Les contrôles ne se limitent pas aux villes. Les 300 policiers de la CRS Lorraine-Alsace multiplient les actions sur les autoroutes afin de veiller au respect des mesures de confinement, mais aussi à ce que les routes ne se transforment pas en circuits.
137km/h pour 110 autorisés, c’est le record de la matinée au sud de Metz. "Ce n’est pas un grand excès de vitesse, mais depuis que le confinement a été mis en place et que l’autoroute A31 est quasi déserte, on voit réapparaitre ce type de comportement: des automobilistes qui allument, parce qu’ils se croient seuls au monde" explique le Commandant Philippe Glorian, patron de la Compagnie. Depuis le début du confinement, le trafic a considérablement baissé sur l'A31: de 100.000 véhicules par jour, il est passé à moins de 20.000.
Le dispositif de la matinée, c’est deux motards à l’entrée de la bretelle d’Augny. Le premier contrôle la vitesse, le second démarre dès qu’une infraction est constatée. "On fait de la prévention avant tout, le but c’est pas de mettre des amendes, c’est de faire comprendre à l’ensemble de la population que les soignants sont actuellement très occupés à soigner les malades du coronavirus, et qu’ils ont mieux à faire que d’accueillir des accidentés de la route": le discours est ferme, les motards aussi.
Confinement et justificatifs
A l’entrée de Metz, le dispositif et impressionnant, des motards de la CRS arrêtent tous les véhicules qui entrent ou sortent de la ville, sans exception. Les automobilistes comprennent immédiatement, et préparent leurs justificatifs en patientant: "moi je peux circuler, puisque je suis un VTC, mais le problème c’est que je n’ai plus aucun client !" explique ce chauffeur dépité.La majorité des contrôles se passe sans problème, des professionnels qui vont travailler, quelques livreurs, et aussi un couple qui a du mal à comprendre: "vous pouvez aller faire des courses, mais tout seul, madame n’a pas à vous accompagner. Elle vous donne la liste, et vous vous débrouillez, ok ?" explique calmement le fonctionnaire de Police au conducteur.
Le motard se tient à distance, il ne touche pas les documents. Un coup d’oeil, un sourire, et c’est reparti. Sauf pour cet artisan, dépourvu de tout justificatif: "ça fait une semaine que le confinement est en place, et vous n’avez toujours pas pensé à en demander un à votre employeur ? Vous attendez quoi ? Vous allez être verbalisé" tonne le Commandant, "d’abord, on leur dit calmement, c’est ce qu’on a fait pendant plusieurs jours, maintenant s’ils ne comprennent pas, on leur écrit. 135 euros. En chiffres et en lettres".
Les contrôles ont lieu sur les 300 kilomètres qui sont surveillés par la CRS Lorraine-Alsace, et même parfois, avec des moyens banalisés. Un motard se fond dans la circulation, suivi de loin par un motard en uniforme. Dès qu’un véhicule est repéré, le deuxième se porte au niveau du premier afin que l’automobiliste comprenne qu’il a affaire aux autorités. Cette fois, c’est une dame enceinte qui sortait d’une consultation médicale. Tout est en ordre, elle reprend sa route. "On a verbalisé déjà 140 fois en cinq jours, on est sur le pont, 24 heures sur 24" précise le Commandant Glorian, "les situations de crise, c’est l’ADN de notre métier, on a ça dans le sang. Donc, même si c’est une situation inédite, on s’adapte".