Ecoles, transports, distribution de masques, urbanisme ''tactique"... Dominique Gros, le maire de Metz a dévoilé jeudi 7 mai 2020 la stratégie de la ville pour un déconfinement en douceur.
C'est un maire équipé d'un masque qui est apparu devant les journalistes pour cet exercice hebdomadaire. L'occasion de faire le point à quelques jours du 11 mai, date à laquelle le déconfinement -même partiel- va commencer à Metz. Un premier bilan sera effectué le jeudi 15 mai.
Les écoles
''Une école qui s’ouvre, c’est une prison qui se ferme.'' Dominique Gros cite volontiers Victor Hugo pour expliquer que l'école doit être remise en route dans les meilleurs délais. Il n'a aucun état d'âme sur le sujet. A partir du moment où le protocole sanitaire est respecté, ''c'est une responsabilité collective aussi importante que la santé publique''.Les 68 écoles seront ouvertes dès lors que les conditions sanitaires -''tout le protocole, rien que le protocole''- seront respectées, avec un maître mot : "la progressivité."
En matière d'école, le maire précise qu'il s'exprime essentiellement sur les prérogatives de la ville. A savoir : l'accueil périscolaire, matin et soir, ainsi que la pause de midi qui inclut la restauration scolaire.
Priorisation et progressivité
Que dit le protocole sanitaire pour l'école ? Le retour sera progressif et visera les publics ''prioritaires''. Progressivité du nombre d'enfants accueillis et progressivité de l'offre périscolaire qui va ''monter en puissance'' au fur et à mesure que les équipes d'agents municipaux vont s'étoffer.
La rentrée des élèves se fera le mardi 12 mai avec au maximum 15 élèves par classe en élémentaire et 10 élèves par classe en maternelle.
En fonction des projections sur le nombre d'enfants qui vont rentrer mardi 12, une évaluation spécifique des besoins sera faite dans chaque école, ''du cousu main''.
Quels seront les enfants prioritaires pour le retour en classe si le nombre maximum d'élève par classe est atteint ?
- Les enfants de personnels en gestion de la crise : Soignants, forces de sécurité, pompiers, préfecture, ARS...
- Les enfants des enseignants et des personnels du pôle Éducation de la ville
- Les enfants en décrochage scolaire (notamment en CP- CE1 et en zone Rep +)
- Les enfants de couples dont les deux parents travaillent (sans possibilité de télétravail) ou de famille monoparentale
Pour l'accueil périscolaire :
- Pas de périscolaire le matin la première semaine puis montée en puissance progressive à partir du lundi 18 mai, le temps que les personnels de la ville reviennent au travail.
- Pour le périscolaire du soir, géré par des associations, les choses ''se mettent en place'' progressivement également
- 14 restaurants scolaires seront ouverts dès le 12 mai, correspondant à 28 écoles. Cela concernerait 1.400 enfants potentiellement sur les 3.500 qui déjeunent à la cantine habituellement.
Attention, toutes ces mesures ne concernant pas les enfants dits prioritaires qui seront accueillis comme ils l'ont été jusqu'à présent. L'inscription des enfants pour le Service Minimum d'Accueil (SMA) qui est la continuité de ce qui s'est fait pendant le confinement, se fera dès le 11 mai sur l'espace famille du site internet de la ville. Jeudi 6 mai, les projections présence en classe, basés sur les retours des parents aux directeurs d'écoles, représentent 30% des effectifs totaux
L'information, commune à la ville et à l'Education Nationale sera affichée devant les écoles et indiquera tous les détails (capacités d'accueil, horaires, priorisation, périscolaire...)
Le port du masque sera obligatoire dans les cours d'école
Pour la petite enfance aussi, progressivité et priorisation
Comme pour l'école, l'ouverture aux familles sera effective dès le 12 mai avec 56% des personnels mobilisables et 250 places disponibles (pour la ville et la structure associative dédiée, la COGEHAM). Là encore, la montée en charge se fera progressivement pour atteindre 400 places début juin sur un total de 700 habituellement.
