuis le Grenelle des violences faites aux femmes, d’aviser le parquet de tout dépôt de plainte. C’est la procédure idéale. En l’espèce, cela n’a pas été fait", a indiqué Christian Mercuri.