Electricité : pendant la maintenance du parc nucléaire, la centrale à charbon de Saint-Avold appelée à la rescousse

Pour répondre aux besoins en énergie des français, la centrale Emile-Huchet de Saint-Avold -qui doit fermer définitivement ses portes le 31 mars- a commandé 90.000 tonnes de charbon. Le décret nécessaire est en ce moment soumis à consultation. La centrale a de grands projets pour l'après-charbon.

Pouvoir être appelée à augmenter ses capacités du jour au lendemain, c’est une des prérogatives de la centrale à charbon de Saint-Avold. Elles ne sont plus que deux en France : Cordemais en Loire-Atlantique et Emile Huchet en Moselle. C’est donc à cette dernière que le gouvernement a demandé en toute fin d’année 2021 d’augmenter sa production d’énergie à 1.000 heures en janvier-février 2022 et 600 heures en mars avant la fermeture programmée de la centrale qui, elle, n’est pas remise en cause.

Une mesure exceptionnelle pour laquelle un décret ministériel est actuellement soumis à consultation, c’est à dire en débat avec tous les acteurs concernés et en attente de signature.

Dix réacteurs nucléaires en maintenance 

C'est la fermeture provisoire de dix réacteurs nucléaires pour maintenance qui a pour conséquence une baisse de la capacité à produire suffisamment d’énergie pour tous les français alors que le froid est bien là.

"On ne s’attendait pas à cette demande, on a réussi à commander 90.000 tonnes de charbon en un temps record en activant toutes les chaînes logistiques et ça n’était pas simple " nous explique Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie. "Il fallait déjà le trouver, heureusement on avait un peu de stock dans le sud à Marseille et l'acheminer rapidement, on a pu dans un premier temps récupérer quelques milliers de tonnes de charbon. On va produire non-stop s'il le faut".

Quelle transition énergétique pour la centrale ?

Jugée trop polluante, la centrale à charbon doit fermer ses portes le 31 mars 2022; mais sa reconversion se dessine déjà selon trois axes :

  • La production de chaleur via une centrale à biomasse

Le 10 décembre 2021, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'industrie était justement venue sur le plateforme de Carling-Saint-Avold poser la première pierre de la centrale qui produira de la chaleur décarbonée.

"On passerait de 600 à 20 mégawatts mais cela permettrait de maintenir 20 emplois sur le site" précise Camille Jaffrelo. Sur les 80 salariés, 40 sont éligibles au départ à la retraite et 20 autres auraient déjà trouvé des solutions de réemploi dans le secteur selon la communicante. 

  • La production d'hydrogène

Deux projets sont prévus pour l'hydrogène: le premier ne concerne qu'un mégawatt, il s'agirait d'une ligne de production pour la mobilité afin de fournir en hydrogène les bus et les camions du secteur.

L'autre projet franco-allemand est d'envergure : produire et transporter de l'hydrogène dans le cadre du projet Mosahyc qui a pour ambition de créer un réseau de transport européen 100% hydrogène entre la Sarre, le Grand Est et le Luxembourg. Le départ de la canalisation se ferait depuis la centrale Emile Huchet.

Les installations existantes permettraient de s'adapter facilement à la production d'hydrogène et les quantités d'eau à disposition sont suffisantes. Il s'agit là d'un projet d'investissement à 400 millions d'euros.
"Nous voulons produire de l'hydrogène vert, ce projet ambitieux permettrait la création d'une centaine d'emplois directs", détaille la porte-parole, "nous attendons des décisions d'investissement du gouvernement pour cette année car l'Allemagne doit également se décider en 2022 et il est important que nous soyons coordonnés".

  • L'installation d'entreprises qui décarbonent 

Le deal c'est que les entreprises qui s'installeraient sur le site de la centrale soient vertes. Leur production devra être décarbonée à 100 %, c'est un des enjeux de la reconversion et la réindustrialisation du site

Le groupe CIRCA qui produit des solvants biosourcés est déjà sur les rangs. Le groupe cherchait justement un site de production européen pour produire en Europe 1.000 tonnes de cyrène, son solvant vert. Ce serait dix fois plus que sa production actuelle en Australie. L'Europe est partie prenante dans ce projet pour lequel elle apporte 11, 6 millions d'euros. Un projet qui devrait permettre la création de trente emplois.

Le projet CIRCA devrait voir le jour à horizon 2023, le projet biomasse 2024 et le projet hydrogène entre 2026 et 2029, ce dernier pourrait permettre de créer 120 emplois au total.

La difficile fermeture des centrales à charbon 

Le chef de l'Etat avait promis une fermeture de toutes les centrales à charbon en 2022. Ce sera le cas pour Saint-Avold fin mars mais après un pic d'activité. La dernière, celle de Cordemais en Loire-Atlantique, ne fermera ses portes qu'en 2024 lorsque l'EPR de Flamanville entrera en servive, ce que dénoncent les associations environnementales.

Les quatre dernières centrales à charbon françaises émettaient, à elles seules, 35% des gaz à effet de serre du secteur électrique.

 

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