Ce lundi 3 juin, on apprend que la militante Deborah de Robertis, qui avait tagué "Me Too" sur 5 oeuvres en exposition au Centre Pompidou-Metz le 6 mai dernier, dont le tableau "l'origine du monde" de Gustave Courbet a été mise en examen.
La performeuse franco luxembourgeoise Deborah de Robertis qui avait revendiqué être à l'origine de l'action début mai au centre Pompidou-Metz où cinq œuvres, dont le tableau "L'origine du monde" de Courbet, ont été taguées et une autre dérobée, a été mise en examen, a-t-on appris lundi auprès du parquet de Metz via l'AFP.
"Dégradations volontaires"
Cinq œuvres, dont le tableau "L'origine du monde" de Courbet, avaient été taguées et une autre dérobée.
Deborah de Robertis avait notamment revendiqué auprès de l'AFP un geste de "réappropriation" d'une broderie d'Annette Messager, qui était issue de la collection personnelle d'un critique d'art également commissaire de l'exposition "Lacan, quand l'art rencontre la psychanalyse".
Une œuvre de Mme de Robertis était par ailleurs également présentée dans cette exposition.
L'artiste a été placée sous contrôle judiciaire avec notamment interdiction de paraître dans un lieu d'exposition de biens culturels ou interdiction de paraître en Moselle, a précisé M. Badorc.
Deux autres femmes, nées en 1986 et 1993, qui avaient tagué de la mention "MeToo" les œuvres, avaient été interpellées le 6 mai, le jour même de l'action, après avoir été entraînées vers la sortie de l'exposition dédiée au psychanalyste Lacan au Centre Pompidou-Metz. Elles avaient également été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire.
Les trois femmes ont interdiction d'entrer en contact les unes avec les autres.
"Être placée en garde à vue est totalement disproportionné"
Deborah de Robertis a réagi auprès de l'AFP : "Être placée en garde à vue et mise en examen pour avoir fait usage de ma liberté artistique et de ma liberté d'expression est complètement disproportionné."
En marge de son action au musée, celle-ci avait effectué un signalement au parquet de Paris contre plusieurs hommes du monde de l'art contemporain, les qualifiant de "calculateurs", "prédateurs" ou "censeurs".
L'artiste et militante avait publié le 8 mai un communiqué pour expliquer son geste :
Communiqué de presse 8.05.2024 @PompidouMetz #metooartworld ➡️ Statement : https://t.co/gXvwmx9nWs #MeToo artworld #originedumonde #jepensedoncjesuce #onneseparepaslafemmedelartiste @PompidouMetz pic.twitter.com/tv6M13rJww
— Deborah de Robertis (@D_derobertis) May 8, 2024
Prêt du Musée d'Orsay
Le tableau "l'Origine du monde" avait été prêté par le Musée d'Orsay. Le tableau était protégé par une vitre ainsi que les œuvres de Louise Bourgeois, Rosemarie Trockel, Valie Export et Deborah De Robertis. Une œuvre d’Annette Messager avait également été vandalisée et subtilisée.
Le musée d'Orsay avait annoncé avoir déposé plainte après le tag du tableau de Gustave Courbet. Si le tableau était protégé par une vitre, le cadre avait reçu "de nombreuses projections de peinture qui pourraient laisser des traces durables même après restauration".
Le 6 mai, la directrice du centre Pompidou-Metz avait réagi par un communiqué disant : « Avec tout le respect que nous portons aux mouvements féministes, nous sommes choqués de voir vandaliser des œuvres d’artistes, notamment d’artistes féministes, au cœur des combats de l’histoire de l’art. Nous condamnons les actes de vandalisme contre les œuvres d’art conservées et présentées dans les musées, prenant également pour cible les équipes sur le terrain ».
Peint en 1866, le tableau "l'origine du monde" représente un sexe de femme. Entré dans les collections du musée d'Orsay en 1995, il a été prêté au Centre Pompidou-Metz dans le cadre d'une exposition consacrée au psychanalyste Jacques Lacan, qui en a été le dernier propriétaire privé.
Condamnée à une amende pour s'être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, Deborah de Robertis a été relaxée après d'autres actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe au musée du Louvre devant "La Joconde".