Agriculture : des dizaines de corbeaux pillent et ravagent des plantations de Moselle

Moins de bruits et de chasseurs pour les effrayer : les deux mois et demi de confinement ont laissé les champs libres aux oiseaux pour voler les graines fraîchement semées. Les agriculteurs de Moselle sont désemparés fasse à l’incivilité des corbeaux qui dévalisent systématiquement leurs champs.


Ils débarquent tous les matins entre cinq et sept heures. Ils sont quarante, cinquante et parfois même une centaine. Et une fois sur place, les corbeaux arrachent méthodiquement d’un coup de bec les graines de maïs ou de tournesol.

 J’ai tout essayé pour les faire fuir !
- Etienne Grosjean, agriculteur à Remilly (Moselle)

Tous les jours ou presque, Etienne Grosjean revit le même cauchemar. Certes, on est encore bien loin d'un remake du célèbre film "Les oiseaux" d’Alfred Hitchcock mais le scénario est tout aussi déroutant.

Mais la situation est en passe de devenir dramatique. Les agriculteurs, comme Etienne, dépensent des sommes folles pour s’en débarrasser et limiter les dégâts. Les récoltes, elles, ne s’annoncent pas meilleures pour autant, sans compter que Météo France a déjà annoncé la possibilité d’une nouvelle période de sécheresse pour cette été.

La grosse artillerie

Sur sa parcelle, Etienne a déjà du ressemé un tiers de sa surface de maïs, pour un surcoût de 5.000 euros. Et pour dissuader des corbeaux de revenir, il a dû employer les grands moyens.

"Avec mes enfants, on a testé les effaroucheurs en plastiques et bâtons,  puis des épouvantails construits avec de vieux vêtements mais rien n’y fait", se lamente Etienne Grosjean.

Il a donc sorti la grosse artillerie : deux canons qui simulent à intervalle régulier des coups de fusil et six cerfs-volants en forme d’aigle. Un investissement supplémentaire de 1000 euros. Ses collègues agriculteurs ont fait de même.
Oui mais voilà, les tirs d’effarouchement ne sont du goût des riverains, qui n’ont pas apprécié ces bruits récurrents. Face aux questionnements, les jeunes agriculteurs ont dû se montrer pédagogues.

C’est le seul moyen pour se défendre
- Germain Bach, Président des Jeunes Agriculteurs de Moselle

Germain Bach, Président des Jeunes Agriculteurs de Moselle, reconnaît que cela fait un peu de bruit. Il ajoute cependant que "c’est dans l’intérêt de la population, puisque les récoltes serviront à nourrir les habitants". Il leur demande d’être un peu compréhensifs et patients, "dans quatre à cinq semaines, ce sera fini", souligne-t-il.

On pourrait penser que cela pourrait être pire, si les sangliers venaient, eux aussi à se servir dans les champs… sauf que, les ravages de ces grosses bêtes sont indemnisés alors que les dégâts causés par ces drôles de voleurs tout de noir vêtus, eux, ne le sont pas.  

Les corbeaux, une espèce protégée

De plus, les corbeaux sont protégés par une directive européenne, et l’arrêté ministériel du 30 juin 2015 qui interdit de les tuer après le 31 mars.
Pour autant, il existe d’autres remèdes pour freiner les incivilités de ces sacrés oiseaux.  Ils sont mis en avant par certaines associations de protection de l‘environnement qui suggèrent de faire des semis à huit cm de profondeur (au lieu des 2-4 cm usuels) et de pratiquer la rotation des cultures, pour faire obstacle à l’arrachage des pousses et augmenter le rendement des récoltes.

Il est également possible d’enduire les semences d’un liquide au goût désagréable pour le corbeau freux, ce qui réduit les ravages. Enfin, des appâts périphériques et des haut-parleurs émettant des cris d’alarme permettent aussi de les tenir les freux à l’écart plusieurs jours de suite.
 
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