Jeune homme dans le coma à Mont-Saint-Martin après avoir reçu un projectile du raid, d'autres habitants témoignent

La famille d'Aimène, de Mont-Saint-Martin en Meurthe-et-Moselle, a porté plainte pour "violences volontaires" contre les forces de l'ordre après que le jeune homme de 25 ans, a été blessé, vendredi, par un projectile tiré selon elle par le Raid. Il a été hospitalisé en urgence absolue. Depuis, d'autres habitants prennent la parole.

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La famille d'Aimène de Mont-Saint-Martin en Meurthe-et-Moselle a porté plainte pour "violences volontaires" contre les forces de l'ordre après que le jeune homme de 25 ans, cible vendredi d'un projectile tiré selon elle par le Raid, a été hospitalisé en urgence absolue. Il se déplaçait en voiture, vitre ouverte, "pour aller se ravitailler à la pompe à essence au Luxembourg" après sa journée de travail, lorsqu'il "a reçu un projectile du Raid, un "bean bag" sur la tempe" dans la nuit de jeudi à vendredi, a déclaré à l'AFP un membre de sa famille. Celle-ci "rejette tout amalgame entre Aimène et les émeutiers". "C'est quelqu'un qui travaille, il fait 40 heures par semaine en tant qu'agent de sécurité au Luxembourg, ce n'est pas du tout un délinquant", a affirmé la même source.
La même nuit, le jeune homme a été opéré "pendant près de six heures" à l'hôpital d'Arlon, ville belge voisine, les émeutes et les mauvaises conditions météorologiques cette nuit-là n'ayant pas permis son transfert par hélicoptère au CHRU de Nancy. Il a depuis été placé dans un coma artificiel. "J'espère qu'il restera parmi nous, mais nous avons peur qu'il garde des séquelles", a confié un proche.
Sa famille a porté plainte pour "violence volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique". Son avocat, Me Yassine Bouzrou, veut ajouter une plainte pour "tentative d'homicide volontaire" et demander l'ouverture d'une information judiciaire.

Ils tiraient sans injonction. Ils étaient cachés dans des herbes hautes. Ils pointaient avec leur laser et ils tiraient.

Depuis, d'autres habitants témoignent, comme on peut le lire dans cet article de nos confrères de France Info. L'une de nos équipes s'est rendue sur place. Elle a rencontré de rares habitants, qui acceptent de parler. Un jeune homme raconte comment il a reçu un projectile type "bean bag" à la jambe. "C'est nous qu'ils étaient venus protéger des jeunes, qui faisaient des bêtises. Je ne faisais que rentrer chez moi. Ils nous ont dit de changer de trottoir, alors qu'ils étaient cachés dans l'herbe dans le noir, ce que l'on a fait. Quelqu’un a dit "shoote les, shoote les" et le tir est parti. Il a ricoché au sol et j'ai été touché à la jambe. J'ai eu très peur."

Un jeune homme arrivé avec son appareil photo et une caméra et qui se présente comme "journaliste indépendant" raconte :"On avait des lasers pointés sur nous. On a montré notre caméra et dit que l'on était de la presse. Ils n'ont pas répondu. On ne les a pas entendus dire aux gens de partir. Ils tiraient sans injonction. Ils étaient cachés dans des herbes hautes. Ils pointaient avec leur laser et ils tiraient.

Une enquête confiée à l'antenne de l'IGPN de Metz

Après une précédente nuit émaillée par des destructions, "le Raid était présent en protection des personnes et des biens et avait été pris à partie, destinataire de jets de pierres", a déclaré à l'AFP la procureure de Val-de-Briey Catherine Galen. "Dans ces circonstances, le Raid a fait usage d'armes intermédiaires, des LBD et des lanceurs de "bean-bags". Concernant Aimène : "Est-ce une balle perdue ou un tir parce qu'on soupçonne des auteurs de violences urbaines, cela reste à déterminer", a-t-elle ajouté. "On est sur une scène de nuit, avec de nombreux tirs, des jets de lacrymo, des mortiers, ça reste confus. À la fin de son intervention, le Raid ne savait pas qu'il y avait une victime grave". Une enquête a été confiée vendredi à l'antenne de l'IGPN de Metz.
D'autres personnes ont également été blessées plus légèrement par des tirs selon des témoignages obtenus par l'AFP, confirmés par le parquet.

Pas connu de la justice

Selon la procureure, Aimène n'était pas connu de la justice.
La famille a tenu à saluer "l'écoute" dont elle a bénéficié auprès du personnel judiciaire et auprès des policiers du commissariat local. Elle a réclamé que "justice soit faite" et a appelé à "l'apaisement". Selon une étude de l'Université du Texas publiée en septembre 2020 par le New England Journal of Medecine, les "bean bags", en français "sacs de pois", sont des munitions "censées être moins létales et qui ne devraient pas causer de blessures pénétrantes lorsqu'elles sont utilisées à des distances appropriées".Mais elles "peuvent causer des dommages graves et ne sont pas appropriées pour une utilisation dans le contrôle des foules", soutiennent les universitaires."Il existe un risque de mort inhérent à l'usage de ces armes", explique à l'AFP l'universitaire Paul Rocher, auteur de "Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l'arme non létale". "Le caractère prétendu non létal de l'arme incite à une utilisation moins prudente et plus abondante, rendant ces munitions plus dangereuses que par exemple les balles en caoutchouc"."Justice pour Aimène", a réclamé dans un communiqué Martine Etienne, la député (LFI) de la circonscription, dénonçant un tir "sans sommation", sur une personne ne présentant aucun "danger apparent".

Plus de 90 autres organisations ont appelé à des "marches citoyennes" samedi pour réclamer une réforme de la police et un traitement social des banlieues.

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