Moselle : l’agilité des start-ups face au coronavirus

Depuis le 11 mai et le déconfinement, les start-ups redémarrent leurs activités. En Moselle, ces petites entreprises se sont adaptées à la crise grâce à un modèle économique plus souple que celui de leurs grandes soeurs.

Entre mars et mai 2020, l’activité économique de la France a été freinée par le confinement mis en place pour lutter contre l'épidémie de coronavirus. Ce ralentissement n’a pourtant pas trop ralenti les activités des start-ups installées en Moselle.

Ces jeunes pousses ou petites entreprises développent généralement des solutions technologiques destinées aux entreprises ou aux particuliers. En France, BlaBlaCar ou Doctolib sont les plus connues, elles font parties des 13.000 start-ups en activité qui emploient 100.000 personnes.

Les start-ups ont adopté le télétravail bien avant le confinement.

- Martin Greder, responsable d'incubateur

Martin Greder est responsable de The Pool incubateur de BLIIIDA à Metz (Moselle). Il accompagne les start-ups dans leur développement et constate que la période de confinement n’a pas trop pénalisé ces petites entreprises. "D’une part les pouvoirs publics ont répondu rapidement aux problèmes de trésorerie en proposant des reports de paiements, ensuite les start-ups ont adopté le télétravail bien avant le confinement. La plupart de ces petites entreprises sont habituées à travailler à distance pour mutualiser les compétences. Elles ont donc pu réagir rapidement et poursuivre leurs activités."

Il note que 20% de ces jeunes pousses ont dû retarder leur arrivée sur le marché mais que seulement 3% de créations d’entreprises ont été abandonnées à cause du confinement.

L’agilité de Calinescence

Aurore Saintigny quitte l’industrie automobile il y a un an pour créer Calinescence à Metz (Moselle). Point de départ de sa réflexion: "Les bébés prématurés ont besoin de rester en contact avec leurs parents durant leur hospitalisation mais ce n’est pas toujours possible."

Entourée d’une dizaine de partenaires, elle a conçu un objet capable de restituer la voix d’un proche, une odeur familière et de diffuser de la lumière, des sollicitations de sens pour rassurer le nouveau-né. Le tout est embarqué dans un petit coeur baptisé CaliNange et qui peut trouver sa place dans une couveuse.

Avant le 15 avril 2020, elle espérait commercialiser son coeur auprès des services hospitaliers mais l’épidémie de coronavirus a modifié son développement. "Je vais commercialiser CaliNange cet été avec une évolution majeure, il sera aussi disponible pour le grand public et s’adressera finalement aux enfants entre -3 mois et 3 ans" explique Aurore Saintigny.

Durant le confinement, l’entrepreneuse a eu de nombreux échanges avec des personnes éloignées de leurs enfants ou petits-enfants qui auraient aimé utiliser son coeur. Elle s’est donc adaptée à des nouveaux usages. "Les start-ups ont cette capacité d’adaptation, la mobilité, le travail à distance. Il faut faire preuve d’agilité quand on travaille dans ce secteur."

Sur le plan financier, la créatrice d’entreprise bénéficie d’un accompagnement de Pôle emploi, une aide précieuse à la création d’entreprise et qui s’arrêtera avec la mise sur le marché de CaliNange.

Le déclic des clients de Syslor

C’est une équipe de onze personnes qui travaille autour du Thionvillois Edouard Semin, fondateur de Syslor. La start-up, fondée en 2017, a développé une application destinée aux entreprises des travaux publics. En associant réalité augmentée et 3D, elle est capable de géolocaliser et restituer les réseaux enterrés (eau, gaz, électricité, communication) sur tablette ou smartphone. 

L’application a séduit le monde des travaux publics plutôt habitué à travailler sur plan papier et à gérer les 100.000 conduites arrachées par accident tous les ans en France faute de précision. "Nous avions des contacts avec de grandes entreprises depuis 2019, mais paradoxalement notre carnet de commande s’est rempli aux deux tiers pour 2020 pendant le confinement", déclare Edouard Semin.

L’ancien cadre de la sidérurgie attribue cette croissance à deux facteurs. "D’une part nous avons eu le temps de retravailler notre solution et de leur côté les décideurs ont pris le temps de remettre en cause leurs modèles actuels. La contrainte de l’arrêt des chantiers est devenu un atout pour nous". Coté finances, la start-up a pu compter sur sa trésorerie et le report de charges mis en place par les pouvoirs publics, elle n’a pas fait usage du chômage partiel pendant le confinement.

Le futur des start-ups

Le 5 juin 2020, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances et Cédric O, secrétaire d'Etat en charge du numérique, ont annoncé un plan de soutien de 1,2 milliards destiné aux jeunes pousses.

Ce plan a notamment pour vocation d’éviter que des start-ups françaises jugées stratégiques ne soient rachetées par des géants étrangers du numérique. 

Pour Florence Christmann, responsable du Thi’Pi, pôle numérique du bassin thionvillois, le modèle de financement de ces jeunes pousses devra évoluer dans les années à venir. "Les financements publics vont diminuer drastiquement en 2021. Là encore ces jeunes entrepreneurs devront faire preuve d’innovation pour trouver des fonds privés et publics. Heureusement les créateurs de start-ups ont l’habitude de prendre des risques, de l’inconnu, c’est dans leur ADN ».

 

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