Metz: fresque découverte dans le vestiaire du U4 à Uckange, une œuvre récente ?

Dans les casiers d’un vestiaire du dernier des six hauts-fourneaux d’Uckange, une fresque a été retrouvée par un ouvrier fin avril. L’œuvre était cachée, car les casiers étaient refermés. La fresque date-t-elle d’avant ou après la fermeture en 1991 du haut-fourneau ?
 

C’est le rêve de nombreuses personnes : découvrir une œuvre d’art invisible aux yeux des gens.
C’est ce qui s’est passé, fin avril 2019 pour un ouvrier travaillant sur le site du dernier des six hauts-fourneaux d’Uckange (Moselle). Dans les vestiaires des ateliers mécaniques, il a découvert une fresque composée de 26 casiers, visible uniquement en ouvrant les portes en fer de ceux-ci.

"Nous sommes en pleine saison culturelle et nous réfléchissons à la rénovation de cet espace. Nous devions chercher un endroit pour accueillir les visiteurs. Un ouvrier est allé vérifier le bon état du premier étage du bâtiment des ateliers mécaniques, et en ouvrant les casiers, il a découvert ces dessins". explique Muriel Pelosato, chargée du pôle culture et patrimoine au sein de la communauté d’agglomérations du Val de Fensch.  

La fresque représente la vie des ouvriers aux hauts-fourneaux d’Uckange.
On y aperçoit des sidérurgistes, travaillant comme des acharnés, des corbeaux aux dents pointues qui viennent les attaquer, les fonderies qui crachent du feu, "il y en a six, c’est exactement le nombre de hauts-fourneaux qui fonctionnaient avant. Dessus, il y a la lettre W, qui correspond à la Maison de Wendel" explique Muriel Pelosato… Une œuvre aux mille couleurs, signée "Moser".
Fermés depuis 1991, "tous les bâtiments des hauts-fourneaux sont clos" affirme Muriel Pelosato.
De plus, aucune trace d’effraction n’a été observée. Alors qui a pu bien réaliser cette œuvre ? Prenez votre loupe, nous partons mener l'enquête.

Élémentaire mon cher Moser ?

Mis en service en 1890 et fermés en 1991, les hauts-fourneaux ont vu passer des milliers et des milliers d’ouvriers. Avant la fermeture, plus de 1.000 d’entre eux travaillaient encore dans l’usine sidérurgique.

Muriel Pelosato souhaite faire appel aux archives des hauts-fourneaux pour mettre un nom sur cet artiste. Était-il ouvrier dans l’usine ? Rien n’est sûr. En effet, plusieurs d’entre eux affirment n’avoir aucun souvenir de cette fresque lorsqu’ils y travaillaient. Elle a donc pu être faite après la fermeture des hauts-fourneaux…
Quand on regarde de plus près cette fresque, les couleurs sont vives, fraîches. D’ailleurs, des petits morceaux de couleurs sont disposés sous les casiers. L’arme du joli crime.

Ici et là, des journaux sont dispersés, datés de 1991. Intéressant. Tiens… Certains visages, dans les photos d’articles, ont été coupés avec une paire de ciseaux. Mais pour quoi faire? Pour les coller!

Sur l’un des casiers, des mineurs tiennent un drapeau rouge et noir, emblème des anarchistes et plus particulièrement de la CNT (un groupuscule anarchiste des années 1930, toujours en activité de nos jours et notamment présent en Moselle). Les visages des mineurs sont remplacés par la tête préalablement découpée dans les journaux de 1991. Nous pouvons donc en déduire que cette œuvre n’est pas plus vieille que septembre 1991, date qui figure sur les journaux.
L’artiste s’est-il servi des journaux présents sur le site pour améliorer son œuvre ? Sans doute. Tiens, tiens, tiens… Mais que se cache-t-il dans les lavabos ? Un morceau de papier… Mais pas n’importe quel morceau de papier. Un emballage de pastel rouge, plutôt moderne. Si nous réunissons tous ces éléments, nous pouvons supposer que l’œuvre date d’après 1991 et qu’elle n’a pas été créée pendant le fonctionnement des hauts-fourneaux.

Pour le moment, l’avenir de l’œuvre n’a pas encore été décidé. Muriel Pelosato pense "les proposer à la vue du public, lorsque nous aurons retrouvé l’auteur".
Affaire à suivre!
 
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