Des meubles en sapin de Noël ? Chiche !

D'habitude, il partait à la chaufferie. Cette année, le fût du sapin qui ornait la place de la gare de Metz depuis trois mois, a été découpé en planches. De belles planches qui feront des meubles en bois brut. C'est ce qui s'appelle de l'économie (scie) circulaire.

Il avait grandi en forêt de Dabo, dans les Vosges mosellanes. Sa silhouette majestueuse avait ensuite éclairé l'hiver messin à l'occasion des fêtes. Hervé Foucher, menuisier messin, va lui offrir une troisième vie. En connaisseur, il ne pouvait imaginer laisser partir en fumée ce fût de plus de deux mètres de circonférence. Plusieurs tonnes de beau bois qui ont été découpées sur place au moyen d'une scierie mobile.

Hervé Foucher est le fondateur de l'entreprise d'insertion Sapinbrut, établie en avril 2015 sur le site Blida, la... pépinière d'entreprises de Metz. Son créneau : des meubles basiques en sapin, beaux et pas chers. Et son credo : plutôt que de débiter le bois des Vosges en Chine, d'usiner ensuite en Pologne des meubles qui seront vendus par des Suédois (et finalement assemblés par le client, forme déguisée de travail dominical)... pourquoi ne pas travailler le même bois sur place, c'est à dire en Lorraine ? 
A cette philosophie éco-responsable s'ajoute la vocation sociale de l'entreprise : les emplois créés sont destinés à des chômeurs en réinsertion. 
Et ça marche : les meubles séduisent aussi bien la clientèle entreprises que les particuliers. En l'occurrence, les meubles certifiés "sapin de Noël de Metz" seront fabriqués pour le jardin éphémère de la ville. Mais ce label risque fort, lui aussi, d'être éphémère : la municipalité avait annoncé que ce sapin 2015 serait le dernier géant planté place de la gare. A 30.000 euros l'unité (livraison comprise), c'était trop cher.
A moins que, justement, la valorisation du bois ne permette de rentabiliser l'opération...