Le Pays du Sel menacé d'assèchement budgétaire

Le Saulnois, canton très rural, vit essentiellement de l'agriculture et du tourisme. Les restrictions budgétaires imposées aux sites culturels départementaux inquiètent. Laurent Olivier, responsables des fouilles sur le site emblématique de Marsal, tire à son tour la sonnette d'alarme.

Ce n'est pas un enfant du pays. Conservateur au musée de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Laurent Olivier a découvert Marsal à l'époque où, jeune archéologue, il s'initiait au monde celtique. Devenu une sommité en la matière, il revient chaque année fouiller ce site "unique au monde". 

Or blanc

Pendant trois millénaires, les hommes ont extrait ici le sel de la terre, laissant au passage fours de brique, céramiques et parfois monnaies et bijoux. Après l'âge du Bronze et du Fer, Marsal a connu son âge d'or sous les Ducs de Lorraine et Louis XIV. Ce patrimoine exceptionnel survivra-t-il à l'âge d'argent ?
Fondé il y a quarante ans par quelques passionnés, le Musée du Sel a été repris et développé par le Département qui en a fait l'un des piliers de sa politique de développement culturel et touristique en milieu rural. Mais depuis deux ans, les sites "Moselle Passion" font l'objet de restrictions budgétaires drastiques : fermetures hivernales, suppression de personnels... le musée de Marsal n'a plus de conservateur attitré.

Pour Laurent Olivier, cela met en péril la conservation des objets trouvés chaque année dans cette véritable "usine préhistorique", stockés dans une ancienne caserne Vauban. Péril aussi sur le musée lui-même : les réductions budgétaires, motivées par la faible fréquentation du site, risquent de l'affaiblir encore. Et de justifier, à terme, la fermeture.

Ce scénario est redouté pour d'autres musées, comme ceux de Vic-sur-Seille ou Gravelotte. Patrick Weiten, le patron du Département, a demandé une évaluation du fonctionnement des neuf sites "Moselle Passion", et attend les résultats pour se prononcer. L'an dernier, il déplorait le manque d'implication des acteurs locaux pour faire vivre ces sites aux côtés de l'institution départementale. Il est certain que la culture en milieu rural doit être le combat de tous.