Metz : de retour à la fac, les étudiants racontent une année difficile et angoissante, “on est la génération flinguée”

Depuis lundi 25 janvier 2021, ils sont une poignée d’étudiants à être retournés sur les bancs de la fac à Metz. Ils racontent les angoisses de l’isolement, les sourires du retour et leurs attentes pour demain.

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Depuis deux mois, leur quotidien d’étudiants se résume à des visioconférences et une vie sociale inexistante. Maëlle, Channel ou Daher sont inscrits en première année d’un cursus scientifique de l’Université de Lorraine à Metz. Quel que soit le dénouement de la pandémie de Coronavirus, ils ne garderont pas un bon souvenir de l’année de leurs 18 ans.

La distance

Maëlle Hoffmann vit à la cité universitaire à Metz, les premières semaines en visioconférences étaient supportables mais avec le temps, elle a mal vécu l’éloignement:"En visio, ça reste compliqué de suivre un cours, les profs n’ont pas toujours les équipements pour nous montrer ce dont ils parlent. Parfois je ne comprenais pas et je me sentais isolée, j’ai pensé aller voir un psy mais depuis le retour en TD, ça va mieux".

Je voudrais bien vivre ma jeunesse

Channel Herbst, étudiante en première année

A 18 ans, Channel Herbst est étudiante en sciences et vie de la terre: "J’ai perdu ma motivation depuis que je suis à la maison, on a cours avec des professeurs qu’on n'a jamais vus. On est livré à nous-même et sans relation sociale, je voudrais bien vivre ma jeunesse".

Daher Houssein vit chez ses parents à Hayange (Moselle). Durant cette période d’éloignement le jeune homme n’a pas été gagné par la morosité mais par le manque d’échanges avec les enseignants:"J’ai réussi à poursuivre mes études mais ça demande beaucoup plus d’énergie, il n’y a pas d’interaction avec les autres étudiants ou les profs. A distance, il manque tout le coté pédagogique de l’enseignement".

Le retour

On a bien rigolé avec les profs

Maëlle Hoffman, étudiante à Metz

Onze heures, c’est le nombre d’heures en présentiel pour Maëlle Hoffmann durant la semaine de reprise, un retour attendu et joyeux: "Lundi, j’étais contente de retourner en cours, de retrouver mes camarades. On a bien rigolé avec les profs".

"Revoir nos camarades et nos profs, ça nous a fait beaucoup de bien. Je suis très sociable, j’ai créé des liens avec un groupe de six étudiants à la rentrée mais le téléphone et les réseaux sociaux ce n’est pas la même chose que de voir des gens, de leur parler", explique Maëlle Munier qui vit à Nilvange (Moselle) et suit une licence de physique-chimie sur le campus de Metz.

Le futur

On est la génération flinguée.

Maëlle Munier, étudiante à Metz

Difficile de parler de demain pour ces étudiants qui vivent mal leur présent : "On nous avait dit vous verrez la fac, c’est super, vous serez plus libres qu’au lycée. Au lieu de ça, on vit comme des petits vieux. On est la génération flinguée. En respectant les gestes barrières on aurait pu continuer à aller en cours en petit groupe. Il n’y a que les facs qui subissent ça, les alternants, les prépa vont en cours. Je vais sans doute poursuivre vers un Master ou un Doctorat mais on nous demande de choisir alors qu’on n’a pas la tête à ça !" insiste Maëlle Munier.

Channel Herbst, elle, s'interroge sur son avenir à la fac:"Mes parents travaillent à l’hôpital, je sais que c’est important de respecter les protocoles sanitaires mais continuer à distance sera difficile pour moi. Aujourd’hui je remets en question la poursuite de mes études si on ne peut pas retourner normalement en cours".

"Je vois que beaucoup d’étudiants sont entrain de lâcher la fac, à distance on a plus de temps pour ruminer. Moi j’ai peur d’être à nouveau confinée mais je suis déterminée, je veux devenir professeur donc j’irai au moins jusqu’au Master en physique-chimie", termine Maëlle Hoffmann.

Entre le lundi 25 janvier 2021 et le samedi 30 janvier 2021, 150 étudiants de première année vont retourner sur le campus de sciences à Metz tous les jours. En temps normal ils sont 2.000. Pour l’heure impossible de dire si ce dispositif sera reconduit dans les semaines à venir.

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