Six cents brebis et agneaux prennent les chemins depuis Rozérieulles en direction du mont Saint-Quentin. La transhumance part s'installer en écopâturage sur les pelouses calcaires classées Natura 2000 qui dominent Metz.
Six cents brebis et agneaux sont partis sous la houlette de leur berger hier mercredi 12 juillet de Rozérieulles (Moselle) pour rejoindre ce jeudi 13 juillet 2023 les pâturages du mont Saint-Quentin. Une trotte de trois kilomètres. Le troupeau mené par Eric Keller s'installe pour l'été sur les pelouses calcaires du plateau qui domine Metz. C'est la seconde édition de cette transhumance organisée par l'Eurométropole de Metz. La précédente transhumance avait eu lieu le 1er septembre 2021.
Cette opération d'écopâturage vise à entretenir le site classé Natura 2000 en collaboration avec le Conservatoire des Espaces Naturels de Lorraine et le ministère des Armées. Le mont Saint-Quentin est un terrain militaire. Il faisait partie de la ceinture fortifiée qui protégeait Metz. Il est désormais voué à des activités pacifiques.
En Alsace, des plantes sont grillées jusqu’à la racine et je pense qu’elles ne repousseront plus jamais.
Eric Keller, berger alsacien
Eric Keller est contraint de quitter l'Alsace. Sa région d'origine subit depuis sept années des vagues de sécheresses, poussant le berger à trouver des pâtures plus abondantes pour son troupeau : "On se pose beaucoup de questions avec les collègues bergers. En Alsace, des plantes sont grillées jusqu’à la racine et je pense qu’elles ne repousseront plus jamais."
Il fait le même constat ici en Lorraine mais la différence ce sont les pâtures plus vastes avec plus de réserve en herbe : "ici, on peut rester quatre à huit semaines de plus en pâturages." Après ce bref échange, le berger reprend la transhumance avec ses chiens Fanny et Flora. Ces précieux auxiliaires connaissent leur boulot et veillent au grain d'autant que le troupeau doit emprunter des portions de routes avec de la circulation.
Pour l’Eurométropole de Metz organisatrice de la transhumance, l'arrivée d'Eric Keller et son troupeau est aussi une aubaine.
Entretenir les espaces naturels fragiles
Sans eux, les pelouses calcaires devraient faire l'objet d'un entretien mécanique avec des faucheuses à moteurs thermiques polluants. Manuel Baucart, conseiller à la biodiversité de l’Eurométropole explique : "l’intérêt pour nous est de faire travailler un berger avec un troupeau suffisamment conséquent pour pratiquer l’écopâturage. Les pelouses sont fragiles. Les moutons sélectionnent ce qu’ils vont manger, ils favorisent un renouvellement floristique naturel et produisent un engrais naturel."
Il reste encore trois kilomètres à parcourir pour rejoindre la première étape et passer la nuit. La transhumance repartira demain matin pour atteindre les vastes étendues herbeuses et la quiétude du mont Saint-Quentin.