Une équipe d'archéologues a mené en 2021 des sondages préventifs au château de Cons-la-Grandville en Meurthe-et-Moselle. À l'occasion de cette mission, les spécialistes de l'INRAP ont mis au jour la sépulture oubliée d'un capitaine de la Garde impériale napoléonienne. Le début d'une enquête passionnante sur un vieux soldat oublié.
En 2021, les archéologues de l'INRAP mènent une opération de sondages préventifs au château de Cons-la-Grandville près de Longwy au nord du département de la Meurthe-et-Moselle. La demeure historique vieille de neuf siècles et appartenant à la famille de Lambertye fait l'objet de travaux de réaménagement.
Pendant une semaine, les spécialistes vont étudier de près les éléments architecturaux datant du XIIe et du XIIIe siècle, en particulier la tour romane. Cette mission va permettre de mettre au jour des décorations datant de la même période. Mais c'est le cimetière qui va réserver la plus grande surprise.
" Compagnons de Gloire "
En fouillant au milieu des tombes des XVIIIe et XIXe siècles, les archéologues repèrent une sépulture particulière. Son exhumation va livrer une trouvaille. La dépouille cache sous ses mains repliées sur la poitrine une "médaille de Sainte-Hélène" frappée en 1857 par Napoléon III.
Elle porte l'inscription "Compagnons de Gloire". L'archéologue Jean-Denis Laffite explique :" conformément au souhait de Napoléon Ier, elle honore les survivants des armées impériales. Cette décoration était en général gardée par les familles. Sa présence dans la sépulture indique un objet cher au défunt. "
La médaille va être le point de départ d'une véritable enquête policière. Elle permet l'identification du corps, il s'agit de Jean-Jacques Zentz capitaine de la Garde impériale. Le squelette est l'objet d'une analyse approfondie par un archéo-anthropologue.
Un soldat d'élite
Elle révèle des traces de combats laissés sur les os ainsi que des blessures au niveau du crâne. De multiples fractures notamment du nez sont aussi présentes. Aucune partie du corps n'a été épargnée par les coups.
L'archéo-anthropologue diagnostique même une blessure au ventre par boulet d'artillerie confirmée par le livret militaire conservé aux archives. Un soldat dur au combat et très résistant, ce que confirme Jean-Denis Laffite : " Il est engagé dans le corps d'élite des grenadiers à pied de la Garde en raison de son instruction et d'un physique robuste" Né en 1787 à Coblence, Jean-Jacques Zentz jeune soldat de 19 ans participe à toutes les grandes bataille, de 1806 à 1815.
Il parcourt l'Allemagne, l'Autriche, la Russie, l' Espagne jusqu'à Waterloo. Démobilisé, il s'établit à Cons-la-Grandville en 1830 titulaire d'un poste de percepteur et de conseiller municipal. Il décède en 1876 à l'âge vénérable de 89 ans. Inhumé au cimetière paroissial, on perd sa trace lorsque le lieu est désaffecté en 1896 puis remanié en 1950. L'esprit guerrier de Jean-Jacques Zentz lui survivra puisqu'il donnera naissance à une dynastie de militaires et de Saint-Cyriens jusqu'en 1945.
Le château ouvert aux journées du patrimoine
Si vous souhaitez admirer ces découvertes, le château et le cimetière seront ouverts aux visiteurs dans le cadre des journées du patrimoine dimanche 18 septembre de 14h à 18h. L'archéologue Jean-Denis Laffite sera présent pour satisfaire votre curiosité et apporter des précisions sur cette passionnante histoire. Un travail exceptionnel qui révèle aussi le savoir-faire et les talents d'enquêteurs des archéologues de l'INRAP.