Le temps d'un week-end, les 26 et 27 janvier, Laon devient la capitale française du béhourd, discipline de combat médiéval en armes et armures. 150 combattants et juges, notamment des champions russes et ukrainiens, ont été invités par les associations médiévistes organisatrices du tournoi.
Les lances sont secouées et les boucliers volent en éclats à Laon, ces 26 et 27 janvier ! Pendant deux jours, le chef-lieu de l'Aisne, célèbre pour son riche patrimoine historique, accueille une compétition de béhourd.Vous avez dit "béhourd" ? Cette discipline, qui mêle art martial et reconstitution historique, consiste à se battre vêtus d'armures et munis d'armes médiévales. "C'est le sport du XIVe siècle par excellence," souligne Jérémie Martel, de la Compagnie de la Griffe, association médiéviste laonnaise qui coorganise l'événement. Pour ce Laon au béhourd, quinze équipes françaises et internationales s'affrontent en duel ou en équipe de cinq, équipées avec du matériel qui doit "respecter, à trente ans près, le XIVe siècle".
On a des frissons. Quand ils sont à 4 contre un pauvre mec qui reste tout seul debout, on a presque pitié pour lui. (une spectatrice)
Le résultat peut paraître violent, y compris pour les participants. "On essaye de donner des coups aussi, réagit un Français. Mais là c'est vraiment des gros matchs. Normalement c'est un tournoi amical, mais là y'a quand même de très grosses équipes..."
Un art martial à part entière
Pendant le combat, tout est permis ou presque : déséquilibrés à l'aide des armes - épées longues ou courtes, masses, armes d'haaste - mais aussi par des balayettes, les combattants doivent sortir de l'arène dès qu'ils tombent par terre. L'équipe gagnante est celle qui met à terre tous les membres de celle d'en face. "En Europe de l'Est, certains combattants sont des professionnels : ce sont des personnes adeptes d'art martiaux, qui s'entraînent régulièrement," indique Jérémie Martel.Le béhourd, ce sont des coups, mais beaucoup de stratégie : les plus costauds se placent souvent devant les bataillons, les autres plus en retrait avec des armes plus longues. Pour éviter de lourdes blessures, chaque arme ne doit pas comporter de pointe ou de tranchant, et fait l'objet d'une vérification pointue par des facteurs d'armes assermentés.
En septembre dernier, nous l'avions déjà observé au château de Pierrefonds, dans l'Oise, à l'occasion d'un tournoi de béhour.
Un véritable village médiéval
Depuis vendredi, Laon recoit les délégations étrangères, dont les meilleures équipes de béhourd du monde. Parmi elles, une équipe russe - 7 fois championne du monde - et deux ukrainiennes, entre lesquelles se joue chaque année le titre mondial. Les trois meilleures formations européennes (deux britanniques et une hollandaises) sont de la partie, ainsi que de nombreuses françaises, arrivées d'Île-de-France, de Bretagne, de Normandie... ou de la cité de Carcassonne."Ça donnera un petit mélange hétéroclite, jubilait Jérémie Martel, interrogé avant le début du tournoi. Ce sera amusant de voir les participants se battre à la fois en armures complètes comme on en faisait à l'époque en Angleterre ou en armures d'Europe de l'Est," ajoutait l'ébéniste de métier, connu sous le nom de Jehan des Flandres dans le milieu associatif local.
Comme le béhourd est une affaire de passionnés du Moyen-Âge, "Laon au Béhourd" se double d'un marché médiéval. Au boulodrome de Laon, où se tient la compétition, les organisateurs ont fait appel à 27 commerçants vendant, entre autres, boissons, armes, et verreries d'époque. Vingt bénévoles, issus notamment de la Compagnie de la Griffe ou de l'assocition Aux Fils du bois, assurent l'accueil, la sécurité et l'animation de ces deux journées.
►Pratique : Laon au béhourd se déroule le samedi 26 et le dimanche 27 janvier, de 11 à 18 heures, au boulodrome de Laon (Aisne).