INSOLITE – Moselle: j’ai testé pour vous le béhourd, un sport médiéval digne de Game of Thrones

Le béhourd est un sport médiéval qui passionne les adhérents de l’association Lotharii Regnum. Ils se retrouvent tous les samedis après-midi à Hauconcourt près de Metz, pour s’entraîner. Entre exercice physique et combats à l’épée, à la hache ou à la hallebarde, il faut s’accrocher.
 

En regardant Game of Thrones, qui n’a jamais rêvé de revêtir une armure de chevalier ou de combattre comme au Moyen Âge ? L’association Lotharii Regnum propose des entraînements de "béhourd", un sport médiéval d’origine française, depuis plus d’un an. Les adhérents s’exercent au combat chevaleresque chaque samedi après-midi dans la salle de cross-fit Hiringa, à Hauconcourt, au nord de Metz.
 

Béhourd veut tout simplement dire "fracas" en vieux français. Rassurant. Ce sport pour les chevaliers, des années 1100 à 1500, compte désormais de nombreux adhérents à travers le monde. "Ils faisaient des tournois pour éviter de rouiller entre deux guerres", explique David Schaack, l’un des fondateurs du club mosellan de béhourd. Remis au goût du jour par les Russes dans les années 90, le béhourd est réapparu en Europe pour se faire une peau neuve.

Les participants sont dans une arène, en armure de chevalier et doivent mettre à terre l’autre équipe. Les tournois se jouent en duel ou en équipe de cinq. Si à première vue, il s’agit de "fracasser" l’autre en face de soi, le béhourd est cependant très codifié, pas question de faire n’importe quoi. Il est notamment interdit de toucher la nuque, les pieds, les genoux et les parties génitales avec une arme. "On peut être sanctionné d’un carton jaune ou rouge par les arbitres, en fonction des fautes" explique David.

Immersion, dans un sport méconnu du grand public.
 

De nouveaux muscles

Au total, le club compte quatorze adhérents masculins et aucune femme. "En Alsace ils ont des combattantes, mais pour l’instant chez nous elles ne sont pas venues sonner à notre porte" regrette Benjamin Hombourger. Alors mesdames, si l’idée de devenir Brienne de Torth dans Game of Thrones vous plaît, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Avant de commencer, ces messieurs montrent leurs blessures de guerre. La cuisse de David est toute bleue. "Je me suis pris ce coup lors du dernier entraînement qu’on a fait au Luxembourg !" rigole-t-il. Le béhourd est un sport très physique car l’armure que les participants portent pèse parfois plus de 30 kilos.
 

Christian Zoubir est le coach de cette séance. Après quelques échauffements de la nuque, des coudes, des mains et des genoux, les choses sérieuses commencent. Pompes, gainage, course, tous les muscles sont mis à l’épreuve. J’ai d’ailleurs redécouvert des parties de mon corps qui avaient pris l’exil : mes abdominaux.
 

Les problèmes commencent. Pour une personne qui n’a pas pratiqué de sport depuis quelques années, cela peut être très vite problématique. Je m’assois à plusieurs reprises pour reprendre mes esprits. "La première fois que je suis venu, après les exercices, j’ai été vomir" m’indique Yan.

Christian nous propose ensuite de faire de la lutte, un aspect que l’on retrouve dans le béhourd, puisqu’il faut faire tomber l’adversaire devant soi. Je me fais sérieusement malmener par David.
 

Epée en mousse, mais coup en fer

À peine le temps de souffler que c’est reparti pour un tour. Les chevaliers des temps modernes sortent des malles des casques rembourrés, des épées en mousse et des boucliers pour amortir les chocs.

