Blessée à la tête et à l'abdomen de deux coups de feu à bout portant, elle est toujours, vendredi 04 juin, dans un état grave. Son mari, qui a ensuite retourné l'arme contre lui, est en état de mort cérébral. Le procureur de la République de Metz a précisé les faits lors d'une conférence de presse.
Christian Mercuri, le procureur de la République de Metz, a tenu, vendredi 04 juin 2021, un point presse relatif à la tentative d’homicide volontaire par conjoint qui s'est déroulée la veille en début d'après-midi. Les faits se sont déroulés en pleine rue, boulevard d'Alsace dans le quartier de Borny à Metz. Le procureur, accompagné du commissaire divisionnaire Michel Klein, directeur départemental de la sécurité publique, avant de revenir sur les faits, a dit toute leur émotion fasse à ce drame. Il a formé des voeux de rétablissement pour l'épouse agressée afin qu'elle puisse retrouver au plus vite ses trois enfants : "ceux-ci ont été provisoirement confiés à la soeur de la victime."
Le courage de trois témoins
Mehmet Karacan, 48 ans, l'auteur des faits, est en état de mort cérébral depuis jeudi soir à l'hôpital. Il avait retourné contre lui l'arme à feu qu'il a utilisé pour titrer à deux reprises sur son épouse. dernière est hospitalisée au CHRU de Nancy, toujours dans un état grave. "Il a fait preuve d'une détermination farouche et déchaînement de violence, avec des coups de poings et de pieds assenés tout au long du parcours de la fuite de la victime" a précisé le procureur. Qui a ajouté que rien ne laissait imaginer un tel scénario dans son attitude précédant les faits. Jusqu'alors, depuis la séparation de fait d'avec son épouse en février 2020, le mari n'avait été l'auteur que "d'injures, d'insultes et de suivi de sa femme en voiture", a indiqué Christian Mercuri.
Il a indiqué qu'une première demande en divorce avait été entreprise en 2015 avant d'être interrompue et qu'une seule condamnation figurait au casier judiciaire de l'époux. Il avait été condamné en novembre 2014 pour "violences par conjoint" à deux mois de prison avec sursis, donc sans suivi judiciaire au regard de la peine infligée. "La police a sur ce dossier, fait son travail en conscience et en diligence" a précisé le procureur. Une phrase qui pourrait faire écho aux interrogations qui se sont fait jour après la mort de Stéphanie Di Vincenzo à Hayange.
Selon le procureur, l'intervention des deux policiers arrivés sur place quelques secondes après le drame, en lui prodiguant les premiers soins lui ont empêché son décès sur place et permis sa prise en charge par les secours. Il a également salué le courage de trois témoins qui ont à plusieurs reprises tentés de s'interposer mais ont dû renoncer car l'homme les menaçait de son arme. La police ignore pour l'instant l'origine de cette arme, "un pistolet automatique de petit calibre et d'un modèle ancien".
Elle cherche également à déterminer si des douilles retrouvées au pied de l'immeuble de la victime sont en lien avec les faits. Les policiers continuent d'interroger les témoins de cette tentative de meurtre qui étaient nombreux hier, sur place, en début d'après-midi.
Poursuites pour les auteurs de vidéos sur les réseaux sociaux et ceux qui les ont relayés
"Et parmi eux il y avait des voyeurs qui n'ont pas hésité à prendre photos et vidéos", a dénoncé le magistrat qui a indiqué que ces personnes et celles qui ont relayé ces photos et vidéos, seront recherchées, à sa demande, par les cybergendarmes, et une fois identifiées, "elles seront poursuivies, car il s'agit d'infractions délictuelles."
En accord avec la famille de la victime, une marche de soutien est organisée, samedi 5 juin à 10 h, au départ de la mairie de quartier de Metz-Borny.
La colère d'Osez le féminisme
Eva Volatier et Catherine Stotzky, co-présidentes d'Osez le Féminisme 57 ont réagi par un communiqué à cette tentative de féminicide, dix jours après la mort à Hayange de Stéphanie Di Vincenzo.
Quand l’Etat prendra-t-il en compte le danger que vivent toutes les femmes en situation de violences conjugales ?
"Ça suffit, nous ne voulons plus compter nos mortes ! (...) Toutes nos pensées vont vers cette femme, qui lutte actuellement contre la mort qu’a voulu lui infliger son bourreau. Nous souhaitons de tout notre cœur qu’elle survive, qu’elle puisse retrouver ses trois enfants et enfin vivre en paix. Mais nous sommes en colère, de voir sans cesse se reproduire ce même scénario. Quand les hommes comprendront-ils qu’un mariage ou une relation amoureuse n’est pas un contrat qui donne le droit d’insulter, de frapper, de tuer, ni un asservissement qui transforme la femme en objet ? Comme tant d’autres victimes, cette femme a été agressée simplement parce qu’elle se séparait d’un homme qui la faisait souffrir. Quand l’Etat prendra-t-il en compte le danger que vivent toutes les femmes en situation de violences conjugales ? Comme tant d’autres victimes, cette femme avait signalé les violences qu’elle subissait, elle avait eu le courage d’aller porter plainte, plusieurs fois. Aucun féminicide n’arrive comme un coup de tonnerre dans un ciel serein : il est toujours précédé de violences, psychologiques, verbales et / ou physiques. Alors que ces violences sont des signaux d’alarme, leur prise en compte est toujours minimisée. La justice et la police interviennent alors trop tard. (...) Il n’est plus possible de poursuivre ainsi le macabre décompte de toutes les femmes tombées sous les coups de leur (ex) conjoint : il est temps d’agir, enfin."
Osez le Féminisme 57 rappelle qu'après le meurtre d'Hayange, l'association avait demandé à rencontrer le Préfet de Moselle et elle réitère cette demande. , et notre demande se fait aujourd’hui d’autant plus pressante. Nous sommes en attente d’une date, que nous espérons prochaine, pour être reçues en audience.