ENTRETIEN. Séisme en Turquie : trois questions à Raphaël Pitti, spécialiste de la médecine d'urgence et de catastrophe

Un violent séisme a frappé le sud de la Turquie et la Syrie voisine très tôt ce lundi matin 6 février. Le bilan très provisoire est particulièrement lourd : plus de 1.000 morts recensés et des milliers de blessés. Nous avons joint Raphaël Pitti, médecin urgentiste lorrain, professeur de médecine d'urgence et de catastrophe à qui nous avons posé trois questions.

Raphaël Pitti bonjour. Cette partie du sud de la Turquie où s'est produit ce violent séisme était-elle une zone particulièrement à risque? 

Les risques ont toujours été majeurs dans cette partie du monde, cela fait partie des plaques qui passent par cette zone-là. C'est assez connu et ce n'est pas la première fois que survient un tremblement de terre. Il est clair que le bilan peut encore s'alourdir. Cette région de Gaziantep est assez importante pour nous. C'est une ville dans laquelle on trouve toutes les ONG qui travaillent. C'est donc une ville assez stratégique d'un point de vue humanitaire -à 80 kilomètres d'Alep en Syrie- et c'est là aussi où nous avons notre bureau. Je cherche à savoir si nous avons été impactés, quelle est la situation? Mais je n'ai pas encore de retour de ce qui se passe.

Comment faut-il organiser l'aide internationale de façon la plus efficace possible ? 

Il faut passer par les autorités turques qui ont à la fois les moyens sur le plan de la sécurité civile et qui sont bien organisés. Ils ont le croissant rouge turc, donc tout doit se faire de gouvernement à gouvernement. Le gouvernement français demande aux turcs, par l'intermédiaire du centre de crise du ministère des affaires étrangères, quels sont leurs besoins ? Le plus important actuellement, c'est de rechercher dans les décombres les survivants, donc avoir des moyens de recherche des victimes. Les 24 premières heures sont déterminantes. Il s'agit d'aller rechercher des gens sous les décombres, de pouvoir organiser la prise en charge sanitaire des blessés, de pouvoir faire le tri, de les répartir dans les différents hôpitaux car il ne faut pas garder tous les blessés dans la même zone.

Une catastrophe de cette ampleur avec de nombreux morts et blessés, est-ce qu'on se rapproche de la médecine de guerre ?

Bien sûr, on est dans la catastrophe. La guerre, c'est une catastrophe humaine, là on est dans une catastrophe naturelle. A la différence de la guerre, la catastrophe est plus limitée dans le lieu et dans le temps. La guerre, vous ne savez pas quand ça commence, quand ça finit. Là, il s'agit de circonscrire la zone de catastrophe et à partir de cette zone, de mettre les moyens pour assurer la prise en charge des victimes mais aussi celle des vivants -ceux qu'on appelle les impliqués- c'est-à-dire leur trouver un toit, leur donner à manger et les mettre au chaud.

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