"On se fait parfois plus mal avec ces épées en mousse, que lorsqu’on a de vraies épées et nos armures" m’explique David. La première chose qu’il m’apprend, c’est de placer ma garde correctement pour éviter les coups. Ensuite, je commence mon premier combat en duel pour apprendre les bases et développer des tactiques. Mon adversaire retient ses coups mais pour un novice, ils restent tout de même violents et impressionnants, ils laissent d’ailleurs quelques traces …
 


"Mettez vous par deux !" crie Christian. Mon coéquipier sera Benjamin. "Je vais être un tank. Je vais être devant toi, te protéger et toi tu devras mettre des coups". Au béhourd, il existe plusieurs catégories de chevaliers. Certains sont des "Tanks" comme Benjamin, d’autres sont des "Runners" et doivent être rapide, contourner l’adversaire et les frapper quand ils ne s’y attendent pas. Enfin les "Hastiers" sont, quant à eux, munis d’une hallebarde, ils se placent derrière un de leur coéquipier pour frapper depuis les airs les ennemis.

Au coup de sifflet, tous les participants se ruent les uns sur les autres. Benjamin joue très bien son rôle de "Tank" mais inévitablement, les coups pleuvent et frappent nos jambes, le haut de nos crânes, nos mâchoires … La manche dure deux minutes mais sans armure et pour une personne sans condition physique, il est difficile de tenir ces deux minutes tant le rythme est effréné.  Lorsque sonne la fin de la manche, tout le monde est soulagé de pouvoir souffler.
 

Le moment tant attendu

"Viens on va te faire essayer une armure" me dit Florian Di Terlizzi, l’un des fondateurs du club. Dans une grosse malle, les différents éléments qui composent l’armure sont soigneusement rangés.

"Une armure d’entrée de gamme vaut entre 1.500 et 2.000 euros. Le haut de gamme tourne autour de 5.000 euros. À lui tout seul, un casque peut monter jusque 700 euros", précise David. Un coût financier énorme, mais compréhensible. "Il faut mettre le prix pour pouvoir avoir de la qualité et une bonne protection" indique Benjamin. Pour autant, rien n’empêche ceux qui sont intéressés par le béhourd de venir s’entraîner sans posséder une armure, la porte leur est grande ouverte.

Là aussi, tout est codifié. L’armure ne peut pas être un mixte de plusieurs périodes et/ou de plusieurs styles, si un chevalier veut combattre en compétition. Il doit y avoir une homogénéité dans son armure. Par exemple, le bas de l’armure ne peut pas avoir 50 ans d’écart avec le haut. Tout comme une partie ne peut pas être italienne et l’autre française. Les armes utilisées sont elles aussi inspectées par les différents arbitres des tournois.
 


Christian arbore une armure mongole. Autour de lui, trois personnes sont présentes pour l’aider. Il faudra près de vingt minutes pour qu’il enfile sa protection. "D’abord, on met un gambison (un vêtement matelassé), ça permet d’absorber le choc, ça va en dessous de l’armure" m’explique Florian tout en me plaçant la veste qui pèse un petit poids. Mais ça n’est rien par rapport à ce qui va arriver.

Ensuite vient par au-dessus une armure avec des plaques sur un cuir épais, appelée la brigandine. Les bras, les épaules et les jambes sont également protégés. Enfin, vient le casque. Six kilos qui se rajoutent sur la tête. Au total, l’armure pèse près de 30 kilos. Mes gestes sont ralentis, la prise de l’arme est difficile. Le combat peut commencer.

N’aie pas peur, il ne peut rien m’arriver, m’assure David. Tout de même, je m’apprête à le frapper avec une hache !

Mon adversaire ne se prive pas pour me mettre un coup d’épée sur le casque et me frapper au visage avec son bouclier, ce qui me fait tituber et presque tomber. Les coups portés peuvent parfois faire mal, mais c’est surtout le poids de l’armure qui me ralenti énormément et me fait perdre mes positions.
 
L’entraînement est terminé. Mes jambes me font mal, mes bras me font mal, mes abdominaux me font mal. J’ai quelques bleus sur le corps mais j’ai passé un bon moment entouré de ces chevaliers, tous plus drôles les uns que les autres. "Le béhourd, c’est très brut, mais à la fin tout le monde se fait des câlins" rigole Benjamin. Des câlins d’accord, mais alors pas trop forts.
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