La distribution des masques
Un maire portant le masque
Il se trouve qu'après un discours où l'on disait que les masques ne servait pas à grand chose, on pense qu'ils peuvent finalement servir à quelque chose. La preuve c'est que j'en ai un sur le nez aujourd'hui parce que je veux montrer que j’y attache beaucoup d’importance
- Dominique Gros, maire de Metz
Contrairement à certaines rumeurs, les masques sont bien arrivés et la distribution a commencé ce vendredi 8 mai 2020 et se poursuivra jusqu'au 10 mai. La distribution se fait sur rendez-vous, en extérieur dans les cours d'écoles ou sous les préaux.
Au total, la ville a fait l'acquisition de 125.000 masques pour les habitants et 10.000 masques seront distribués dans les écoles à partir du 12 mai. Ce jour là, il sera également possible de venir chercher son masque dans certaines mairies annexes choisies pour la capacité des parkings attenants (voir sur le site de la ville). A noter que ces masques font partie d'une demande commune pour l'ensemble des communes de la métropole (230 000 unités en tout).
Les transports urbains se déconfinent aussi
Progressivité là aussi dans le réseau Le Met' avec un redémarrage à partir du 11 mai pour l'ensemble des lignes de jour dans toute l'agglomération. 70 % du trafic sera assuré. Les chauffeurs, isolés par un panneau en plexiglas, ne seront pas en contacts avec les voyageurs qui devront obligatoirement porter un masque (non founi)L'achat de ticket dans les bus sera impossible. Les véhicules seront désinfectés deux fois par jour. L'agence principale Place de la République ouvrira dès le 11 mai aussi et il faudra avoir son masque pour y accéder. Les trois parkings relais seront opérationnels. A noter la gratuité des navettes de centre ville pour aider le commerce. L'arrêt du réseau est prévue à 22h15 sans reprise pour l'instant des services de transport de nuit (lignes Flexo).
La notion d'urbanisme ''tactique''
Et le maire d'expliquer ce concept qui consiste à ''se saisir des opportunités que des circonstances amènent parfois, en l'occurrence ici des opportunités que le Covid-19 nous amènent en termes d'urbanisme.'' Un constat : beaucoup moins de voitures circulent aujourd'hui en ville, du fait du confinement. En revanche, il y a beaucoup de vélos, et notamment ceux des livreurs à domicile. La ville va réaliser de manière expérimentale et à moindre coût des aménagements qui devraient étendre et faciliter les déplacements à vélo.
Un plan de déplacement à l'échelle de la métropole nouveau devrait voir le jour, encore une fois de manière expérimentale, pour faciliter l'utilisation du vélo pour le plus grand nombre. De nouvelles liaisons vont apparaître, des signalétiques et des marquages au sol sont déjà en place.
L'idée consiste à susciter de nouvelles envies, de nouvelles ''vocations'' pour que le vélo remplace progressivement la voiture en ville. ''Nous pourrions peut-être gagner cinq ans voir sept pour que le vélo puisse enfin s'imposer en ville'' explique le maire. La ville et la métropole pourrait d"ailleurs, dans la foulée des aides de l'état pour l'entretien des vélos (50 euros), aligner des aides d'un montant équivalent.
Une évaluation de ces nouvelles facilités de circulation pour les vélos sera réalisée au bout d'un certain temps en mode ''déconfiné''.
Le maire de Metz joue les prolongations
Il est fort probable que les élections municipales vont se dérouler au mois de septembre et octobre. D'ici là Dominique Gros reste aux commandes, avec des prérogatives rarement atteintes pour les maires sur lesquels l'Etat compte désormais beaucoup. Depuis le décret du 1er 2020, ils ont ainsi des pouvoirs de décisions plus larges, ce qui n'est pas pour leur déplaire.Pour le maire de Metz, tout était bouclé. Il devait quitter la scène publique après les élections municipales du mois de mars
''J'avais préparé l'après, c'est vrai, je devais quitter la scène politique et aller en Normandie puis en Savoie cet été... C'est ainsi mais je ne regrette absolument pas ce moment. C'est un moment où la politique au sens noble, où le service à la population prennent encore plus de sens...Un moment aussi où le jacobinisme traditionnel du pays s'est teinté d'un peu de girondisme... ce n'est pas pour nous déplaire à nous les maires''