L'exploitation de gaz de couche a finalement été autorisée en Moselle. Un décret du ministère de la Transition écologique a été publié lundi 20 novembre. Une victoire pour la Française de l'Énergie et une grande déception pour les associations et les élus qui luttaient contre ce projet.
Le décret est paru lundi 20 novembre au journal officiel. La Française de l'Energie est autorisée à exploiter les mines d'hydrocarbures liquides ou gazeuses situées sur quarante communes de Moselle Est, dans le cadre de la concession "Bleue Lorraine" sur une superficie de 191 km2.
En d'autres termes, le gaz de couche stocké dans ces mines de charbon va pouvoir être extrait. Une décision qui s'oppose à celle du 5 juillet 2023, lorsque le même ministère de la Transition écologique avait mis son véto sur cette exploitation.
La France autorise l'exploitation d'une énergie fossile sur son territoire à une semaine de la COP 28
Denis Marchetti, porte-parole EELV Lorraine
Pour les associations qui ont mené le combat contre ce projet, le coup est rude.
"C'est la consternation, on a lutté pour que ce moment n'arrive pas et une semaine avant l'ouverture de la COP 28, la France autorise l'exploitation d'une énergie fossile sur son territoire, comment la France peut-elle porter un message fort après ça" se désole Denis Marchetti, porte-parole EELV en Lorraine.
⚠️🌍Notre réaction à l'autorisation d'exploiter le gaz de couche de charbon en Moselle 👇 pic.twitter.com/ZFueD0z7I9
— EÉLV Lorraine (@eelvlorraine) November 24, 2023
"En 2017, la loi Hulot avait interdit l'extraction et les nouvelles explorations de gaz fossile, mais ce qui est compliqué dans ce dossier, c'est que des entreprises avaient commencé à faire des recherches et que l'État avait perdu en appel auprès du tribunal administratif de Strasbourg. Pour nous, l'alternative politique, c'était d'indemniser ces entreprises mais d'arrêter définitivement de chercher du gaz de couche".
La fin de l'exploitation des énergies fossiles avait en effet été actée en décembre 2017 avec l'adoption du projet de loi par l'Assemblée Nationale.
Des réserves de gaz dans les veines de charbon
D'après la Française de l'Énergie, ces réserves de gaz de couche stockées dans les mines de charbon de Moselle représenteraient six années de consommation gazière en France et seraient la clé de la souveraineté énergétique française. Un argument de poids dans un contexte de crise énergétique lié à la situation géopolitique.
"On parle là de réserves potentielles et non prouvées qui seraient bien en deçà, plutôt de l'ordre de 1% de la consommation énergétique française", explique l'écologiste Denis Marchetti.
Les gaz de couche, dit aussi gaz de houille ne sont pas des gaz de mines, la confusion est pourtant fréquente. Le gaz de mine ou grisou peut être pompé ou capté avant d'arriver dans l'atmosphère car il remonte naturellement, alors que le gaz de couche doit être foré. Il est constitué de méthane présent dans les sous-sols miniers, un gaz à effet de serre plus puissant que le Co2.
À Lachambre près de Saint-Avold, des forages pour déterminer quelles sont les veines de charbon riches en gaz sont menés depuis fin 2016.
À l'étranger, c'est le procédé d'extraction de ces gaz de couche qui pose problème. Comme pour le gaz de schiste qui n'est pas exploité en France, la méthode par fracturation hydraulique est privilégiée aux États-Unis et en Australie, une méthode très nocive pour l'environnement. Cette méthode est pour l'heure totalement interdite en France. Les associations environnementales s'inquiètent néanmoins qu'une limite ne soit déjà franchie, ces forages pouvant générer une pollution des cours d'eau, des sols et de l'air.