Invaincues en championnat de France et leaders de leur groupe de ligue des champions, les handballeuses messines réalisent une première moitié de saison tonitruante. Metz a changé de statut en Europe et compte désormais parmi les très grands.
Un sans faute. Bilan parfait pour le Metz handball à l'issue de la phase aller du championnat de France 2022-2023. A Brest, mercredi 26 janvier, les Messines ont enchaîné une douzième victoire en douze journées (19-23), qui leur permet de caracoler en tête du classement avec quatre points d'avance sur leurs grandes rivales bretonnes.
"On savait que dans la course au titre, c'était un match à cocher, a réagi la gardienne Camille Depuiset à l'issue de la rencontre. Je suis super fière de l'équipe! On a eu un mois de janvier tellement difficile avec sept matchs à disputer en 22 jours, mais on le termine avec sept victoires".
Intraitables dans l'Hexagone, les joueuses d'Emmanuel Mayonnade ont également marqué les esprits sur la scène européenne. Samedi 21 janvier, en ligue des champions, elles ont fait tomber les Hongroises de Györ, quintuple vainqueur de la compétition. Une victoire 29 à 28 acquise à la dernière seconde du match. Preuve, s'il en fallait, que ces Dragonnes ne lâchent jamais rien.
Dans la plus prestigieuse des compétitions européennes, les championnes de France ont remporté dix matchs (pour une défaite et un match nul). Un parcours exceptionnel qui les place aujourd'hui en tête d'un groupe pourtant très relevé. Une victoire lors des deux dernières journées leur assurerait cette première place, inédite dans l'histoire du club et synonyme de qualification directe pour les quarts de finale.
Début de saison extraordinaire
"C'est un début de saison extraordinaire, presque inespérée, reconnaît Emmanuel Mayonnade, l'entraîneur messin (qui a prolongé son contrat jusqu'en 2024). Mais il y a beaucoup de travail derrière tout cela, peut-être plus que lors des saisons précédentes. Depuis l'été, on s'entraîne deux fois par jour quasiment tous les jours. Je crois que l'équipe a réussi à trouver une certaine forme d'équilibre".
Plus que jamais, les Messines font figures de candidates crédibles à la victoire en Ligue des champions. Après avoir découvert le Final Four en 2019, puis avoir terminé sur la 3ème marche du podium en 2022, Metz compte aujourd'hui parmi les favoris. L'ambition de devenir le premier club français couronné dans la compétition anime les joueuses.
Je veux tout gagner avec Metz !
Bruna de Paula, capitaine du Metz Handball
"Bien sûr que c'est un objectif pour moi et pour le groupe. Et on donnera tout pour y arriver", affirme Chloé Valentini, l'ailière française. "La priorité c'est le championnat, mais je veux tout gagner ! exulte sa capitaine Bruna de Paula, qui rejoindra Györ en fin de saison. Tant que je serai ici, je donnerai tout pour faire gagner Metz afin de pouvoir partir ensuite l'esprit tranquille".
"Si on avait dit il y a quatre ou cinq ans, qu'on pouvait gagner la Ligue des Champions, on nous aurait pris pour des fous, assure Thierry Weizman, le président du club aux 24 titres de champion de France. Aujourd'hui, ce sont les autres clubs qui disent qu'on est favori de la compétition, donc c'est peut-être vrai."
Nouveau statut
"La dynamique est très, très bonne, mais nous ne sommes qu'en janvier, le Final Four est encore très loin. Cela dépendra de notre état de forme aux mois de mai-juin" tempère Emmanuel Mayonnade. La route est certes encore longue, mais Metz impressionne et s'impose chaque semaine un peu plus comme un grand d'Europe.
Un nouveau statut façonné au fil des saisons, qui se traduit aujourd'hui par une attractivité jamais vue jusqu'alors. Des joueuses de très haut niveau international sont désormais intéressées par une aventure sur les bords de la Moselle, quitte à rogner sur leurs salaires.
Malgré des moyens financiers limités comparé aux grosses cylindrées européennes, Metz vient ainsi de faire signer pour la saison prochaine la star danoise Anne Mette Hansen, capitaine de Györ, ainsi que la meilleure joueuse allemande du moment Alina Grijseels. "Il y a quelques années, leurs agents m'auraient raccroché au nez" plaisante Thierry Weizman, pas peu fier de présenter sa dernière "prise" dans cette vidéo :
"On arrive aujourd'hui à faire venir de gros poissons grâce à nos performances sportives de ces dernières années, poursuit le président. Il y a aussi la réputation de notre entraîneur. Beaucoup de joueuses veulent travailler avec Manu Mayonnade, car elles savent qu'elles vont progresser. Mais notre meilleure publicité, ce sont nos joueuses. Quand elles racontent à leurs copines de sélection nationale la qualité de nos installations, la beauté de la ville et la ferveur des supporters, je pense que l'aspect financier est relégué au second plan".
Metz a clairement franchi un cap. Pas à pas, le club mosellan s'est imposé comme une des principales places fortes du handball féminin en Europe. Un club redouté et respecté, qui ne surprendrait plus grand monde s'il remportait la ligue des champions à Budapest le 4 juin prochain.